L’attaquant sierra-léonais est échangé au Fire de Chicago

Il n’y a jamais d’alpha sans oméga. Kei Kamara est passé d’un statut de joueur parmi les plus adulés du CF Montréal à celui de joueur constamment fustigé sur la place publique par les représentants du club.

Et c’est ainsi que le parcours de l’attaquant prend fin à Montréal : dans un doux mélange de discorde et de ouï-dire. Le club a échangé Kamara au Fire de Chicago contre une somme minimale de 250 000 $ d’allocation générale, vendredi, à la veille du coup d’envoi de la saison. Le retour pourrait s’élever à 400 000 $ avec des bonis à la performance.

« On est contents d’avoir eu Kei [Kamara]. Il a respecté les partisans, les médias et les joueurs, mais il a manqué de respect envers le club. […] Ce que vous voyez, c’est un peu le dessus de l’iceberg. Nous, on devait composer avec l’autre partie », a déclaré le vice-président et chef de la direction sportive du CF Montréal, Olivier Renard, lors d’une visioconférence vendredi soir.

Personne n’est plus grand que le club.

Olivier Renard, vice-président et chef de la direction sportive du CF Montréal

Embauché en février 2022, alors que le club avait déjà entamé sa saison en Ligue des champions, Kamara s’est rapidement établi comme un rouage important de l’équipe, malgré lui. Les autres attaquants minés par des blessures, il a su tirer son épingle du jeu et s’avérer un troupier fort important pour Wilfried Nancy.

Il a pris part à 32 des 34 matchs de saison régulière, où il a notamment fait vibrer les cordages à neuf reprises tout en obtenant sept passes décisives. Il a également été titulaire pour les deux rencontres éliminatoires.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

À sa seule campagne avec le CF Montréal, Kei Kamara a pris part à 32 des 34 matchs de saison régulière, et aux deux rencontres éliminatoires.

Au terme de cette saison couronnée de succès sur le plan collectif et personnel, Kamara a terminé deuxième au titre de « retour de l’année » en MLS. Tout ce qui suivra est un roman-feuilleton aux allures de tragédie.

La fin

Alors qu’il est joueur autonome en février 2022, Kamara s’entend avec le onze montréalais sur les modalités d’un contrat d’un an assorti d’une année en option. À sa première saison avec le club, Kamara touche 94 000 $. Une aubaine, surtout par rapport à son salaire avec le Minnesota United en 2020 où il empochait 750 000 $.

Le club active donc son option pour la présente campagne.

Puis, en plein milieu de la première semaine du camp d’entraînement – duquel il est alors absent –, il publie sur Twitter une demande au CFM de l’échanger. Finalement, il rejoint le groupe après avoir fait faux bond une seconde fois.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Kei Kamara lors du camp d’entraînement du CF Montréal

« Il a déjà perdu une semaine de travail […] et aujourd’hui, il n’est pas là. Franchement, je suis déçu », avait alors admis l’entraîneur-chef du Bleu-blanc-noir, Hernán Losada.

Selon Kamara, avant les éliminatoires, il a fait savoir aux dirigeants du CF Montréal qu’il désirait prendre sa retraite à Montréal. Malgré le fait qu’il était déjà sous contrat, le club lui a fait une offre de deux ans qui, selon le joueur, « n’était pas suffisante » pour lui permettre de déménager au Québec avec sa famille.

L’offre était suffisante pour faire venir non seulement Kei et sa famille, mais également son voisin.

Olivier Renard

Le CFM lui offrait également une possibilité de devenir entraîneur avec l’Académie après ledit contrat.

Kamara a enchaîné avec une contre-offre, mais celle-ci a été refusée. L’offre initiale était « à prendre ou à laisser ».

Entre-temps, le CFM a renfloué sa banque d’attaquants. Le club a fait l’acquisition du Québécois Jules-Anthony Vilsaint, tandis que Chinonso Offor est revenu du championnat belge à la suite de son prêt. À l’instar de Kamara, les deux recrues font 6 pi 3 po, malgré un profil différent.

Plus la saison approchait, plus il y avait un flou concernant le dossier Kamara. Allait-il jouer ? Allait-il être laissé de côté ? Personne ne le savait vraiment.

Appelé à s’exprimer sur la raison qui l’avait poussé à laisser Kamara de côté pour un match d’avant-saison, Losada a dit qu’il n’avait « aucune mise à jour » à faire à son sujet et qu’il était las de parler de la situation de l’attaquant sierra-léonais.

« C’est ma cinquième ou sixième conférence de presse avec l’équipe, et je sais que c’est un joueur important, mais je crois que c’est un peu de l’abus de me poser une question à son sujet chaque fois », avait-il lancé.

Puis le dénouement a été connu la veille du premier duel du CFM.

Renard a parlé d’un évènement « inadmissible au niveau des paroles » en octobre avec Vassili Cremanzidis, son adjoint, lors de la négociation du nouveau contrat. Les deux parties n’ont plus négocié par la suite.

Renard a ajouté « avoir défendu le club » et affirmé que le fait d’avoir maintenu une position ferme en refusant de libérer Kamara avait permis à la formation d’éviter d’encourager d’autres joueurs à employer la même tactique.

Renard dit avoir tenté de contacter Kamara de différentes façons pour lui annoncer son échange, mais ne pas avoir été en mesure de le joindre. Le divorce s’est donc fait par message texte.

Le vieux routier de 38 ans reprend donc son baluchon et portera les couleurs d’une 10équipe en MLS.