Max Pacioretty a quitté Montréal pour Sotchi avec la vague idée de ce qu'allaient être les Jeux olympiques. Une belle expérience, l'honneur de représenter son pays, une ligne dans son CV...

Puis seulement cinq jours après avoir mis les pieds en Russie, le joueur du Canadien de Montréal s'est retrouvé dans un aréna flambant neuf, devant 11 600 spectateurs en furie dans un match entre deux rivaux historiques qui a maintenu la foule sur le bout de son siège pendant 60 minutes et un peu plus.

Pacioretty n'en revenait pas. «C'était fou. On s'est vraiment battus. La foule en délire, les Russes qui voulaient gagner coûte que coûte...», a expliqué le joueur américain, hier, dans la foulée de la victoire en fusillade (3-2) des États-Unis sur la Russie.

L'enjeu du match peut paraître simple : en l'emportant, les États-Unis ont pris la tête du groupe A. Les Russes ne sont pas éliminés, loin de là, et au pire devront livrer un match de plus pour accéder aux quarts de finale.

Mais il y a davantage. Il y a l'enjeu symbolique. Les Russes attendent beaucoup de leurs joueurs de hockey, et ce match contre l'équipe américaine était leur premier vrai défi. Il s'agissait aussi d'un baptême pour le magnifique aréna Bolchoï, construit pour les Jeux de Sotchi au coût de 180 millions. C'est bien beau, un match Canada-Autriche, mais le tournoi de hockey a réellement commencé hier.

Ce match devait en quelque sorte établir un favori, la principale menace pour le tenant du titre olympique, le Canada. Mais à la sortie de l'aréna, les spectateurs n'étaient pas certains que la meilleure équipe avait gagné.

«Tout va bien, ce n'est pas une tragédie, a dit l'attaquant Ilya Kovalchuk après la défaite. On a joué un bon match et on a démontré du caractère. C'est la ronde préliminaire. Tout va se décider dans les rondes finales.»

Du hockey inspiré

Pendant 60 minutes, les Russes ont joué un hockey inspiré et il s'en est fallu de peu - lire un but refusé - qu'ils l'emportent en temps réglementaire. Leurs deux premières lignes sont à faire frémir et ils ont gardé les Américains sur les talons. Pavel Datsyuk, avec deux buts et du coeur à revendre, a livré un match d'anthologie.

Mais devant la pression incessante des Russes, les Américains n'ont rien cédé. Ils ont répliqué avec des buts de Cam Fowler et Joe Pavelski et des arrêts de Jonathan Quick. Mais c'est surtout T.J. Oshie, loin d'être la plus grande star de l'équipe américaine, qui a volé la vedette.

En fusillade, l'entraîneur Dan Bylsma a envoyé Oshie effectuer six des huit tirs américains. Quatre fois, il a déjoué le gardien russe Sergeï Brobovski.

«À un moment donné, je me suis retourné vers les gars et je leur ai dit : "Je suis en train de manquer de feintes !", a expliqué Oshie. C'était dur sur les nerfs. Mais je m'en suis sorti pas trop mal, il faut croire.»

La courte défaite des Russes a refroidi la foule. Les spectateurs avaient passé le match à encourager leur équipe en scandant «chaïbou, chaïbou» («comptez, comptez») sous le regard approbateur du président Vladimir Poutine, dans les gradins.

La question reste donc à résoudre : quelle équipe représente la plus grande menace pour le Canada ? Les États-Unis ou la Russie ? Après le match endiablé d'hier, les deux équipes semblent capables de donner du fil à retordre aux hommes de Mike Babcock.

C'est une mauvaise nouvelle pour Équipe Canada, mais une excellente pour le hockey.