Présenté aux médias montréalais lundi matin, Thierry Henry s’est déclaré heureux de démarrer « une grande aventure » à Montréal dont il a de nouveau chanté les louanges. Avec un nouvel entraîneur qui dit avoir beaucoup appris de sa précédente expérience à Monaco, les chantiers hivernaux de l’Impact peuvent maintenant commencer.

« Cela fait cinq semaines que l'on a disputé notre dernier match. Le but était de faire un plan de bataille assez rapidement. Je suis heureux d'avoir Thierry pour construire l'équipe avec laquelle on va aller à la guerre », a lancé le directeur sportif Olivier Renard.

Qu’est-ce qui a attiré Thierry Henry à Montréal ?

La semaine dernière, Henry avait déjà vanté la diversité montréalaise dans le communiqué émis par le club. Lundi, il a poursuivi la déclaration d’amour envers une « ville de coeur » qu’il avait découvert, en 2011, lors d’un match amical entre les Red Bulls de New York et l’Impact, alors en NASL.

« Si on prend le meilleur côté de l’Europe et le meilleur côté de l’Amérique du Nord, ça donne Montréal, a-t-il indiqué. J’ai joué contre cette équipe, et à chaque visite, j’ai vu la passion des gens. Je l’ai encore revue à l’aéroport [jeudi]. »

Il a par ailleurs réfuté l’idée que sa venue à Montréal lui permettrait d’apprendre les rouages du métier dans un environnement moins étouffant qu’en Angleterre ou ailleurs en Europe. « Montréal est un gros marché. Pas beaucoup de personnes sont au courant de ça, mais moi je le sais. »

Henry pourrait très bien gagner sa vie comme ambassadeur ou travailler dans les médias. Il a plutôt choisi de revenir sur un banc d’entraîneur, avec le stress que cela peut comporter. Pourquoi ? « Parce que le terrain, c’est ma passion et ma vie. »

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Thierry Henry aura la mission de remettre l’Impact sur les bons rails.

A-t-il parlé de son passé de joueur ou de son court passage en tant qu’entraîneur à Monaco ?

De son illustre passé de joueur, Henry a seulement expliqué qu’il avait su grandir dans les moments les plus difficiles. Il n’est pas revenu en détails sur son échec à l’AS Monaco comme entraîneur, mais il en a tiré le même constat. Oui, les trois mois passés sur le rocher n’ont pas été simples, mais ils n’ont pas été vains non plus.

« Soit tu gagnes, soit tu apprends et j’ai beaucoup appris là-bas. La seule erreur que tu peux commettre, c’est de ne pas apprendre de ce qui s’est passé. »

Après ce bref passage, les journalistes et certains de ses anciens coéquipiers ont sévèrement jugé sa communication et sa relation avec quelques cadres de l’équipe. « Quand tu pars d’un club, les articles positifs sont très rares, s’est défendu Henry qui est encore en contact avec certains joueurs monégasques. Si tu prends un joueur ou deux, on peut partir dans plein de choses. Mais je suis ici, c’est le plus important, et j’ai tiré quelque chose de cette expérience. »

Contrairement à Monaco, il aura, d’ici le début de saison, le luxe de choisir un effectif en adéquation avec ses idées. « Le visage d’une équipe est souvent le reflet du coach. »

Quelle sera sa philosophie de jeu ?

Henry est déjà bien au courant que les insuccès des dernières années, avec une ligne directrice peu cohérente et un certain manque de panache dans le jeu, ont quelque peu échaudé les partisans. Il a aussi martelé l’idée de mettre en place « un projet, une identité et une philosophie ». Depuis 2012, ces concepts ont trop souvent fluctué au gré des nombreux changements d’entraîneurs.

 « C’est super important que les gens puissent sentir qu’il y a une envie de construire, d’aller de l’avant, de conquérir, de presser, de sortir la balle de derrière de manière intelligente. Bien sûr, il y aura des erreurs, mais il faut travailler ça. Des fois, tu peux aussi sauter des lignes [ndlr : jouer plus direct ] si tu dois le faire. »

Compte tenu du profil de Henry, le personnel d’entraîneurs devrait idéalement comporter un adjoint plus expérimenté et des éléments locaux. Lundi matin, il n’a rien confirmé, mais il a cité les noms de Wilfried Nancy « pour sa connaissance des joueurs de l’Académie » et de Patrice Bernier.

« Pat, c’est l’enfant de la maison. Je l’ai affronté et je l’ai côtoyé sur le terrain lors du match des étoiles. C’était un joueur très intelligent qui voyait bien le jeu. Il connait la ligue, l’environnement ici et la pression qu’ont les joueurs locaux à jour à la maison.  Il peut être d’une aide d’extraordinaire pour les joueurs concernés. »

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Le directeur sportif de l'Impact, Olivier Renard, l'entraîneur-chef Thierry Henry et le président Kevin Gilmore.

Combien de candidats se sont manifestés ?

Renard n’a pas chiffré le nombre de candidatures, mais on sait qu’il a dû passer à travers le C.V. de plusieurs entraîneurs. « Dès que la saison s’est terminée, j’ai eu beaucoup de personnes qui se sont présentées, notamment des agents pour présenter leurs poulains. Il y avait des coachs belges et italiens que je connaissais déjà et que je n’avais pas besoin d’interviewer. »

Les premiers contacts avec le Français de 42 ans ont eu lieu vers la mi-octobre. Il n’a pas fallu beaucoup de temps pour que des affinités apparaissent entre les deux hommes et que Renard ne le perçoive comme un « candidat idéal ». Et si la renommée de l’ancien attaquant est un plus dans ce processus (« La cloche qui annonce quand on vend des billets de saison sonne », a illustré Kevin Gilmore ), il précise que cela ne faisait pas partie de ses critères d’embauche.

« J’ai recruté un entraîneur pas un joueur. Je voulais quelqu’un de motivé, qui aime la ville, qui voulait venir et qui prône un jeu offensif. Au niveau de sa formation d’entraîneur, il a eu un parcours idéal. J’ai bien aimé aussi qu’il soit passé par le centre de formation d’Arsenal », a poursuivi Renard.

A-t-il suivi la MLS depuis sa retraite en 2014 ?

Véritable passionné de soccer, Thierry Henry n’a pas arrêté de suivre la MLS quand il a pris sa retraite et repris le chemin de l’Europe en 2014. Il n’a pas regardé tous les matchs, mais il reste bien au courant des progrès et des défis de la ligue. « Durant mon passage, j’avais déjà remarqué un gros changement. Quand tu vois les nouvelles organisations qui entrent dans la ligue avec leurs nouveaux stades qui sont remplis… C’est positif de voir le chemin que prend la MLS. »

Justement, ces équipes d’expansion ne sont plus celles du début de la décennie. Finies les premières saisons de misère, ces petits nouveaux visent les sommets immédiatement. En d’autres termes, la compétition est autrement plus féroce qu’il y a six ou sept ans.

« Les équipes qui gagnent ne sont pas toujours celles avec le plus gros budget ou celles qui peuvent faire venir les plus gros joueurs », croit-il en prenant l’exemple de la dernière finale opposant Seattle et Toronto.

Tout de même, disons que ces deux clubs ne sont pas à plaindre financièrement. À Henry maintenant de contribuer à ce que l’Impact, avec ses propres moyens, se rapproche de ce groupe-là.