Facebook, qui pâtit déjà d'une image sérieusement écornée, commençait jeudi à rétablir ses services après une longue panne, qui a suscité des réactions mi-amusées, mi-éplorées d'internautes retrouvant la « vraie vie » et s'épanchant sur... internet via d'autres réseaux.

Vers midi, 24 heures après les premiers signalements, Facebook a indiqué avoir identifié le problème technique et que la panne était en voie de résorption.

« Hier, en raison d'un changement de configuration des serveurs, beaucoup de gens ont eu du mal à accéder à nos applications et services. Nous avons maintenant réglé le problème et nos systèmes sont en train de se rétablir. Nous sommes vraiment désolés pour la gêne occasionnée et vous remercions de votre patience », a écrit Facebook sur Twitter.

« Nous sommes de retour ! », avait twitté pour sa part le compte officiel d'Instagram, l'une des plateformes opérées par le géant de la tech, sur Twitter, mercredi à 21 h 41 heure de Californie .

Selon le site Downdetector, l'ensemble des plateformes de Facebook (Facebook, Instagram, WhatsApp, Messenger) ont vu les difficultés apparaître aux alentours de midi mercredi avant de commencer à se résorber très progressivement environ six heures plus tard.

Sur la page « Facebook for developers », dédiée à ceux qui mettent au point les applications qui interagissent avec ses services, le groupe évoquait une panne signalée mercredi à 10h30 heure de la Californie.  

À la même heure, le réseau social avait twitté être « au courant » du fait que « certains utilisateurs » rencontraient « des problèmes » et promettait de les résoudre « le plus vite possible ».

La panne a affecté les services de Facebook de diverses manières un peu partout dans le monde.  

À l'ouverture de Wall Street jeudi, le titre du géant américain a reculé de 2,5 % avant de se reprendre. Vers midi, il cédait 1,64 %.

« Vraie vie »

L'incident a suscité de nombreuses réactions d'utilisateurs rendus à la « vraie vie ».  

« Vous présentez ça comme la fin du monde alors que vous n'avez simplement pas accès à Facebook ? Ayez une vraie vie plutôt qu'une vie numérique », écrivait ainsi « Johanna » sur le site Downdetector.

« Je prédis un "baby boom" dans neuf mois ! Vous vous souvenez de ce jour où Facebook a planté et forcé les gens à prendre conscience de ceux autour d'eux ? », a commenté une autre, Palmina D'Allesandro.

Sur Twitter, les publications siglées #facebookdown ou #instagramdown foisonnaient, avec une tonalité mi-éplorée, mi-ironique. « J'ai posé mon téléphone. Je suis allé prendre l'air et... c'est nul INSTA reviens vite la vraie vie c'est nul », twittait l'un. « Je suis complètement perdue. Que quelqu'un l'explique comment interagir avec des gens dans la vraie vie », faisait mine de se lamenter une autre.

La panne a fait des heureux parmi les concurrents du réseau social : son concurrent Twitter mais aussi la messagerie cryptée russe Telegram qui aurait ainsi gagné trois millions d'utilisateurs durant les 24 dernières heures, selon son fondateur Pavel Durov.

Pour le groupe fondé par Mark Zuckerberg, cette panne pourrait être la plus importante connue jusqu'ici. Selon Facebook, elle ne vient pas d'une attaque par déni de service (DDoS), qui consiste à inonder un service de demandes de connexion, visant ses plateformes aux 2,3 milliards d'usagers.

L'incident arrive dans un contexte déjà difficile pour le géant, sous le coup d'une enquête pénale, lancée par des procureurs à New York, autour de ses partages de données personnelles avec d'autres groupes technologiques, selon le New York Times mercredi soir.

Un grand jury à New York a, d'après le quotidien, exigé officiellement d'« au moins deux importants fabricants de smartphones » qu'ils fournissent leurs informations sur ce sujet, qui concernerait des centaines de millions d'utilisateurs.

Facebook partage ou a partagé de nombreuses données personnelles avec des entreprises technologiques extérieures, dont les fabricants de smartphones par exemple, pour que ses services soient compatibles avec leurs systèmes d'exploitation, diverses applications ou sites. Il le fait au travers de « partenariats » signés avec ces groupes. Nombre d'entre eux ne sont déjà plus actifs, selon Facebook.

Contacté par l'AFP, Facebook a indiqué qu'il était « connu que des enquêtes fédérales, y compris par le ministère de la Justice, étaient en cours » et qu'il « coopérait » toujours avec les enquêteurs.

Le groupe est soumis à une critique constante depuis le scandale Cambridge Analytica (CA) il y a un an. Elus, régulateurs et enquêteurs dans le monde entier cherchent à déterminer si Facebook a caché d'une façon ou d'une autre les détails de ses pratiques de partage de données.