Il s’est pointé dans le vestiaire du Complexe Bell de Brossard avec son sac d’équipement des Badgers du Wisconsin et à peine quatre ou cinq bâtons sur l’épaule, en avril 2021.

Je le savais petit, mais pas à ce point. Il est rare que je puisse regarder un joueur directement dans les yeux. Sa poignée de main était solide et j’ai vu le feu dans son regard. Il ne semblait pas du tout intimidé par son nouvel environnement.

J’avais quand même des doutes sur ses chances de réussir à percer le club. Pas que je n’y croyais pas, Cole Caufield venait tout de même de marquer 30 buts en 31 matchs au Wisconsin, mais les joueurs de 5 pieds 7 pouces ne sont pas légion dans la Ligue nationale et il y a toute une coche entre la NCAA et la LNH.

Il fallait d’abord régler rapidement la question de ses bâtons. On ne va pas loin avec quatre ou cinq bâtons, dont seulement deux neufs. Heureusement, les représentants sont toujours très allumés et celui de Bauer était déjà sur le cas avant même que je n’aie à entreprendre les démarches auprès de lui.

On m’a informé qu’il devait lui rester onze ou douze bâtons en stock à l’université. Généralement, quand un joueur passe d’une équipe à une autre dans la Ligue nationale, on envoie ce qu’il lui reste de bâtons sans poser de questions. C’est un échange de bons procédés. Mais les universités ont des budgets plus serrés. Bauer leur a donc crédité les bâtons restants et j’ai ensuite pu les acheter de Bauer.

Il y a peut-être juste les Hurricanes qui sont plus pingres. Quand Joel Edmundson est arrivé à Montréal, en provenance de la Caroline en septembre 2020, ils m’avaient envoyé seulement six bâtons et fait créditer les douze autres. Je me rappelle avoir dit à mon adjoint, Patrick Langlois :

– Retenez bien ça, les gars, pour la prochaine fois qu’on a un échange avec la Caroline !

Un an plus tard, quand Jesperi Kotkaniemi est passé aux Hurricanes, je leur ai envoyé juste quelques bâtons et je me suis fait créditer ceux qui restaient. J’ai été direct avec mon confrère des Hurricanes.

– Si tu en veux plus, appelle Bauer…

Quand Cole a sorti sa paire de patins de son sac, je suis resté surpris. Il porte des cinq et demi. Je n’en avais jamais vu d’aussi petits ! L’ancien capitaine, Brian Gionta, qui mesurait lui aussi 5 pieds 7 pouces, portait des six.

Je lui en ai commandé une autre paire, car tous les joueurs ont au moins deux paires de patins. Je savais qu’ils arriveraient rapidement parce que les patins Bauer sont fabriqués à Blainville. Il a également fallu que je commande six paires de lames parce que je n’en avais évidemment pas de sa taille en stock !