(Ottawa) Il n’est pas habituel, le matin d’un match, que le principal sujet de conversation entourant le Canadien soit la rencontre suivante, disputée deux jours plus tard.

C’était pourtant la situation en ce samedi matin pluvieux dans la douce banlieue d’Ottawa. Un peu parce que les enjeux liés au duel contre les Sénateurs en soirée sont minces. Beaucoup en raison de l’arrivée prochaine de Lane Hutson avec le grand club.

Le jeune défenseur, dominant sur le circuit universitaire américain, a signé son premier contrat professionnel vendredi. Il rencontrera ses nouveaux coéquipiers dimanche à Detroit, et même si Martin St-Louis ne s’est pas avancé sur sa participation au match de lundi contre les Red Wings, on peut parier que le nouveau numéro 48 du Tricolore vivra ce jour-là son baptême de la LNH.

Au moment où bien des amateurs sont impatients de voir ce jeune prodige faire le saut chez le Canadien, l’entraîneur-chef a plutôt adopté la posture de la prudence à son endroit. Après avoir amassé 97 points en 77 matchs à Boston University, Hutson arrive avec des atouts offensifs hors du commun.

Mais à 5 pi 10 po et un peu plus de 160 livres, il aura fort à faire pour se mesurer à des joueurs plus vieux et, surtout, plus costauds que lui.

« Jusqu’ici, il a prouvé à tous les niveaux qu’il a des atouts pour avoir un impact dans un match, a convenu St-Louis. Là, il faudra voir s’il est capable de continuer à faire ça à ce niveau-là. »

Son arrivée tardive dans l’équipe, avec seulement trois matchs à disputer, « fait partie des fins de saison, dans la situation où on est », a-t-il souligné.

On va l’accueillir comme on accueille tous les jeunes joueurs.

Martin St-Louis, au sujet de Lane Hutson

Le contexte sera d’autant plus difficile pour Hutson du fait qu’il n’aura vraisemblablement droit à aucun entraînement complet avant de disputer un match. Le club prendra probablement congé à Detroit dimanche, puis affrontera les Wings deux fois en deux soirs. La préparation de la recrue se limitera donc à quelques réunions et à un échauffement matinal lundi. « Je pense que ce serait bien d’avoir des pratiques, mais on n’a pas ce luxe, a encore dit St-Louis. On verra où ça va. »

Le pilote, par ailleurs, affirme ne pas avoir eu beaucoup de temps pour étudier le jeu de Hutson. « Ce que je vois, c’est un peu ses faits saillants. C’est sûr que c’est le fun à voir, mais moi, j’aime ça voir tout le match. »

Déception à Ottawa

En attendant Lane Hutson et le match de lundi à Detroit, il y a toujours bien une rencontre samedi soir, à Ottawa. Cayden Primeau défendra le filet montréalais, tandis qu’en attaque, Tanner Pearson cédera sa place à Jesse Ylönen.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Cayden Primeau

Nous l’évoquions plus haut, cet affrontement offre peu, voire pas d’enjeux, à moins d’être un inconditionnel de la loterie déterminant les rangs au repêchage. Un seul point sépare en effet les deux équipes au classement général, si bien que le perdant de ce choc des titans verra croître ses chances de terminer au 28e rang.

Vu les attentes basses liées au Canadien cette saison, ce n’est pas exactement une surprise que ça se finisse comme ça. Mais chez les Sénateurs, cet état de fait est une déception.

Avant que s’amorce la saison, on pouvait croire que la reconstruction allait finalement porter ses fruits dans la capitale fédérale et qu’une participation aux séries éliminatoires était envisageable. Avec trois matchs à disputer, les Sens se retrouvent plutôt à 12 points du dernier rang y donnant accès. Un début de campagne catastrophique, qui a coûté l’emploi du directeur général Pierre Dorion puis de l’entraîneur-chef D. J. Smith, a laissé l’équipe devant un retard impossible à combler, et ce, malgré une deuxième moitié de calendrier plutôt positive (19-16-3).

Samedi matin, Thomas Chabot a refusé de parler d’une saison « perdue », qu’il a plutôt décrite comme une « année d’apprentissage », où la « constance » a fait défaut.

On a eu de mauvaises séquences, mais si tu en gagnes deux ou trois dans ces séquences, ça change la saison au complet. Mais c’est facile pour moi de dire ça en ce moment.

Thomas Chabot

« L’année passée, c’était la première fois qu’on se rendait si proche, a-t-il dit aux journalistes montréalais. Au bout du compte, c’est juste de l’apprentissage. Au hockey, parfois, ce n’est pas ta soirée. Mais une équipe comme les Bruins de Boston, les soirs où ça ne va pas bien, on regarde ce qu’ils font, comment ils jouent pour se donner une chance de gagner tous les soirs. C’est ce qu’on apprend. »

Jacques Martin, entraîneur-chef par intérim, prévoit que des « changements » seront apportés à la formation pendant la saison morte. Il reviendra à la direction de « décider avec quels joueurs aller de l’avant », mais aussi de déterminer la manière dont on voudra entourer le noyau encore jeune du club. L’évaluation se fera autant en attaque qu’en défense et devant le filet, a-t-il noté. En somme, après une saison tumultueuse, l’été ne s’annonce pas des plus tranquilles à l’ouest de la rivière des Outaouais.

Pour ce dernier match local des Sénateurs en 2023-2024, l’attaquant étoile Tim Stützle manquera à l’appel, lui qui soigne une blessure au « haut du corps ». L’équipe est aussi privée des services de Josh Norris depuis plusieurs semaines.