Pour la deuxième année de suite, Tennis Canada proposera son initiative « Pause mentale », a appris La Presse. Cette fois, trois ambassadeurs auront pour mission d’alimenter la conversation touchant les enjeux de santé mentale sur le court et à l’extérieur.

« L’année passée, c’était le premier pas de Tennis Canada dans la conversation entourant la santé mentale pour essayer d’éliminer les tabous autour de cet enjeu. On espère pouvoir aider les jeunes à parler de la santé mentale », explique Katie Spellman, directrice des communications chez Tennis Canada.

La deuxième phase de ce programme sera lancée ce jeudi en matinée.

Parmi les initiatives, il y a la « Promesse d’une expérience de tennis positive ». Un document dont « le but est d’inviter tout le monde impliqué au tennis, qu’on soit amateur, joueur ou arbitre, à s’engager à offrir un environnement sûr et positif pour tous les joueurs au Canada, en signant la promesse », ajoute Spellman.

D’autres activités seront aussi organisées lors de la présentation de l’Omnium Banque Nationale, à l’été. Notamment avec Bianca Andreescu, impliquée cette année encore dans l’initiative. Elle a été le tout premier visage du programme, l’an dernier.

« Bianca était une ambassadrice parfaite pour le projet, parce qu’elle s’est montrée très ouverte par rapport à ses propres enjeux liés à la santé mentale, avec la pause qu’elle a prise et ce qu’elle a fait pour s’améliorer pendant cette période. Elle a vraiment été impliquée dans le projet », précise la directrice des communications.

Alexis Galarneau, joueur sur le circuit ATP, et Rob Shaw, joueur en fauteuil roulant, sont les deux autres ambassadeurs de la campagne.

La motivation d’en faire plus

« Ça implique tout ce que je veux promouvoir en matière de santé mentale. C’est une magnifique manière d’amorcer une conversation. Les gens commencent à en parler de plus en plus. Moi-même, j’en parle plus ouvertement », évoque Andreescu à l’autre bout du téléphone depuis le Vieux Continent.

Galarneau est lui aussi conscient de la nécessité d’alimenter la discussion : « Je suis heureux d’avoir cette occasion d’utiliser ma plateforme pour sensibiliser les amateurs de tennis, surtout les jeunes. Pour leur montrer qu’à tous les niveaux, il y aura de l’anxiété et du stress de performance, mais aussi qu’il y a des moyens de mieux contrôler ces facteurs. »

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Alexis Galarneau

De son côté, Shaw est heureux d’avoir été impliqué dans le projet. Principalement pour donner une voix aux joueurs en fauteuil roulant. « J’amène une certaine diversité au sein du groupe d’ambassadeurs. On a une forte communauté de joueurs en fauteuil roulant au Canada et on est souvent laissés pour compte. Donc, avoir un joueur en fauteuil, ça ajoute aux valeurs de diversité et d’inclusion. »

Un facteur sous-estimé

En grandissant, la majorité des jeunes joueurs de tennis se sont fait casser les oreilles avec la même ritournelle : le tennis, c’est 80 % mental et 20 % physique.

Or, avec le temps, les trois ambassadeurs ont constaté avec étonnement combien c'était vrai. Combien l’aspect mental de cette discipline prenait une place prédominante dans leur succès, leurs échecs et leur préparation.

À la rigueur, on pourrait même avancer qu’on sous-estime trop souvent à quel point le tennis peut être un sport mentalement exigeant.

« Je sens que la conversation est de plus en plus productive, précise toutefois Andreescu, championne des Internationaux des États-Unis en 2019. Je pense que tout part du mental. Tu crées ta réalité. Tous les outils sont bons et ils peuvent changer ta vie du tout au tout. »

Shaw pense surtout à la difficulté d’être seul face à soi-même, la plupart du temps, et à la manière dont cette initiative pourrait sauver certains jeunes.

« Que tu sois un jeune qui commence à s’initier ou un joueur de niveau compétitif, c’est un sport très individuel. Tu es seul à jouer et tu es souvent seul face à toi-même. C’est facile de s’isoler. Surtout dans un grand pays comme le Canada : c’est plus facile de tomber dans les craques du système. »

PHOTO SCOTT GRANT, TIRÉE DU SITE WEB DE TENNIS CANADA

Rob Shaw

De son côté, Galarneau met en lumière les fluctuations du moral des joueurs, car l’inconstance est le pire ennemi de tous les joueurs du tennis, sur le terrain et à l’extérieur.

« Parfois, tout va bien, le niveau de stress n’est pas trop haut, il y a beaucoup de plaisir à jouer. Cependant, quand ça va un peu moins bien, tu te remets en question, et c’est dans ces moments-là que tu comprends encore plus l’importance de prendre soin de soi mentalement. »

Ce mouvement s’inscrit dans la « stratégie à long terme pour soutenir les initiatives liées à la santé mentale avec des experts, des universitaires, un comité et des athlètes », précise Spellman. Selon elle, tout ça s’inscrit dans l’idée d’ouvrir le dialogue et de briser les tabous, pour l’avenir des jeunes joueurs de tennis, d’un océan à l’autre.