Deux amis septuagénaires ont parcouru en scooter 5500 kilomètres, de San Francisco à New York, afin de démontrer que la passion pour l'aventure perdure après 70 ans et rendre hommage à la mythique Route Lincoln.

Buddy Rosenbaum, 71 ans, garde l'esprit pétillant new-yorkais et Bob Chase, 72 ans, un style californien détendu. Ils ont commencé à voyager ensemble à moto à travers le monde il y a dix ans et ils viennent d'achever leur dernier périple à Times Square, au coeur de Manhattan.

Mais cette fois, ces deux passionnés de moto ont échangé leurs puissants bolides de plus de 1000 chevaux pour un modèle de scooter à trois roues, qui consomme beaucoup moins et roule jusqu'à 150 km/h, tout en offrant une meilleure stabilité.

Ils sont arrivés lundi à Manhattan après avoir parcouru en un mois la Route Lincoln, première route transcontinentale des États-Unis, avec seulement 300 dollars d'essence, une affaire avec un gallon (3,8 litres) à 4 dollars.

«Bob et moi avons toujours eu la passion de l'aventure à moto et même si cela devenait de plus en plus pénible, nous ne voulions pas nous laisser abattre», a expliqué Buddy Rosenbaum à l'AFP dans le restaurant où ils fêtaient leur exploit.

Selon ce médecin à la retraite qui a parcouru le monde à moto avec son ami ancien chef d'entreprise, dont l'Himalaya, la Patagonie et les steppes de Russie, une des leçons de cette aventure est que le troisième âge n'implique pas forcément l'arrêt de toute activité.

«Quand on vieillit, c'est possible de continuer à vivre ses passions, il n'y a aucune raison d'y renoncer si ce n'est de trouver la façon créative de les exprimer», a-t-il ajouté.

L'autre objectif de ce périple était de rendre hommage à la Route Lincoln, que Bob Chase qualifie de «trésor» du patrimoine culturel et de la civilisation américaine.

«C'est un musée de 5500 kilomètres, qui est en train de disparaître et qu'il faut préserver, mais il n'y a pas suffisamment de gens au courant et qui sont intéressés pour la faire subsister», a déploré Bob Chase.

Buddy Rosenbaum a raconté qu'ils avaient vu des choses exceptionnelles durant leur voyage commencé le 13 juin à San Francisco, comme le pont suspendu Newell dans l'Ohio, construit en acier il y a plus de cent ans.

«Nous avons aussi vu par exemple une station-service art-déco de 1933, le fils du patron l'entretient toujours et la fait fonctionner», a ajouté Buddy Rosenbaum. «Chaque fois que nous rencontrons des structures et des objets qui existent encore, nous sommes heureux.»

L'amitié de ces deux motards s'est nouée en Patagonie, où ils se sont rencontrés par hasard dans les années 90 alors qu'ils faisaient tous les deux un voyage en moto pour aller de Santiago du Chili jusqu'à la Terre de Feu.

Buddy Rosenbaum, qui relit le roman On the Road de Jack Kerouac avant chaque nouveau voyage parce qu'il souhaite se mettre «dans l'état d'esprit approprié», pense que son pays devrait apprendre à préserver les belles choses.

«Les États-Unis délaissent trop vite ce qui est vieux pour le remplacer par du neuf. Nous devrions préserver tout ce qui est ancien, non seulement par compassion, mais aussi pour la beauté», a-t-il conclu.