On ne donnait pas cher de la peau des Islanders de New York après le départ de leur capitaine John Tavares, l'été dernier.

Non seulement les Islanders perdaient-ils leur meilleur attaquant, mais ils n'obtenaient rien en retour pour le remplacer.

Un peu plus de six mois plus tard, ils se retrouvent en position de se qualifier en séries parmi les clubs repêchés, et aussi à deux points des Penguins de Pittsburgh et du troisième rang dans la division Métropolitaine en vertu de leur fiche de 25-15-4.

Hier soir, les Islanders ont secoué le monde du hockey en infligeant une raclée de 5-1 à la meilleure équipe de la LNH, le Lightning de Tampa Bay.

Les Islanders rappellent à certains égards les Golden Knights de Vegas: une bande de laissés pour compte ayant des choses à prouver.

Quand le vieux routier Lou Lamoriello a été embauché comme DG pour remplacer Garth Snow, il avait été mis de côté à Toronto pour faire une place au jeune Kyle Dubas.

Lamoriello a réussi à convaincre Barry Trotz de diriger son club. Trotz avait été déçu par son organisation. Il venait de refuser une prolongation automatique de contrat qui, malgré une augmentation salariale de 300 000 $, en aurait toujours fait l'un des coachs les moins payés de la LNH. Il venait pourtant de procurer aux Capitals de Washington une première Coupe Stanley. 

Les changements de personnel opérés par Lamoriello cet été en ont laissé plusieurs pantois. Pour épauler le gardien Thomas Greiss, le nouveau DG a embauché Robin Lehner. Après une autre saison difficile à Buffalo, Lehner a avoué dans une entrevue publiée en septembre par The Athletic avoir songé au suicide en raison de ses problèmes de dépendance à l'alcool et aux médicaments.

Lamoriello a rapatrié deux joueurs de soutien des Maple Leafs, Matt Martin, 29 ans, et Leo Komarov, 31 ans. Martin avait compté trois buts l'hiver dernier, Komarov sept. Malgré onze buts à Philadelphie, Valtteri Filppula, 34 ans, a obtenu une chance lui aussi. Filppula a reçu 2,75 millions pour ses services, Komarov a obtenu un contrat étonnant de douze millions pour quatre ans. Un autre joueur de quatrième trio, Tom Kuhnhackl, s'est aussi joint à l'équipe.

«Nous tentons d'assembler une équipe, a déclaré Lamoriello au quotidien Newsday le 9 juillet, alors que les critiques fusaient de partout. Mettre en place différentes pièces, appuyer les intangibles.»

Le vieux renard faisait-il référence à la théorie de «l'attitude», mise en lumière la semaine dernière dans l'excellente chronique du collègue Alexandre Pratt?

On a d'ailleurs cru à tort que le manque de talent, du moins en apparence, allait ouvrir la porte aux jeunes. Mais personne parmi les meilleurs espoirs du club, Josh Ho-Sang, Noah Dobson, Michael Dal Colle, Kiefer Bellows, Bode Wilde ne s'est accroché à un poste permanent. On les a tous envoyés faire leurs classes dans les mineures, comme à la belle époque où Lamoriello régnait sur les Devils du New Jersey.

Les Islanders ont une fiche de 11-3 depuis le 15 décembre. Ils s'approchent à seulement quatre points des Maple Leafs, qui leur ont ravi Tavares.

Ce club n'a pas de grande vedette, si ce n'est le meilleur compteur, Mathew Barzal, 21 ans, 42 points en 44 matchs, au 44e rang des compteurs de la LNH. Après lui, Josh Bailey et Anders Lee ont 34 points. Un portrait semblable à celui du Canadien avec Max Domi, Jonathan Drouin et Tomas Tatar.

Les Islanders n'ont pas de Shea Weber en défense. Pas même de Jeff Petry. Le top 4 est constitué de Nick Leddy, Johnny Boychuk, Ryan Pulock et maintenant Devon Toews.

L'équipe se classe pourtant au troisième rang de la Ligue nationale au chapitre des buts accordés par match. Barry Trotz, un grand maître de la structure, a su instaurer un système défensif efficace.      

Les deux gardiens, Lehner et Thomas Greiss, en bénéficient et connaissent une très bonne saison. Lehner entre autres présente une moyenne de 2,21 et un taux d'arrêts de ,926 en 27 matchs.

Leurs bonnes performances ne sont sans doute pas étrangères à l'embauche cet été par Lamoriello de deux spécialistes des gardiens, Mitch Korn et Piero Greco. Korn, entre autres, après avoir été le mentor de Dominik Hasek à Buffalo, a suivi Trotz à Nashville (Pekka Rinne) et à Washington (Braden Holtby).

Les Islanders ne peuvent évidemment pas crier victoire trop tôt. Ils détiennent une avance de seulement deux points sur les Sabres de Buffalo, premier club exclu des séries. Mais ils embêtent drôlement le Canadien.

Voyons jusqu'où ils pourront aller. Frapperont-ils le mur quelque part en février ou en mars, ou imiteront-ils les Golden Knights de Vegas? On ne sait jamais, avec un grand coach et une bande de joueurs sous-estimés...

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À LIRE


Quelle lecture agréable que l'histoire de l'amitié naissante entre Victor Mete et Jesperi Kotkaniemi, racontée par Jean-François Tremblay. Ils se sont connus à un meeting de l'Association des joueurs au début de l'été, sont devenus coéquipiers, co-chambreurs en voyage et maintenant voisins dans le Vieux-Montréal!