Au tournant des années 2000, dans ce qu’on appelait l’époque « Attitude », la présence féminine à la WWE consistait essentiellement en des concours de bikinis, des combats dans la substance visqueuse de votre choix et autres trucs édifiants du genre.

Vingt ans plus tard, la célèbre organisation de lutte a finalement rattrapé la société et présente un produit féminin axé sur la lutte, la vraie de vraie, entre des câbles, basée sur les habiletés et les qualités athlétiques des combattantes.

Le spectacle de samedi s’appelle Elimination Chamber en l’honneur de la cage qui servira pour deux combats. Or, cette cage spéciale servira aussi pour un combat féminin.

Natalya y participera. Cette Canadienne, fille du regretté Jim « The Anvil » Neidhart, sera une des six lutteuses en vedette dans le volet féminin de l’évènement.

« J’ai fait quelques combats de cage, mais une seule fois la chambre d’élimination, explique-t-elle à La Presse. Je ne mentirai pas, c’est un des combats les plus risqués que j’ai faits. Après mon combat en 2020, j’ai eu des ecchymoses sur le coude pendant deux semaines, car Shayna Baszler m’avait claqué une porte sur le bras. Je pensais que je me l’étais cassé. C’était terrifiant ! »

Les femmes en progression

Depuis quelques années, les femmes occupent une place de plus en plus importante à la WWE. En 2019, une ceinture par équipes a été ajoutée à la division féminine. Depuis 2018, on présente deux Royal Rumble, ces fameux combats mettant aux prises 30 lutteurs, par élimination : un pour les hommes, un pour les femmes.

Et lors de l’évènement médiatique de vendredi, la WWE a dépêché six lutteurs sur les lieux : trois hommes, trois femmes.

Les spectacles ne sont pas encore pleinement paritaires, cependant. Dans celui de samedi, on compte trois combats masculins, un combat féminin et un combat mixte. Lors du dernier WrestleMania, en avril 2022, 3 des 16 combats étaient féminins.

« On arrive à la parité, avec un Rumble féminin, une chambre d’élimination féminine », énumère Pat Laprade, animateur de La Lutte WWE Raw à TVA Sports.

L’analyste rappelle que ce sont les succès de Ronda Rousey dans les arts martiaux mixtes qui ont déclenché ce changement de mentalité à la WWE.

« Elle a démontré qu’une femme pouvait faire la finale d’un évènement de sports de combat et attirer les spectateurs, estime Laprade. Vince McMahon ne poussait pas pour ça, mais Triple H et Stephanie McMahon [le gendre et la fille de Vince McMahon] avaient un argument : ça va marcher si on le fait comme il faut, et si on montre aux gens que nos lutteuses peuvent faire plus qu’un combat à cinq contre cinq de deux minutes. »

Ce changement de mentalité a coïncidé avec l’émergence de Charlotte Flair (la fille du légendaire Ric Flair), Bayley, Sasha Banks et Becky Lynch, devenues les têtes d’affiche des combats féminins. Rousey s’est ensuite jointe à la WWE.

Natalya est arrivée à la WWE en 2008 et peut donc pleinement mesurer les progrès qui ont été accomplis.

« Ça fait 15 ans que je suis là, et ça a tellement changé, se réjouit-elle. À mes sept premières années, de 2008 à 2015, les femmes n’étaient pas valorisées. On ne se sentait pas spéciales. C’est bien de voir tout le chemin parcouru et c’est bien de constater qu’il y a maintenant des gens qui regardent la lutte spécifiquement pour les combats féminins. Ce n’est pas pour dire que les gars ne sont pas incroyables, mais les femmes n’ont jamais eu cette visibilité avant. »