Les prédictions de notre équipe en vue de la finale France-Argentine de la Coupe du monde.

Alexandre Pratt

C’était quoi, déjà, le titre de ma chronique il y a trois semaines ? « Les Croates motivés par la gaffe de John Herdman. » Non, pas celui-là. Le suivant. « La France jusqu’au bout ? J’y crois. » Eh bien, nous y voici, au bout de ce tournoi. Et la France y est toujours. Fière. Brillante. Éclatante. À une victoire d’être la première nation à remporter deux Coupes du monde consécutives depuis le Brésil, en 1958 et 1962. Est-ce que ce sera facile ? Non. Dans le camp argentin, Lionel Messi voudra gagner ce match, plus que tout autre dans sa vie. Je m’attends à une performance légendaire de sa part. Et s’il gagne, tant mieux. Il le mérite.

Mais l’histoire des Français est tout aussi inspirante. Les Bleus sont venus ici sans deux de leurs piliers (Paul Pogba et N’Golo Kanté), avant de perdre le dernier Ballon d’or, Karim Benzema, lors d’un entraînement avant la première rencontre. On connaît des équipes qui se seraient effondrées pour moins. De voir Kylian Mbappé à son sommet, Antoine Griezmann créatif et Olivier Giroud ressuscité aura été l’un des grands bonheurs de ce tournoi. Allez, ce n’est pas le temps de débarquer du wagon : 3-2 pour la France.

PHOTO HANNAH MCKAY, ARCHIVES REUTERS

Kylian Mbappé et Olivier Giroud

Jean-François Téotonio

Oh que je m’apprête à jouer à un jeu dangereux, ici. Prédire une finale aussi belle et partagée que devrait être l’affrontement entre la France et l’Argentine, c’est comme me demander de choisir mon film de Star Wars préféré entre A New Hope et Empire Strikes Back. L’Argentine a trimé pour se rendre en finale. Sa défaite contre l’Arabie saoudite, en lever de rideau, l’a profondément secouée. Mais elle s’est relevée, et a gagné avec conviction ses cinq matchs suivants.

Au centre de ses succès : un Lionel Messi au sommet de sa forme. À 35 ans, non seulement il dispute la meilleure Coupe du monde de sa carrière (sa cinquième), mais ses coéquipiers semblent aussi avoir trouvé un regain de motivation simplement que pour performer à ses côtés, et l’aider à gagner. Rodrigo De Paul et Alexis Mac Allister jouent un solide tournoi au milieu. Julián Álvarez émerge en excellent lieutenant de son capitaine Messi en attaque. La défense, avec Cristian Romero et Nahuel Molina notamment, est solide.

Puis il y a la France. Pour des Bleus que l’on croyait ecchymosés en début de tournoi, avec la perte de Karim Benzema, Paul Pogba et N’Golo Kanté, c’est tout un exploit de les revoir en finale pour la deuxième Coupe du monde consécutive. En plus, ils ont à peine été inquiétés pendant toute la trentaine. Il y a bien sûr l’imposante menace de Kylian Mbappé sur l’aile gauche. L’efficacité d’Olivier Giroud en pointe. Mais le joueur qui se démarque dans ce Mondial chez les Français, c’est Antoine Griezmann. Grizou est de toutes les actions. Il se fait passeur, meneur de jeu, même défenseur à l’occasion. Un bourreau de travail, et la clé de cette équipe de France.

Bon, allez, il faut prédire, maintenant. J’y vais avec un 2-1 pour l’Argentine. Avec au moins un but de Messi, pour la consécration totale. (Pour les curieux, la réponse sur Star Wars : c’est The Last Jedi, mon préféré.)

Marc Cassivi

PHOTO LUIS ROBAYO, AGENCE FRANCE-PRESSE

Murale à l’effigie de Lionel Messi et de Diego Maradona, à Buenos Aires, en Argentine

La finale va se jouer sur des détails. Et l’un de ces détails, qui n’est pas anodin, c’est que Lionel Messi joue pour l’Argentine. Il a perdu la finale du Mondial de 2014 face à l’Allemagne et traîne cette déception depuis huit ans. Ses coéquipiers jouent pour laver cet affront. Ils jouent pour la postérité : la leur et celle de leur numéro 10. Il ne manque à La Pulga que ce sacre mondial pour devenir, même en Argentine où il ne vit plus depuis la préadolescence, le roi incontesté. Plus grand que Maradona, qui a ramené la dernière Coupe du monde à Buenos Aires il y a 36 ans. Un an plus tard naissait Lionel Messi.

Ça va se jouer sur des détails, parce que cette équipe de France est redoutable. L’Argentine a eu la frousse en perdant en lever de rideau contre l’Arabie saoudite, et encore plus devant les Néerlandais et la combinaison magique de leur coup franc du désespoir en quart de finale. Ce qui ne tue pas rend plus fort. Et le plus fort, dans cette Coupe du monde, c’est Lionel Messi.

C’est le meilleur buteur, le meilleur passeur. Il s’est annoncé à des moments cruciaux de la compétition. Sa passe croisée à Molina, entre les jambes de Nathan Ake des Pays-Bas, était de la pure poésie. Sa manière de se jouer de Josko Gvardiol, le jeune défenseur croate du tournoi, pour offrir un but à Alvarez sur un plateau d’argent en demi-finale, était phénoménale. Messi a le don de débloquer des matchs avec des éclats de génie. Lui qui avait échoué si souvent avec la sélection nationale en finale a enfin remporté la Copa America l’an dernier, face au Brésil. Il va s’offrir, ainsi qu’à l’Argentine, une Coupe du monde pour Noël.

France c. Argentine, dimanche 10 h