Elles sont respectivement programmeuse en jeux vidéo, chercheuse ou entrepreneure. Julie Tousignant, Catherine Proulx et Amira Boutouchent ont au moins deux points en commun : être une femme dans un domaine techno majoritairement masculin, et avoir été choisie « ambassadrice » pour y attirer des consoeurs. Selon les plus récentes statistiques, les Québécoises représentent à peine 20 % des effectifs en technologie. La Presse a rencontré hier les trois modèles inspirants choisis dans le cadre de l'initiative Femmes en tech Ubisoft, mise sur pied avec la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Un monde « axé sur la famille »

Julie Tousignant est programmeuse de jeux vidéo depuis 2009, et plus précisément au studio de jeux vidéo Ubisoft Montréal depuis près de deux ans. Dès ses études à l'Université de Sherbrooke en imagerie et médias numériques, elle a constaté la faible présence féminine : « On était 5 filles sur 40 étudiants. »

La programmeuse est bien placée pour secouer les clichés : elle fait partie de l'équipe du jeu For Honor, un jeu de combat médiéval plutôt brutal. « On est pas mal de femmes dans cette équipe, en fait ; on a la chance de ne pas être isolées, on se fait des ladies nights. Et, pour les hommes qui nous côtoient, c'est normal d'avoir des femmes. »

L'autre cliché qu'elle déboulonne par la même occasion, c'est celui du programmeur asocial qui se nourrit de croustilles. « Le monde du jeu vidéo est très "axé famille" : on a une garderie, un médecin sur place, il y a de nombreuses activités auxquelle les enfants sont invités. »

Suivre sa voie

Amira Boutouchent, qui a cofondé en janvier 2016 la plateforme collaborative BRIDGR, a découvert du même coup le nombre d'occasions offertes aux femmes dans ce domaine. « C'est incroyable à quel point les portes s'ouvrent. On ne me l'avait pas dit au début, mais j'ai pu côtoyer beaucoup de femmes, elles ont été extraordinairement ouvertes, on a pu se parler, s'entraider. »

Pour la jeune femme, il est important de rappeler que la technologie n'est plus un secteur en soi en 2019, mais plutôt un outil qui touche toutes les sphères de la société. « On a besoin de plus de diversité en technologie et on manque de gens. Préparer la technologie de demain, ça ne peut pas être fait seulement par la moitié de la population. »

Aller voir ailleurs

Catherine Proulx, chercheuse au Conseil national de recherche du Canada, étudie la réalité virtuelle pour traiter des problèmes de santé mentale. Elle-même a fait le choix de travailler moins et d'entretenir des centres d'intérêt en dehors de sa carrière officielle. « J'ai des enfants... Je pense que je suis une bonne chercheuse parce que je peux aller puiser ailleurs. »

Son message principal : montrer aux filles qu'elles peuvent s'épanouir et aider leurs semblables en choisissant une carrière en technologie. « Le manque de modèles est un gros problème. Ce qu'on voit dans les médias, les films, à la télé quand il s'agit de technologie, ce sont rarement des femmes. Et, quand il y en a, c'est souvent caricatural. »