(San José) Tout y était. La foule hostile. Un stade rempli à craquer, tonitruant. Et l’occasion pour le Canada de se qualifier pour une première Coupe du monde en 36 ans.

Mais l’attente devra se poursuivre encore quelques jours.

« Ça ne devait pas arriver ce soir, a commenté John Herdman en conférence de presse, après le match. C’est écrit dans le ciel qu’on doit le faire à la maison. »

Le Canada s’est incliné 1-0, jeudi soir, à l’Estadio Nacional de San José. Malgré un brillant effort à 10 contre 11 pendant près d’une heure de jeu. Et devant 35 000 partisans costaricains spectaculairement bruyants. Passionnés. Ils propulsaient les leurs à chaque touche de balle de La Sele. Ils sifflaient copieusement les Canadiens lorsqu’ils s’approchaient le moindrement du cuir.

On pouvait dire qu’ils auraient la langue et les lèvres enflées après la deuxième mi-temps du Canada. Les visiteurs étaient dominants, même avec un joueur de moins. Les attaques venaient par vagues.

« On était braves, a noté le sélectionneur. On était dans notre zone. On a joué un style de jeu fluide et excellent. »

« Je suis vraiment fier de mes coéquipiers, a souligné Milan Borjan devant les médias. De jouer à 10 hommes comme ça pendant 60 minutes, c’est incroyable. On a dominé la partie, mais ça ne devait pas se passer pour nous ce soir. »

Jonathan David a frappé la transversale à la 56minute, notamment. Puis son tir a heurté le poteau droit à la 88e.

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Les joueurs du Costa Rica savourent leur victoire.

Le Canada a siégé dans la surface de réparation costaricaine pendant les 10 dernières minutes de la rencontre.

« On aurait pu rester là jusqu’à 2, 3 heures du matin et les cordages n’auraient pas bougé », a lancé Herdman.

Le Costa Rica a tenu bon. Et il reste en vie dans la course pour le top 4 de l’Octogonale.

Une première mi-temps mouvementée

Clairement, la mission pour le Canada en début de match était de contenir les poussées costaricaines. On savait que les locaux allaient sortir en trombe des blocs. Il suffisait de laisser passer les 15 ou 20 premières minutes sans drame, même si on jouait un peu de nervosité. C’est pas mal ce qui s’est produit.

Non sans heurts. Mark-Anthony Kaye a reçu un carton jaune – ou jaune-orange – à la 15minute. On vérifiait à la VAR s’il méritait la totale. La foule criait son souhait : « Roja ! Roja ! » Mais il n’a pas été exaucé. Pas tout de suite.

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Keysher Fuller et Richie Laryea

Par la suite, le Canada a trouvé ses repères. Il effectuait ses fameuses montées sur les ailes, poussé par Tajon Buchanan à droite, notamment.

À la 35e, la foule, qui donnait littéralement l’élan à ses joueurs, a finalement été exaucée. Mark-Anthony Kaye recevait un deuxième jaune. Et c’était mérité. Comme s’il le cherchait, ce rouge. On peut débattre de la performance digne d’un Oscar de Johan Venegas, mais il reste que le geste était risqué – c’est peu dire – de la part du Canadien.

« Il est déçu, mais c’est un gars incroyable, a lancé Borjan, chaleureux. On lui a dit, dans le vestiaire, de ne pas baisser la tête. On va essayer de faire le travail pour toi. Tu es notre frère, on est une famille. »

Mais ce qui devait arriver arriva. Celso Borges a marqué pour les locaux dans le temps ajouté de la première période. Une belle frappe de la tête.

Ce but allait porter le Costa Rica à une quatrième victoire en cinq matchs. Pour le Canada, c’est une toute première défaite dans l’Octogonale, après 12 rencontres. Est-ce que la foule a eu un impact sur le résultat ? Pas selon John Herdman.

« Ces gars ont joué à Stamford Bridge, au Besiktas. Une foule, c’est une foule. Ils ont joué leur football. »

À noter que le jeune Ismaël Koné, milieu de terrain de 19 ans du CF Montréal, a fait son entrée à la 79minute de la rencontre. Une première présence avec le Canada pour celui qui a fait ses débuts professionnels cet hiver.

« Sur le plan personnel, j’ai fait ce que je devais faire, a-t-il dit dans la zone mixte. J’ai pu rentrer et aider l’équipe à continuer à attaquer. Ce n’est pas le résultat qu’on voulait, mais il reste encore deux matchs et ça va. »

Interrogé à propos de ses émotions lorsqu’il a appris qu’il irait sur le terrain pour la fin du match, Koné a dit qu’il était « content, excité ».

« On a joué dans un beau stade avec beaucoup de fans. C’est des moments pour lesquels, en tant que footballeurs, on a envie de jouer. »

Si on voulait évidemment fermer les livres sur la qualification du Canada dès jeudi, l’occasion reste immense de le faire à Toronto, dimanche.

« Ça sera bien de voir la façon dont le leadership de cette équipe va se réunir dans les deux prochains jours », croit Herdman.

Carte postale : Un vacarme poétique