Le vin, son élaboration toujours changeante (car les techniques ne cessent de changer), l'évolution des styles, les batailles rangées entre pays producteurs, mais également... les fraudes à répétition, n'ont jamais fini de nous étonner.

Autrement dit, le consommateur, et l'amateur, nagent à perpétuité dans une mer de surprises!

En voici quelques exemples...

- Qui aurait dit, il y a moins d'une dizaine d'années, que le bouchon de liège standard risquerait d'être peu à peu détrôné? Que le bouchon d'aggloméré, façonné avec une colle alimentaire (le Diam, notamment), mais surtout la capsule à vis, lui feraient une concurrence de plus en plus vive?

- Que plus de 90% des bouteilles de vin produites par un certain pays - la Nouvelle-Zélande, en fait - seraient bouchées avec des capsules à vis?

- Que ce même pays verrait ses vins de Pinot noir se hisser au deuxième rang, au plan qualitatif, derrière la Bourgogne?

- Que la Chine se serait mis en tête de compter parmi les trois plus importants pays producteurs de la planète d'ici environ 2020?

- Que des taux d'alcool jouant entre 14 et 15%, et même davantage, seraient devenus chose courante?

- Que le Québec... se serait à ce point entiché du vin?

- Que la gamme commercialisée par la SAQ se serait élargie jusqu'à comprendre des vins d'à peu près tous les pays producteurs - dont le Liban, la Roumanie, la Tunisie, etc.?

- Que le niveau de connaissance du consommateur québécois moyen dépasserait, en matière de vin, celui du consommateur européen du même niveau?

- Enfin, hélas! que le prix de quantités de vins (bordeaux, bourgognes, Châteauneufs-du-Pape, Cabernets Sauvignons de Californie, etc.) auraient grimpé à ce point?

Voici par ailleurs un choix d'un certain nombre de vins qui, tous, constituent des surprises, chacun à sa façon.

Surprises, surprises!

Muscadet Sèvre et Maine sur Lie 2005 «Cuvée des ceps centenaires» Château de Chasseloir, 17,65$ (854489), *** ,$$, 2010-2017.

Les consommateurs qui doutent que le Muscadet puisse tenir la route nombre d'années auraient tout intérêt à mettre en cave quelques bouteilles de celui-ci. D'une couleur d'or fin à reflets verdâtres, son bouquet, sans être très complexe, est passablement aromatique, rappelant même les jeunes vins de Riesling d'Australie. Bien goûteux, il a du corps, du moins pour un Muscadet, et ses saveurs sont franches. (Rappelons que les producteurs de Muscadet gardent en cave d'anciens millésimes, ces vins prenant, avec le temps, des allures de vins de Chenin blanc âgés.) 12,5% (112 caisses).

Coteaux d'Aix en Provence 2007 Château Revelette, 19,10$ (10259737), ***1/2, $$, 2010-2014?

La Provence ne produit pas que des rosés, mais aussi de très bons vins rouges, tel que celui-ci, lequel est la cuvée courante de ce domaine. Syrah, Cabernet Sauvignon et Grenache, avec élevage en fûts pour une petite partie de la cuvée (15%), s'associent pour donner un vin plein d'éclat, charnu, étonnamment nuancé au nez et en bouche, le tout campé sur des tannins mûrs, bien ronds. Savoureux. 13,5% (123 caisses).

Côtes du Roussillon Villages 2008 Les Calcinaires Domaine Gauby, 25,85$ (11222186), ***, $$$, 2010-2015.

Vin rouge dans lequel la Syrah (50%) et le Mourvèdre (25%) dominent, bien coloré, et dont un cinquième est élevé en fûts, son bouquet est marqué par des notes épicées dites de garrigue. Corsé, tannique, assez austère, il a même quelque chose d'un peu carré. Très bon quand même. La surprise: le pourcentage élevé de Mourvèdre. 13% (87 caisses).

Vacqueyras 2007 Domaine des Genêts Delas, 24,35$ (11194066), ***1/2, $$$, 2010-2014.

Les amateurs de vins du Rhône méridional très colorés, concentrés, auront de quoi se contenter avec ce vin! Rien de très subtil, et... l'allure d'un ours bâti tout d'un bloc, mais du fruit à revendre et des tannins substantiels, quoique bien enrobés. Sérieux. 70% de Grenache, 20% de Syrah et 10% de Mourvèdre, avec élevage partiel en fûts. 14,5% (159 caisses).

Teroldego Rotaliano 2006 Forodori, 26,10$ (712695), ***1/2, $$$, 2010-2015?

Vin on ne peut plus séduisant du Trentin-Haut-Adige (Italie), du cépage Teroldego - bien peu connu -, à la belle robe sombre, au bouquet de fruits rouges, complexe, avec des nuances empyreumatiques sachant rester discrètes, et élevé en fûts. Relativement corsé, charnu, distingué, il a une texture de velours. 13% (92 caisses).

Bandol 2005 Domaine du Gros'Noré, 35$ (10884583), ***1/2, $$$1/2, 2010-2016.

«Il faut le boire pour le croire», soutient son agent québécois. Surprise, on s'étonne en effet qu'un Bandol titrant 15,5% soit aussi digeste. Élaboré avec du Mourvèdre (80%), plus du Grenache et du Cinsault, avec élevage en fûts, il s'agit d'un vin au bouquet généreux, épicé (le bois). La bouche suit, corsée, avec des tannins solides, fermes, style excellent Châteauneuf-du-Pape. 15,5% (56 caisses).