Les cerises de terre font partie de la grande famille des solanacées, qui regroupe notamment le tabac, la tomate, la pomme de terre, l'aubergine ou encore le pétunia, et comptent environ 80 espèces répandues un peu partout dans le monde.

Malgré leur nom, elles n'ont aucun lien de parenté avec les cerises et répondent plutôt à l'appellation scientifique de physalis. Les fruits sont toujours enveloppés d'un mince tissu végétal protecteur appelé calice - une caractéristique qui leur a valu le nom d'«amour en cage». Mais les termes coqueret, alkékenge, groseille du Cap, ou en anglais ground cherry ou Cape gooseberry montrent la grande confusion qui existe au sujet des physalis. Pourtant, les espèces récoltées commercialement sont peu nombreuses.

Nos physalis

La cerise de terre cultivée au Québec,Physalis pruinosa, est originaire de l'Amérique centrale et de l'est de l'Amérique du Nord. Plante annuelle rampante de 60 à 80 cm de hauteur, elle laisse tomber son fruit au sol au début de la maturité, d'où son nom. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'en culture commerciale, on la fait pousser à travers une pellicule de plastique, ce qui maximise l'accumulation de chaleur dans le sol et permet d'éviter que les fruits ne deviennent sales quand ils tombent. À maturité, l'enveloppe est brun pâle ou dorée. On peut manger le fruit cru (trempé dans le chocolat, par exemple), mais il se prête à merveille aux confitures, compotes, gelées et desserts de toutes sortes. Il accompagne aussi très bien des plats de poisson ou de viande. La récolte se fait quotidiennement ou presque. La production québécoise est en hausse.

Il existe aussi chez nous une cerise de terre sauvage, le coqueret hétérophylle, qui donne un fruit semblable à celui des espèces domestiquées. Parfois considérée comme une mauvaise herbe dans certains milieux agricoles, la plante est présente dans une grande partie de l'est de l'Amérique du Nord.

La «groseille du Cap»

Souvent appelée groseille du Cap ou coqueret du Pérou en Europe francophone, Physalis peruviana est la cerise de terre la plus cultivée au monde, notamment en Asie et en Afrique. Originaire des coteaux andins du Pérou et du Chili, elle n'a évidemment rien à voir avec la groseille, si ce n'est sa grosseur. Plus dodu et légèrement plus acide que son cousin du Québec, ce physalis a fait son apparition en Angleterre en 1774; sa culture est ensuite devenue très populaire en Afrique du Sud au début des années 1800. D'ailleurs, on ne s'entend pas sur l'origine du terme Cape gooseberry (groseille du Cap). Certains auteurs indiquent que c'est au Cap que les premières cultures ont été implantées en terre africaine, alors que d'autres insistent sur le fait que cape réfère à l'enveloppe qui recouvre le fruit... comme une cape.

Rarement cultivé au Québec en raison de sa longue période de croissance, ce physalis est cependant vendu toute l'année dans nos épiceries. Beaucoup plus coûteux que la cerise de terre du Québec, il est importé de Colombie.

La lanterne chinoise

La lanterne chinoise, Physalis alke-gengi, est probablement la plus spectaculaire de la famille des physalis en raison de son calice attrayant, orange vif, en forme justement de petite lanterne. Curieusement, son fruit de couleur orangée est souvent considéré comme toxique, alors qu'il n'en est rien. Les lanternes chinoises sont surtout cultivées pour leur aspect décoratif en bouquet de fleurs séchées. La plante est cependant très envahissante.

La tomatille

Cultivée abondamment à l'époque des Aztèques et des Mayas, la tomatille est l'élément de base de la salsa verde mexicaine et de plusieurs autres sauces préparées en Amérique latine. Beaucoup plus gros que la cerise de terre, le fruit est cueilli quand il est vert, avant sa pleine maturité, qui le colore habituellement en violet. Originaire du Mexique, Physalis ixocarpa, de son nom scientifique, produit un fruit qui ressemble à une petite tomate verte, d'où le terme «tomatillo», un diminutif de tomate utilisé au Mexique, tout comme au Québec. La plante annuelle est dressée et atteint autour d'un mètre. Sa tige est souvent ligneuse. Le fruit est habituellement aigrelet, mais on peut le manger cru, en salade, ou encore cuit dans de nombreuses préparations. Les tomatilles ou tomatillos sont offerts presque toute l'année dans certaines épiceries.