C’était le 6 août, mais l’image est sans doute encore nette dans la tête de milliers de Canadiens : l’équipe canadienne de soccer féminine qui vainc la Suède en tirs de barrage pour décrocher la première médaille d’or olympique de son histoire.

Deux mois plus tard, il sera finalement possible de rendre hommage aux héroïnes en bonne et due forme, en personne, à l’occasion de leur Tournée des célébrations.

Cette tournée, elle consiste en deux matchs internationaux contre la Nouvelle-Zélande, qui serviront à préparer l’équipe à son parcours vers la Coupe du monde féminine de soccer de 2023. Ils auront lieu à la Place TD, à Ottawa, le 23 octobre, et au stade Saputo, à Montréal, le 26 octobre.

Les 22 joueuses qui représentaient l’unifolié à Tokyo seront toutes là, sans exception. Même Christine Sinclair. Ce sera l’occasion pour elles de rendre aux amateurs l’amour qu’ils leur ont prodigué à des milliers de kilomètres du Japon.

« Ce sera vraiment excitant, je suis impatiente de réunir le groupe. Je pense que ces matchs vont aider le groupe à réaliser que nous avons vraiment réussi à remporter une médaille d’or », a lancé l’entraîneuse de la formation canadienne, Bev Priestman, en conférence de presse jeudi en fin de journée.

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Bev Priestman, entraîneuse de la formation canadienne, célèbre la victoire de la médaille d’or avec ses joueuses.

Je sais que les joueuses sont vraiment emballées d’entrer dans un stade rempli de rouge et d’amour. Elles pourront partager ce moment avec les gens qui étaient derrière elles tout au long du parcours.

Bev Priestman, entraîneuse de la formation canadienne

Priestman s’attend à ce que ses joueuses soient « plus affamées que jamais », alors qu’elles seront réunies pour la première fois depuis leur victoire historique. Ce sera aussi l’occasion pour l’entraîneuse de voir à l’œuvre quelques autres joueuses, qui se grefferont à l’équipe.

Plusieurs membres de l’équipe canadienne s’illustrent dans leur formation respective en ce moment. Mercredi, Jordyn Huitema a réussi un tour du chapeau dans une victoire du Paris Saint-Germain. Stephanie Labbé et Ashley Lawrence étaient aussi de l’alignement. Jeudi, Kadeisha Buchanan a inscrit deux buts dans une victoire de l’Olympique Lyonnais. La liste est longue.

« On dirait bien que nos joueuses sont en feu, a résumé Priestman. Je pense que cette médaille d’or les a aidées à gagner en confiance. »

Répéter l’exploit

Tout au long de la conférence de presse, Bev Priestman a insisté sur une chose : faire en sorte que l’équipe canadienne continue de gagner comme elle l’a fait à Tokyo. S’assurer de répéter l’exploit. Encore et encore.

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Bev Priestman, entraîneuse de l'équipe nationale féminine

Je pense que le défi que je vais donner au groupe pour la suite est de vraiment changer le visage de ce pays. Nous devons faire ça plus régulièrement, tous les quatre ans. Peut-on faire ça à la Coupe du monde ? Plus ce sera régulier, mieux ce sera.

Bev Priestman

Depuis le mois d’août, l’absence de ligue professionnelle de soccer féminin au Canada a fait partie des discussions. Les joueuses à fort potentiel doivent se rendre aux États-Unis ou en Europe pour faire carrière dans le sport.

Priestman assure qu’il y a « beaucoup de travail qui se fait derrière les rideaux par Canada Soccer et d’anciennes joueuses qui font des appels, réunissent des gens et des investisseurs » pour implanter le soccer professionnel féminin au pays, que ce soit sous forme de ligue ou d’équipe.

« Je pense aussi que ça prend du temps, de bonnes infrastructures, des investissements et une longévité, a-t-elle poursuivi. On ne veut pas lancer quelque chose qui va échouer en une année. »

« Si nous pouvons bien faire à la Coupe du monde et aux Olympiques, ça nous mettra sur la map plus régulièrement pour vraiment pousser pour avoir ces ligues dans notre pays », a-t-elle répété.

NWSL

Bev Priestman s’est aussi exprimée sur la Ligue féminine nord-américaine de soccer (NWSL), qui se trouve dans l’embarras depuis quelques semaines.

Rappelons que dans un article publié par le site The Athletic, les joueuses Mana Shim et Sinead Farrelly ont allégué avoir été agressées sexuellement par leur ancien entraîneur avec les Thorns de Portland, Paul Riley. L’homme de 58 ans, qui était à la tête du Courage de la Caroline du Nord au moment de la publication de l’histoire, a rapidement été licencié. La FIFA a d’ailleurs ouvert une enquête. Le syndicat des joueuses (NWSLPA) a quant à lui dénoncé « un abus systémique ».

L’entraîneuse de l’équipe canadienne s’est dite « contente que tous ceux qui sont impliqués aient pris les bonnes mesures pour comprendre, examiner et affronter les problèmes qui sont sortis au grand jour ».

Quelques joueuses de l’équipe canadienne, comme Christine Sinclair (Portland), Nichelle Prince (Houston) et Desiree Scott (Kansas City), évoluent dans la NWSL. Priestman a dit avoir discuté avec elles au cours des derniers jours.

« Ça ne donne pas une bonne crédibilité à la ligue, malheureusement, mais je suis certaine que les mesures [en réaction à] ces circonstances regrettables vont vraiment aider à aller de l’avant et à s’assurer que nos joueuses sont entre bonnes mains. »

À propos de l’équipe masculine

La conférence de presse de Bev Priestman avait lieu au lendemain de la victoire de 4-1 de l’équipe canadienne masculine contre les représentants du Panamá, en qualifications de la CONCACAF. « Quel moment historique ! a lancé l’entraîneuse. Voir des joueurs comme Alphonso [Davies] se lever comme il l’a fait, c’est vraiment excitant. Ça reproduit ce qui s’est fait du côté des femmes. John [Herdman] a fait un incroyable travail pour unir ce groupe. »