Bras dessus bras dessous et tenant de l'autre main la médaille de bronze qu'ils venaient de remportée, Saku Koivu et Teemu Selanne savouraient pleinement la victoire de 5-3 de la Finlande aux dépens de la Slovaquie.

Une victoire historique pour les deux grands amis.

Avec la médaille de bronze reçue hier, sa quatrième en carrière, le capitaine de l'équipe finlandaise rejoint un groupe sélect des hockeyeurs les plus décorés aux JO.

Contrairement à l'habitude, le Comité international olympique et la Fédération internationale de hockey sur glace ont distribué les médailles aux gagnants de la petite finale. Les médaillés de bronze sont habituellement conviés pour la cérémonie protocolaire après le match de médaille d'or.

Ce changement a permis aux Finlandais de célébrer pleinement leur victoire. Ils ont défilé sur la patinoire en exhibant fièrement leurs médailles et en lançant dans la foule, les bouquets de fleurs qui leur avaient été remis.

Sami Salo ne s'est pas contenté de lancer ses fleurs. Il a lancé à bout de bras ses gants, son casque et son bâton à ses partisans des Canucks de Vancouver.

«C'est un honneur que j'ai peine à qualifier, surtout que ce sont peut-être mes derniers Jeux», a lancé Koivu les yeux humides, mais le sourire généreux.

Et lorsque La Presse lui a demandé si le cancer qui l'a foudroyé et qui l'a contraint à rater les Jeux olympiques de 2002 à Salt Lake City contribuait à rendre cette victoire plus importante encore, l'ancien capitaine du Canadien a souri plus encore.

«C'est difficile à dire. Je ne pense pas à ma victoire sur le cancer dans mon quotidien. Mais quand je vis une grande émotion, comme celle de ce soir, ou une grande déception, les souvenirs de ce que j'ai vécu pendant ce combat refont surface. Comme si cet événement me servait à réaliser à quel point je suis chanceux de vivre un moment comme la victoire de ce soir, ou, au contraire, que j'ai traversé bien pire plus tôt dans ma vie», a commenté Koivu.

Si l'ancien capitaine du Canadien ne pouvait garantir sa présence à Sotchi en 2014, Teemu Selanne, il n'a laissé aucune place à l'interprétation.

«Je viens de disputer mon dernier match pour mon équipe nationale. Ce sont mes derniers Jeux olympiques et ce sera certainement ma dernière saison dans la Ligue nationale. Et si c'est vraiment la fin, et je pense sincèrement que c'est la fin, cette médaille me permet de connaître une très belle fin», a commenté la comète finlandaise.

Remontée inespérée

Si Koivu, Selanne et leurs compatriotes sont médaillés olympiques ce matin, ils étaient très loin de la troisième marche du podium après deux périodes.

Car à ce moment, les Slovaques profitaient d'une avance de 3-1 et les Finlandais jouaient du très mauvais hockey.

Les nombreuses pénalités mineures (neuf pour les Slovaques, sept pour les Finlandais) ont marqué le match et la troisième période.

Profitant d'un cinq contre trois en début de troisième, Kimo Timonen a décoché un tir frappé. La rondelle a dévié sur la jambe du défenseur Zdeno Chara avant de frapper l'épaule de Niklas Hagman et de se retrouver dans le filet.

Le gardien slovaque Jaroslav Halak a dû regarder la reprise à l'écran géant pour savoir ce qui venait de lui arriver.

Olli Jokinen a ensuite enfilé deux buts pour donner les devants à son équipe.

Comme ils l'avaient fait face au Canada en match de demi-finale, les Slovaques ont bourdonné en fin de rencontre. Miikka Kiprusoff a effectué quelques arrêts magistraux.

Après s'est fait voler un but par Roberto Luongo, vendredi, Pavol Demitra a vu un tir de l'enclave qu'il venait de décocher frapper le poteau.

«Avec une avance de deux buts en fin de deuxième nous devions gagner ce match. C'est une très grande déception. Nous avons connu un grand tournoi, nous obtenons notre meilleur résultat aux JO, mais nous devrions avoir la médaille de bronze au cou», a murmuré Marian Hossa qui avait marqué l'un des trois buts de son équipe.

Marian Gaborik et Pavol Demitra ont marqué les autres.

Avec son but, Demitra occupe le premier rang des marqueurs du tournoi avec trois buts et 10 points avant le match de finale opposant le Canada aux États-Unis.

Cette statistique était loin de consoler Demitra.

«C'est la pire défaite de ma carrière. Je me demande où diable nous avions la tête pour écoper autant de pénalités. C'est complètement absurde d'avoir échappé ce match. Perdre le match de médaille de bronze, c'est le pire sentiment possible. J'aimerais mieux avoir terminé huitième», a indiqué le joueur des Canucks.

Souvenirs heureux

Saku Koivu se comptait chanceux de pouvoir célébrer la victoire. Et cette conquête difficile rendait sa médaille de bronze encore plus significative à ses yeux.

«C'est une grande sensation d'avoir cette médaille autour du cou. Je me souviens de la première à Lillehammer. C'était tout nouveau pour notre pays qui n'avait pas l'habitude des honneurs en compétitions internationales. On a ensuite gagné l'or au Championnat du monde de 1995 et je me suis dit que tout serait facile. Et bien aujourd'hui, je peux vous dire que ce fut très difficile. C'est la plus difficile que j'ai remportée. Après deux périodes, j'ai pris la parole dans le vestiaire pour rappeler aux joueurs que nous devions reprendre le contrôle. Après avoir joué aussi mal que nous l'avons fait contre les Américains et être revenus de l'arrière en troisième période comme ça, je peux vous assurer que cette médaille de bronze a autant de valeur que toutes les autres.»

Avec sa médaille de bronze, Saku Koivu rejoint donc Vladislav Tretiak (trois médailles d'or et une d'argent), Igor Kravchuk (deux médailles d'or, une d'argent et une de bronze) Jiri Holik (deux médailles d'argent et deux de bronze) au sein du groupe de hockeyeurs les plus décorés de l'histoire des JO.

Koivu n'est pas seul à être passé à l'histoire hier. Ses compatriotes Jere Lehtinen et Ville Peltonen. Les trois Finlandais comptent trois médailles de bronze, remportées à Lillehammer et Nagano, et une d'argent remportée à Turin.

«Tu gagnes une médaille de bronze alors que tu perds une médaille d'argent. La défaite contre la Suède en 2006 à Turin demeure l'une des pires déceptions de ma carrière alors que les médailles de bronze, particulièrement celle de ce soir, éveillent toutes des moments heureux...