Bourreaux de travail, attention: plus vous faites d'heures au cours d'une semaine, plus vous sécrétez de cortisol, l'hormone du stress, dont la production excessive est associée à toutes sortes d'ennuis de santé, physique et mentale.

C'est du moins ce que permettent d'entrevoir les résultats préliminaires d'une vaste étude menée par l'École de relations industrielles de l'Université de Montréal.

Lorsqu'il aura terminé sa collecte, en décembre prochain, le professeur Alain Marchand mesurera la quantité de cortisol contenue dans les échantillons de salive de 450 travailleurs occupant toutes sortes d'emplois dans 30 milieux de travail différents. Il a déjà analysé les échantillons de salive de 132 travailleurs dans 13 entreprises. Chacun d'entre eux lui a fourni cinq échantillons par jour, trois jours par semaine.

«Lors des jours de repos, le taux de cortisol est beaucoup plus bas. Il s'élève de façon assez importante au fur et à mesure qu'on accumule les heures pendant la semaine. À 50 ou 60 heures, ça commence à être pas mal élevé», résume le professeur.

Ce lien peut sembler évident, mais il fait toujours l'objet d'un débat dans la communauté scientifique, affirme M. Marchand. «Très peu d'études ont été faites à ce sujet, précise-t-il. Jusqu'ici, on s'est davantage intéressé au travail de nuit ou par quarts.»

Secteur d'activités

Autre révélation: d'après les résultats recueillis jusqu'ici, ce n'est pas le secteur d'activité qui compte. «Il n'y a pas d'entreprises associées à des taux de cortisol élevés», dit M. Marchand, qui a recruté les participants à l'étude dans les secteurs primaires et secondaires.

L'accumulation des heures de travail constitue visiblement un stress. Et le lien entre l'excès de cortisol et les ennuis de santé a été maintes fois établi. Reste à savoir si prendre congé suffit à limiter les dégâts.

«Les jours de repos semblent contribuer davantage à la réduction du stress chez les travailleurs qui font de longues heures, souligne M. Marchand. Leur taux de cortisol descend alors suffisamment pour rejoindre celui des autres travailleurs.»