Gary Bettman, notre commissaire favori à tous, n'a jamais caché son but: ce qu'il a toujours voulu, c'est vendre le hockey aux Américains. Ce qu'il a toujours voulu, c'est que sa ligue fasse jaser par là-bas, autant que la NFL ou la NBA.

Eh bien, le commissaire va peut-être gagner son pari. Mais ce ne sera pas pour les bonnes raisons.

Oui, la LNH a beaucoup fait jaser dans les médias américains cette semaine. Sur les sites de FOX ou ESPN, par exemple, il y avait du hockey en masse. Mais ce qu'on pouvait y lire avait bien peu à voir avec le hockey. Hier, la page hockey de FOX présentait quatre textes principaux... dont deux qui portaient sur des histoires de bagarres.

 

Le Boston Herald, qui n'a pas l'habitude de donner beaucoup de place à la rondelle, avait les Bruins comme sujet principal sur sa page Sports d'hier. La photo? Un beau portrait de Shawn Thornton en train de réarranger le portrait de Matt Cooke. «Le match (de jeudi soir) fut le match le plus attendu au Garden cette saison, et cela n'avait rien à voir avec le hockey», pouvait-on lire dans le texte du Herald.

Magnifique, n'est-ce pas?

Comme une chanteuse disco qui refuse d'évoluer, la LNH reste prise dans les années 70. Gary et ses penseurs croient encore que c'est la violence qui fait vendre des billets. Alors on laisse les joueurs se taper dessus. Le pire, c'est que les médias américains ont l'air d'adorer ça.

«Je ne suis pas sûr que c'est l'image qu'on veut projeter, me disait Brian Gionta après l'entraînement du Canadien, hier. J'imagine que toute forme de publicité est bonne pour la Ligue...»

Soyons sérieux: si la LNH voulait vraiment éliminer les bagarres ou les coups à la tête, ça fait longtemps que des règlements à cet effet auraient été mis en place. Mais pourquoi changer une recette gagnante? Ça va tellement bien comme ça...

Heureusement, il existe une lueur d'espoir: les joueurs. Ils sont de plus en plus nombreux à trouver que ça commence à faire. Ils sont de plus en plus nombreux à trouver que le hockey des années 70 doit disparaître pour de bon.

«Il y a un nombre incroyable de coups vicieux, et ce n'est pas ce que le hockey est censé être, expliquait hier le défenseur Josh Gorges. Le hockey est un sport physique. Personne n'est contre ça. Mais personne ne veut non plus voir des gars sortir sur des civières.»

Gorges, le nouveau représentant des joueurs chez le Canadien, pense que l'Association des joueurs et la LNH vont tenter de trouver une solution au problème des coups vicieux. «Il y a des changements qui vont devoir être faits, je crois que les joueurs et la Ligue s'entendent là-dessus, a-t-il ajouté. Ça pourrait se faire à l'été, surtout avec le nombre d'incidents qu'on a vus récemment... et durant toute la saison.»

C'est déjà ça. En attendant, le hockey retrouve dangereusement ce côté folklorique qu'il a trop souvent affiché par le passé. C'est précisément pourquoi ce sport n'est pas pris au sérieux aux États-Unis; parce que dans sa forme actuelle, il est trop primitif pour être pris au sérieux. Pas surprenant que dans certains marchés, les courses de tracteurs sont plus populaires que le hockey...

Pendant ce temps, je vous le demande: où est passé le «buzz» olympique? Près de 28 millions de téléspectateurs américains ont vu le match de la médaille d'or des Jeux de Vancouver. C'est énorme. Assez énorme, disait-on, pour relancer le hockey au pays de Lady Gaga.

Mais depuis, le «buzz» s'est un peu estompé. La chaîne américaine Versus a dû se contenter d'une moyenne de 263 000 téléspectateurs pour ses trois premiers matchs au retour de la pause olympique...

Je ne sais pas ce que ça va prendre pour vendre le hockey aux Américains, mais je suis pas mal certain d'une chose: ça va prendre plus que Shawn Thornton et Matt Cooke.