(Kloten, Suisse) Quand il finit de jouer un match à domicile, on peut dire que David Reinbacher n’est pas sorti du bois. Littéralement.

Le terme « choc culturel » est peut-être fort, mais l’amateur de hockey nord-américain qui se rend au Stimo Arena de Kloten va certainement vivre quelque chose qui s’y apparente.

Ce matin-là, nous partions de la gare Centrale de Zurich-Kloten, qui est la banlieue aéroportuaire de Zurich, le Dorval de l’endroit, pourrait-on dire, en plein centre-ville de la métropole économique de la Suisse. Un court trajet de tramway, un autre court trajet en autobus, puis l’application nous signale qu’il nous reste une quinzaine de minutes de marche pour arriver à destination.

L’itinéraire devient intrigant quand on tourne à droite pour aboutir à l’entrée d’un sentier pédestre ceinturé d’arbres. Le chemin est parsemé de stations du Vitaparcours, soit des modules d’objets bien simples, en bois, qui permettent de faire des exercices supplémentaires chemin faisant. Pas une mauvaise idée si le plan est ensuite de s’empiffrer d’un Schluefweg Burger et de pommes frites.

PHOTO GUILLAUME LEFRANÇOIS, LA PRESSE

Les stations d’hébertisme sur el chemin de l’aréna

Le gris finit par poindre entre les arbres. C’est bel et bien l’aréna… en plein milieu du bois ! Un peu comme si une équipe professionnelle jouait ses matchs en plein cœur de l’Île-de-la-Visitation dans Ahuntsic.

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L’aréna apparaît au fond du sentier

La surprise est encore plus grande quand on fait le tour de l’aréna pour constater qu’on n’est pas simplement arrivé par le « côté cour » ; les arbres sont des quatre côtés ! Le Nord-Américain ne peut donc s’empêcher de se poser la question qui tue : mais où gare-t-on la voiture ? L’unique stationnement sur le site est situé sous l’aréna et semble clairement réservé au personnel et aux joueurs. Après consultation, on réalise que les deux stationnements officiels sont à une quinzaine de minutes de marche.

Vous avez donc bien compris : un amphithéâtre sportif construit dans le bois, sans stationnement asphalté pour les voitures. On connaît des animateurs de radio qui ont fait des convulsions pour moins que ça.

À notre retour, deux jours plus tard, on arrive cette fois d’un hôtel situé à Kloten même, à quelques minutes de marche de l’aréna. Mais le trajet d’une quinzaine de minutes passe encore une fois par un bois.

Tout un contraste par rapport au Centre Bell, au Madison Square Garden et au TD Garden, entourés de gratte-ciel.

Bonne ambiance

Inauguré en 1997, le Stimo Arena peut accueillir 7600 spectateurs, dont 5300 assis. Avec un seul niveau de gradins et un « cube » – c’est le nom donné à l’écran géant par ici – pas exactement dernier cri, l’amphithéâtre se compare aux plus vieux amphithéâtres de la Ligue américaine. Il a toutefois les qualités de ses défauts, pour le public : le jeu est proche et l’ambiance est festive. Ce l’était particulièrement le soir de notre visite, puisque les visiteurs, Rapperswil-Jona, sont un des grands rivaux de Kloten.

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Les ultras de Kloten en bleu-blanc-rouge, à côté des ultras de Rapperswil-Jona en rouge

Comme c’est le cas dans plusieurs arénas européens, une section au bout est réservée aux ultras qui, comme au soccer, crient et chantent pendant toute la durée du match. La particularité, cependant, c’est que la section réservée aux ultras de l’équipe visiteuse est située tout juste à côté de celle des ultras de Kloten ! Lorsque le match prend fin, on évacue donc d’abord les partisans de l’équipe visiteuse, le temps qu’ils montent dans l’autobus, puis on permet aux ultras de Kloten de sortir.

Ce soir-là, les fans de Kloten ont une bonne raison de patienter dans les gradins. Leur équipe a gagné, et comme le veut la tradition, les joueurs restent pour saluer la foule. Le joueur du match, Axel Simic, se permet même une culbute devant la section des ultras.

Voyez Axel Simic faire une culbute

La foule rugit, c’est l’euphorie. À voir cette réaction, on comprend les Hurricanes de la Caroline d’avoir adopté cette tradition après les victoires à domicile.