L'Impact de Montréal a renversé la vapeur. À force de s'enliser dans les places moins confortables du classement, on avait beau faire du surplace, on avait quasiment l'impression de reculer depuis le mois de septembre. Basta! Enfin, un petit pas de franchi vers l'objectif.

Au-delà des gains pondérables, samedi après-midi au stade Saputo, le onze mont- réalais a surtout retrouvé une énergie qui lui faisait défaut depuis cette série néfaste de six matchs, durant laquelle il n'avait récolté qu'un seul point. En voyant le public se lever, en deuxième mi-temps, pour applaudir un bleu-blanc-noir rompant avec l'indifférence qui caractérisait son jeu sans enthousiasme, on a de nouveau envie d'y croire.

D'autant plus que les protagonistes de la victoire contre Philadelphie nous réconcilient avec la vision de la direction du club ainsi qu'avec la gestion de l'effectif par Marco Schällibaum. D'une part, le joueur désigné qui sonne le réveil et qui donne le spectacle; d'autre part, un académicien rarement titularisé qui donne une saveur hollywoodienne à l'issue du match. Bref, on était bien loin du maudit soccer plate.

Unité retrouvée

En mal de héros, le club montréalais s'en est déniché un en Karl W. Ouimette, qui ne veut plus se contenter d'un rôle obscur. De tous les joueurs de l'Impact, Ouimette était certainement le plus déçu de la défaite à domicile subie une semaine plus tôt contre la Nouvelle-Angleterre.

Nonobstant la mauvaise opération au classement, Ouimette a dû se contenter ce jour-là d'une place sur le banc, même si le titulaire indiscutable au poste d'arrière droit, Hassoun Camara, faisait l'objet d'une suspension. Schällibaum a préféré le remplacer par un milieu de terrain - Davy Arnaud, en l'occurrence. La pilule a été dure à avaler pour un défenseur censé être la doublure de Camara à ce poste, et cela, aussi jeune soit-il.

D'autant plus que l'athlète de 21 ans a passé l'année à se faire dire qu'il faut savoir attendre patiemment son occasion et, surtout, qu'il ne faut pas la manquer lorsqu'elle se présente.

Or, s'il l'avait ignoré contre le Revolution, Schällibaum a surpris les observateurs en plaçant Ouimette dans l'alignement partant contre Philadelphie, à gauche de surcroît. Choix inspiré s'il en est un.

Après le but égalisateur de Tissot à Chicago, force est de constater que le Volcan suisse sait tirer profit de ses académiciens. Joey Saputo n'ayant pas confirmé son retour pour 2014, Julie Snyder pourrait être tentée de lui faire une offre.

Mais pour l'amateur qui porte le bleu-blanc-noir dans son coeur, il pourrait y avoir plus réjouissant encore que le but victorieux de Karl W.

À ce propos, l'étreinte de Matteo Ferrari sur Ouimette lors de la célébration était rassurante pour ceux qui commençaient à douter de l'harmonie dans le vestiaire. On ne cachera pas que depuis son arrivée à Montréal, Ferrari, malgré son rendement irréprochable, s'est plutôt fait connaître par son caractère flegmatique que d'aucuns pourraient confondre avec une forme de détachement envers le club et la MLS en général.

Remarquez, il est possible que le vétéran italien ait embrassé si vigoureusement Ouimette pour s'excuser d'avoir essayé de le décapiter en tentant une reprise acrobatique au moment du but. Ça vaut la peine de revoir la séquence.

Je préfère toutefois y déceler le symbole d'une solidarité retrouvée entre les éléments de l'effectif montréalais, peu importe la différence de classe. En d'autres mots, on a une équipe.

Reste donc un pas à franchir avant de qualifier l'année 2013 de succès et de crier: qui siamo, ragazzi. Ça se passera à Toronto, le 26 octobre, où l'Impact n'a jamais gagné depuis son passage en Ligue majeure. La victoire ne sera peut-être pas indispensable, mais elle serait certainement préférable.