(Montréal) La question était simple : Eye of the Tiger Management avait-il perdu un tigre, comme Camille Estephan aime bien appeler ses protégés, à la suite de la déconfiture d’Yves Ulysse fils, jeudi au Casino de Montréal.

« C’est trop facile à dire maintenant, a dit Estephan au terme de la soirée. Il faut qu’il y pense. On va s’asseoir ; il y a beaucoup d’émotions présentement. C’est une énorme déception. »

Ulysse (22-3, 12 K.-O.) avait déclaré plus tôt cette semaine qu’advenant une défaite, ce serait le dernier combat de sa carrière. Elle a été sans appel : Gabriel Gollaz Valenzuela (26-3-1, 16 K.-O.) n’a mis que 52 secondes à se défaire du Montréalais, d’un violent uppercut de la droite au menton.

Il ne s’agissait même pas du premier coup de puissance essuyé par Ulysse lors de cette courte sortie. Un collègue a souligné à Estephan qu’après le combat, un homme de coin d’Ulysse a déclaré que le boxeur était « soulagé » de ne plus ressentir cette pression, qu’il était prêt à tourner la page. Des propos qui ont semblé surprendre Estephan.

« Je lui ai tout simplement dit de ne pas parler de retraite, de ne pas parler de rien, de prendre soin de lui et qu’on se reparlerait (dans quelques jours). Ça va être sa décision. S’il décide que c’est la fin, ce sera sa décision. C’est lui qui a mangé le coup de moi, ce n’est pas moi. […] Je suis très très déçu pour lui. Ça arrive. C’est cruel le monde de la boxe : parfois tu peux faire tout un combat et en un coup de poing, c’est fini. »

Un autre collègue a croisé Ulysse souriant à sa sortie du Casino. C’était la première fois qu’on l’a vu sourire de la semaine. Il a été à pic tout au long de la promotion de ce gala. Quand on l’a fait remarquer à Estephan, il a répondu que lorsqu’Ulysse est « bougonneux », il offrait parfois ses meilleures performances.

Ça n’a clairement pas été le cas jeudi. Quand on a demandé à Estephan s’il sentait que son boxeur avait encore le goût de se retrouver dans le ring, le promoteur n’est pas passé par quatre chemins.

« Cette soirée n’était pas sa soirée. Il a mangé toute une shot. »

Ulysse n’a pas rencontré les médias sur place.

Bazinyan : mission accomplie

Dans le cas d’Erik Bazinyan, Estephan estime que le boxeur de 27 ans a accompli sa mission et que comme espéré, ce combat lui permettra de voir son nom en haut des grandes affiches.

« C’est clair que battre Alantez Fox de la façon dont il l’a fait, après un combat dur, rude, à la limite salaud ; la façon dont il est sorti au 10e round, c’est ce qui permet de dire qu’il appartient à l’élite. »

La suite des choses dépend beaucoup sur la décision de Canelo Alvarez, détenteur des quatre ceintures à 168 livres. S’il décide de retourner affronter Dmitry Bivol à 175, les titres pourraient devenir vacants et Bazinyan (29-0, 21 K.-O.) se retrouverait alors en excellente position, lui qui occupait le quatrième échelon au World Boxing Council, le troisième à la World Boxing Association et à la World Boxing Organization, ainsi que le neuvième à l’International Boxing Federation avant le combat.

Le prochain gala d’EOTTM aura lieu le 23 mars et offrira en finale le très attendu duel chez les super-moyens entres Christian Mbilli (23-0, 20 K. O.) et l’Équatorien Carlos Gongora (21-1, 16 K.-O.) en finale.