Mazlum Akdeniz voulait stopper l’Argentin Sebastian Ezequiel Aguirre au « sixième ou septième round » au Cabaret du Casino de Montréal, jeudi. Il n’a pas réussi son pari, mais il faut dire à sa défense qu’Aguirre n’était pas venu livrer la performance de sa vie.

Aguirre (19-5, 12 K.-O.) a passé la soirée à reculer, « longeant les câbles et visitant les quatre coins », a noté Bernard Barré, vice-président du Groupe Yvon Michel.

Akdeniz (20-0, 8 K.-O.) a conservé sa fiche parfaite grâce à une victoire par décision unanime – trois cartes de 99-90 –, mais il a aussi paru brouillon par moments.

« Il avait quand même les mains lourdes, alors je devais me méfier d’une main arrière. C’est un gars vraiment sournois et j’ai plus de mal à affronter ce genre de boxeur. J’aime mieux les gars qui sont plus classiques, qui jabbent plus direct, a expliqué Akdeniz. Les boxeurs sournois, ce sont juste des crochets, des uppercuts. Il faut faire attention, tu ne veux pas manger de mauvais coups et te retrouver au tapis.

« Je ne me serais pas retrouvé au tapis, mais je ne voulais pas mal paraître. »

Narquois tout au long du combat, Akdeniz a parfois semblé plus déterminé à faire le pitre qu’à appliquer le plan de match de son coin. À un certain moment, il s’est même adressé aux commentateurs aux abords du ring. Sa concentration n’a pas paru entièrement tournée vers Aguirre pendant cet affrontement, ce qu’il nie.

« Ce n’est pas un combat amateur, c’est un combat professionnel. Il faut plaire à la télévision, aux spectateurs et aux téléspectateurs, aux médias. Il faut être un artiste, un showman. C’est comme ça que tu vends des billets », s’est-il défendu.

Ce n’est pas un manque de classe. Au contraire, j’ai beaucoup de respect pour mon adversaire. J’ai même tenu son drapeau pour une photo après le combat. Ce n’est vraiment pas une question d’arrogance.

Mazlum Akdeniz

Akdeniz a connu une excellente première moitié de combat. Au cinquième, il a demandé – avec raison – à son adversaire d’en faire davantage. L’Argentin s’est bien gardé d’embarquer dans son jeu.

« Il était un peu paresseux. Il ne lançait pas beaucoup de coups », a analysé avec justesse Akdeniz.

Les trois rounds suivants ont été les moins bons du Québécois, comme s’il s’était abaissé au niveau de son adversaire. Perdant patience au huitième, il a même donné un très évident coup de tête à son adversaire. L’arbitre Alain Villeneuve n’a pas hésité et l’a immédiatement sanctionné.

Akdeniz a cependant terminé le combat en force. Au neuvième, il a solidement touché Aguirre en combinaison à la tête. Au 10e, c’est un puissant uppercut du gauche qui a atteint la cible.

Clavel haut la main

Kim Clavel (19-2, 3 K.-O.) ne pouvait pas se permettre de laisser le moindre espoir à Katherine Renee Lindenmuth (6-3, 2 K.-O.) de croire qu’elle était une boxeuse de même calibre. La protégée de Danielle Bouchard peut dire : mission accomplie.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Kim Clavel

Clavel a été de loin la meilleure boxeuse dans le ring et a signé une victoire par décision unanime, obtenant des pointages de 97-93, 98-92 et 99-91.

C’est ma vitesse qui a fait la différence ce soir. J’ai pu travailler en combinaisons. J’ai tenté de mettre en pratique [ma défense], mais c’est difficile quand tu as quelqu’un qui avance toujours, toujours, toujours vers toi.

Kim Clavel

« C’est un combat qui était très physique, mais on s’est ajustées à chaque round. J’ai pu trouver mon rythme. On a gagné ce combat-là. »

L’ex-championne des mi-mouches a lancé les hostilités de façon dynamique. Plusieurs de ses coups en puissance ont touché la cible, mais Lindenmuth a su naviguer autour de ces attaques, en lançant quelques bonnes également.

Lindenmuth a un style qui a plu à la foule du Cabaret du Casino, se lançant constamment vers l’avant. Mais cela est venu avec un coût : elle a souvent été touchée par la main arrière de Clavel, dont les combinaisons ont semblé atteindre la cible la plupart du temps.

L’Américaine a connu ses meilleurs moments au quatrième assaut. Elle a lancé le round sur les chapeaux de roues et n’a pas relâché la cadence, touchant Clavel avec quelques bonnes combinaisons.

Clavel est toutefois revenue en force au cinquième : deux crochets, l’un de la gauche et l’autre de la droite, ont solidement touché le visage de Lindenmuth lors de deux attaques distinctes.

Le reste de l’affrontement a été l’affaire de Clavel. L’expérience et le niveau de boxe de la Québécoise lui ont permis de clairement se détacher de son adversaire, qui ne semblait plus avoir à la fois les ressources et les réponses pour réagir à ce que Clavel lui a lancé.

Les deux boxeuses ont offert un excellent 10round. Lindenmuth savait sûrement qu’elle avait besoin d’un K.-O. pour l’emporter, mais Clavel, qui n’avait pas besoin d’échanger coup pour coup avec son adversaire, en a profité pour montrer qu’elle était la meilleure boxeuse sur le ring.

Winner gagnant

Winner Bondo (1-0) a réussi ses débuts professionnels en l’emportant par décision unanime face au Bulgare Todor Petrov (0-2). Le poids léger montréalais a contrôlé ce combat du début à la fin, son adversaire se bornant à tourner en rond autour de lui la plupart du temps. Petrov a visité le plancher au premier round après une gauche au corps. Il prétend avoir glissé sur la toile ; il pourrait bien avoir raison. Quoi qu’il en soit, il n’a rien fait qui vaille et les trois juges ont remis des cartes de 40-35.

Dans un combat excitant, Theo Owusu (4-0-1, 2 K.-O.) est demeuré invaincu chez les professionnels en battant Zacharie Loiseau (3-1-1, 2 K.-O.) par décision unanime. Les deux super-légers montréalais étaient à égalité dans les deux ou trois premiers rounds, mais Owusu s’est détaché en deuxième moitié de combat, obtenant la faveur de deux juges 59-55 et 58-56 de la part du troisième.

Finalement, le combat entre Stéphane Fondjo (12-1, 9 K.-O.) et John Akurugo (18-7, 17 K.-O.) chez les super-moyens a été annulé. Les deux boxeurs avaient fait le poids, mais c’est rendu à l’examen médical que les choses se sont gâtées pour le Ghanéen Akurugo. Sa pression sanguine étant trop élevée pour la deuxième journée consécutive, amenant le médecin en chef de la Régie des alcools, des courses et des jeux à annuler l’affrontement.