Voué il y a quelques années au déclin face à l'explosion du mobile, le téléphone fixe connaît une renaissance en France grâce aux «box» et leurs offres de communications illimitées, une aubaine pour les constructeurs qui font même du combiné un objet de design.

«86,6% des foyers français sont équipés en téléphonie fixe, et ce taux augmente de trimestre en trimestre, continuellement depuis trois ans», résume Clément Hering, analyste pour l'institut Gfk qui a récemment publié une étude sur le sujet.

En 2010, plus de 6 millions d'appareils devraient être vendus selon ses estimations, pour un chiffre d'affaires de 290 millions d'euros.

M. Hering explique que «la courbe (des désabonnements) s'est clairement inversée avec la généralisation des abonnements "triple-play"» (internet, télévision et téléphone) qui, pour une moyenne de 30 euros mensuels, incluent des communications illimitées via fixe en France et vers des dizaines de pays.

Cette «explosion» des box est «un phénonème unique en Europe, une véritable atypie française qui a donné un coup de fouet inespéré au fixe», renchérit Sébastien Joumard, président de Gigaset Communications France, ancienne filiale de Siemens et actuel leader sur le marché français en téléphonie résidentielle.

«Il y a encore quatre ou cinq ans, avant le succès du triple play, on pouvait penser que le mobile allait tout emporter et que les gens auraient dans leur poche seulement un téléphone portable qui leur offrirait toutes sortes de possibilités», souligne-t-il.

Mais le phénomène des «box» a contre toute attente «quasiment multiplié par deux en dix ans le temps de communication passé depuis un fixe à la maison», ajoute-t-il.

Selon l'Autorité de régulation des télécoms (Arcep), chaque ligne fixe reliée à une box enregistre un «trafic sortant» moyen de 5H03 par mois, contre 2H19 d'appels passés depuis un portable par chaque client mobile.

«Ces temps de communication plus longs ont un effet sur les achats: le téléphone s'utilise plus souvent et il y a donc des attentes en termes de design», explique M. Joumard à l'AFP.

«On a vraiment changé d'époque: auparavant le fixe était cantonné au couloir ou à l'entrée. Il est à présent entré dans les salons et doit s'intégrer au reste des équipements technologiques», confirme Clément Hering.

Gigaset vante ainsi son produit haut de gamme, le SL 400, «avec coque en acier, matériau noble, et dont le design est plus celui d'un mobile qu'un fixe qui est généralement assez gros». L'appareil est vendu au prix de 149,99 euros.

Sagemcom, de son côté, propose de «sublimer son intérieur d'une touche d'originalité», avec la réédition du S63, le très populaire poste à cadran des années 1960-70, totalement relooké avec un combiné comme suspendu, mais tout aussi orange que son ancêtre. Prix conseillé: 89,90 euros.

Outre ces offres «premium», les marques proposent un grand nombre de modèles aux prix plus abordables: si un appareil bas de gamme peut se trouver à moins de 20 euros, le prix moyen est de 44 euros pour un téléphone sans fil basique et sans répondeur.

Si les sans-fil représentent plus de 90% des ventes, 53% du chiffre d'affaires se fait avec des téléphones vendus en groupe comprenant deux ou trois combinés, précise Gfk.

Le téléphone fixe semble avoir encore de beaux jours devant lui: loin de craindre la saturation du marché, les fabricants misent sur des appareils de plus en plus «technologiques» avec notamment de nouveaux téléphones IP capables d'exploiter au maximum les ressources d'internet.