Un Québécois qui souhaite jouer au football pendant ses études universitaires trouvera ici des options intéressantes. Idem au hockey, au soccer, au rugby et dans bien d’autres sports. C’est toutefois moins évident au tennis, où ils sont nombreux à s’exiler aux États-Unis.

C’est à cet exode que veulent mettre fin les Carabins de l’Université de Montréal, et grâce à un généreux donateur, ils pourront se donner les moyens de retenir les athlètes ici.

La Fondation Famille Le Blanc a en effet annoncé mercredi un don d’un million de dollars fait au programme de tennis des Carabins. Les effets du don sont déjà bien perceptibles puisque l’établissement a confirmé par la même occasion l’embauche du tout premier entraîneur à temps plein du programme de tennis : David Desrochers, lui-même un ancien Carabin qui a été professeur d’éducation physique à la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

David Desrochers

« C’est déjà commencé, il est déjà sur le payroll ! », a lancé, enthousiaste, Manon Simard, directrice générale du CEPSUM et des Carabins.

Il faut dire que la salle bondée du CEPSUM avait de quoi susciter son enthousiasme. En plus des intervenants de l’environnement des Carabins, un large contingent médiatique était sur place, notamment attiré par la présence de Geoff Molson en sa qualité de président du Club des gouverneurs des Carabins.

C’est donc du concret et de l’immédiat qu’offre Philippe Le Blanc, par l’entremise de sa fondation. Le Blanc en sait quelque chose. Lui et son frère Sébastien ont joué dans la NCAA au début des années 1990, lui au Minnesota, Sébastien à UCLA. Ce dernier a ensuite fait carrière chez les pros.

Philippe a deux enfants, et son fils Christophe est parti jouer à Kenyon College, en Ohio. Sébastien a quatre enfants, et deux d’entre eux ont opté pour le tennis dans les rangs universitaires américains : Raphaelle à Portland, en Oregon, et Alexandre au Kentucky.

« Si on les avait eus plus tard, ils auraient peut-être fait des choix différents », soulève Philippe Le Blanc, associé, président-directeur du conseil et chef des placements de la firme Cote 100 et vice-président de la Fondation Famille Le Blanc.

« C’est ce qu’on veut dans l’avenir. Que nos jeunes d’ici voient que jouer pour les Carabins ou l’Université Laval est un accomplissement. Ce n’est pas que ce ne l’est pas en ce moment, mais ils rêvent tous d’aller jouer aux États-Unis. »

Des dizaines de joueurs

Cet exode du talent québécois dans la NCAA est difficile à quantifier avec précision. Alexis Galarneau (North Carolina State) et Gabriel Diallo (Kentucky) ont fait parler d’eux ces dernières années en débarquant dans les rangs professionnels, mais le phénomène est plus large.

Selon les plus récentes données de Tennis Canada, on compte dans la NCAA une dizaine de Québécois et Québécoises dans le top 100 masculin et féminin en simple, de même que dans le top 50 en équipe.

« C’est une longue tradition qui a commencé au début des années 1980, peut-être avec Martin Laurendeau, qui était mon idole », dit Philippe Le Blanc

« Plusieurs autres joueurs de cette époque ont fait le saut aux États-Unis et ont eu beaucoup de succès. C’était ancré dans la culture du tennis québécois, mais une culture, ça se change. »

Cela dit, Le Blanc assure que le but n’est pas de former une nouvelle cohorte de joueurs professionnels.

« Dans une grande majorité, ce sont des athlètes-étudiants qu’on veut développer, dit-il. Ce n’est pas impossible qu’un athlète ou deux sortent du lot et jouent chez les pros ensuite. »

Si on bonifie le programme, peut-être qu’il y en aura qui sortiront du lot. Mais de prime abord, ce n’est pas l’objectif.

Philippe Le Blanc

C’est davantage une question de rétention pour la société, plaide Le Blanc.

« C’est dommage, c’est une perte. On investit dans un jeune au tennis ou à l’école, pendant des années, et ensuite, il part et ne revient pas toujours. C’est correct, mais ce n’est pas l’idéal. »

C’est aussi ce que vise Daniel Jutras, recteur de l’Université de Montréal, parlant d’un « besoin pressant ».

« Plusieurs jeunes de talent arrêtent le tennis en rentrant à l’université, ou se rendent dans une université américaine et s’installent là. Retenir les talents aura un impact sur la vitalité du tennis ici. Nous retiendrons de futurs leaders qui brilleront dans le sport et ailleurs. »