L'acquisition de Nate Thompson, deux jours après l'arrivée de Dale Weise, rappelle à certains fans de mauvais souvenirs.

Marc Bergevin avait revampé ainsi son quatrième trio il y a deux ans, à quelques semaines du début des séries éliminatoires. Steve Ott, Andreas Martinsen et Dwight King s'étaient amenés en renfort à la date limite des échanges.

Dans un élan d'enthousiasme, Claude Julien avait lancé sa désormais célèbre citation: «On s'est grossi.»

Ce trio de colosses n'a rien cassé en séries éliminatoires. Le Canadien avait été éliminé en six matchs par les Rangers de New York et quelques mois plus tard, ces trois-là n'appartenaient déjà plus à l'organisation.

Or, si le tapage occasionné par leur arrivée a pu en agacer certains, Ott, King et Martinsen n'ont pas perdu la série contre les Rangers.

Carey Price, sans être mauvais, avait été éclipsé par Henrik Lundqvist. Les leaders de l'équipe s'étaient écroulés lamentablement. Max Pacioretty, 35 buts en saison régulière, avait obtenu une maigre passe en six matchs. Alex Galchenyuk n'avait pas marqué non plus, mais obtenu trois aides. Andrei Markov s'était contenté d'une passe. Alexander Radulov avait été le meilleur avec sept points, suivi d'Artturi Lehkonen avec quatre points.

Il faut se rappeler du contexte aussi. Le Canadien avait connu une extraordinaire première moitié de saison, mais avait manqué d'essence. Au point où Michel Therrien a été congédié le 14 février pour être remplacé par Julien.

Non seulement le contexte est différent cette année, mais les nouvelles acquisitions ont coûté moins cher. King avait coûté un choix de quatrième ronde, Ott un choix de sixième, Martinsen a été obtenu pour Sven Andrighetto.

Pour Nate Thompson, le Canadien accepte de reculer d'une douzaine de rangs au milieu du repêchage puisqu'il a cédé le choix de quatrième ronde obtenu des Flames de Calgary, donc un choix de fin de quatrième ronde, pour un choix des Kings obtenu des Coyotes de l'Arizona, un choix de début de cinquième ronde.

Dale Weise a été donné. On s'est débarrassé de David Schlemko et de son contrat, en plus de Byron Froese, un joueur de Ligue américaine, pour obtenir un septième défenseur, Christian Folin, et Weise avec son contrat. Weise et Schlemko ont encore une année de contrat à un salaire sensiblement le même.

Le Canadien est-il supérieur avec Thompson et Weise au sein de son quatrième trio qu'avec Michael Chaput et Kenny Agostino? Poser la question, c'est y répondre.

Thompson, 34 ans, n'est pas le centre le plus rapide, mais il est supérieur à Chaput ou à Matthew Peca dans les tâches qui lui seront confiées. Il jouait en moyenne presque 13 minutes à Los Angeles et présentait un taux de succès de 53% lors des mises en jeu. Son taux se situait à 56% lors des trois saisons précédentes.

Weise, 30 ans, ne s'est jamais remis de son départ de Montréal. Il avait 14 buts et 26 points en seulement 56 matchs au compteur lorsqu'on l'a échangé aux Hawks à la date limite des échanges en 2016 avec Tomas Fleischmann pour Philip Danault et un choix de deuxième ronde (Alexander Romanov).

Avec l'éventuel retour de Paul Byron, et si le Canadien ne subit pas de pertes sur blessures dans l'immédiat, Julien aura un choix douloureux à faire: rétrograder Byron, Lehkonen ou Shaw au sein de son quatrième trio avec Thompson et Weise.

Shaw a donné vie au deuxième trio samedi. Lehkonen a une belle chimie avec ses compatriotes Jesperi Kotkaniemi et Joel Armia.

Avec un Byron au sein du quatrième trio, le CH bénéficierait d'un luxe semblable à celui des Maple Leafs: compter sur un attaquant menaçant au sein de son quatrième trio.

À Toronto, Andreas Johnsson, celui qui a coulé le Canadien samedi, tient ce rôle même s'il est le meilleur compteur parmi les ailiers gauches de l'équipe avec 14 buts et 29 points.

Devant le déséquilibre des forces, Claude Julien a été contraint à garder les membres de son quatrième trio souvent sur le banc. Nicolas Deslauriers a joué 5:53, Chaput 7:53 et Peca 8:07.

L'arrivée de Thompson ne brise pas l'identité de l'équipe, désormais axée sur la vitesse, pour autant qu'on l'entoure d'ailiers rapides. La suite nous le dira.

Pour l'instant, force est d'admettre que Marc Bergevin a bien manoeuvré pour solidifier son quatrième trio, après la perte au ballottage en début de saison de Jacob de la Rose, un centre de 6 pieds 3 pouces jeune et rapide qui aurait pu accomplir adéquatement ce type de tâche.

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Jean-François Tremblay a interviewé Louis Leblanc à Boston. Ce choix de première ronde du Canadien en 2009 agit à titre d'entraîneur adjoint pour l'équipe de Harvard, son ancien club universitaire. Trevor Timmins m'avait avoué en entrevue il y a quelques années avoir repêché Leblanc devant Chris Kreider en raison de la pression populaire. Une photo avait pourtant démontré que Leblanc devançait Kreider sur la liste des recruteurs du CH. Timmins avait-il bâti ainsi sa liste au préalable en fonction du faction du «facteur québécois»? Nul ne le saura. Leblanc, lui, est serein par rapport au passé. Malgré un dénouement de carrière décevant, il a désormais tout l'avenir devant lui dans le coaching.