Depuis plusieurs années, le Canadien fait appel au DDavid Scott comme consultant en psychologie sportive. Son mandat consiste notamment à aider les joueurs, mais il peut aussi donner un coup de pouce aux entraîneurs si l’occasion se présente.

C’est arrivé lundi matin, à l’entraînement du Rocket de Laval à la Place Bell. Jean-François Houle, l’entraîneur-chef, l’a croisé. « Il me dit : “Coach, c’est toute une saison !” J’ai dit : “Ouin, j’aimerais ça participer aux séries !” Et il a mis ça de l’autre bord parce que c’est sa job de mettre ça de l’autre bord, pour me faire réaliser que “hey, c’est correct”. »

Et l’autre bord, c’était quoi ? « Il dit : “Si je t’avais dit en début d’année qu’avec ta jeune équipe, avec quatre matchs à jouer, tu te battrais encore pour les séries, serais-tu content ?” J’ai dit : “Absolument” », a relaté Houle, après l’exercice du jour.

Le Rocket compte 72 points, ce qui lui vaut le cinquième rang de la division Nord, le dernier donnant accès aux séries, avec quatre matchs à jouer : deux contre Cleveland cette semaine, deux contre Belleville la semaine prochaine.

La lutte est corsée. Belleville compte aussi 72 points, mais avec deux matchs de plus à jouer que Laval. Utica est à 71 points, avec un match de plus à jouer que les engins de l’espace.

Le Rocket se trouve donc en position précaire, tout ça au moment où Jean-François Houle et le Canadien doivent s’asseoir pour négocier la suite des choses.

Houle écoule en effet la troisième et dernière année de son contrat avec le CH. Lui et ses adjoints Martin Laperrière et Kelly Buchberger avaient été embauchés en juillet 2021, dans les derniers mois du régime Marc Bergevin. Le directeur général du grand club a évidemment changé depuis, mais John Sedgwick, maintenant DG du Rocket, y est toujours.

Le coach sent-il que son avenir à Laval se joue dans les deux prochaines semaines ? « Non, aucunement. Le groupe d’entraîneurs, on fait du bon travail depuis trois ans, estime Houle. Ce n’est pas moi qui en décide, parce que c’est comme ça dans le hockey. Mais ce n’est pas une pression de plus.

« J’ai beaucoup d’expérience. Si ce n’est pas ici avec le Canadien de Montréal, ce sera avec quelqu’un d’autre. Mais j’aime l’organisation, j’aime où je suis à Laval. Je pense qu’on est très bien traités. On verra en temps et lieu. »

Houle a précisé qu’il a été convenu que les discussions auront lieu « à la fin de la saison ».

Quels critères ?

Le Rocket est passé à une victoire de la finale de la Coupe Calder, en 2022, première saison de Houle à la barre de l’équipe. L’an dernier, Laval s’est incliné 2-0 au tour de qualification.

Sauf que « personnellement, je pense que dans la Ligue américaine, tu devrais être évalué sur le développement des joueurs, croit Houle. Gagner, c’est un plus. Et les faire jouer dans des matchs significatifs, que ce soit en séries ou en fin d’année, c’est important pour les faire grandir ».

Pendant les années de Sylvain Lefebvre, on déplorait souvent le fait que le club-école ne fournissait pas de joueurs au Tricolore. Ses équipes (Hamilton, St. John’s et Laval) avaient par ailleurs raté les séries cinq années sur six, et perdu au premier tour lors de la seule qualification. Des années Joël Bouchard, les attaquants Jake Evans et Michael Pezzetta sont les principaux héritages. Collectivement, son bilan est partiel, puisqu’il n’y a pas eu de séries lors de deux de ses trois saisons, en raison de la pandémie.

La situation a bien changé. Moult membres de l’équipe actuelle sont passés par le club-école. Certains à long terme, d’autres en coup de vent.

Matchs (saison et séries) joués avec le Rocket depuis l’arrivée de Jean-François Houle, membres actuels du Canadien

  • Rafaël Harvey-Pinard : 126
  • Jesse Ylönen : 107
  • Cayden Primeau : 90
  • Justin Barron : 55
  • Joshua Roy : 41
  • Jayden Struble : 23
  • Arber Xhekaj : 17
  • Joel Armia : 8
  • Michael Pezzetta : 8
  • Cole Caufield : 6

« Nos jeunes ont très bien progressé. [Logan] Mailloux a progressé, [Sean] Farrell a eu beaucoup de glace, [Brandon] Gignac a signé un contrat de la Ligue nationale. Armia et Struble sont passés par ici », a-t-il énuméré.

Le nom de Joshua Roy lui a été suggéré, puis il a enchaîné. « [Jakub] Dobeš a progressé depuis le début. J’aime beaucoup ce que je vois de [David] Reinbacher depuis qu’il est ici. Si on parle de développement, on est très satisfaits de la façon dont les choses se sont passées. »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

David Reinbacher lors d’un match du Rocket contre les Senators de Belleville, le 29 mars

La question va assurément rebondir au bilan de fin de saison de Kent Hughes, la semaine prochaine, au moment où il restera deux matchs cruciaux à la saison du Rocket. À son point de presse de mi-saison, Hughes avait déclaré que Houle faisait « de l’excellent travail ».

Reinbacher, Lane Hutson, Adam Engström, Owen Beck et Filip Mesar, entre autres, devraient arriver à temps plein dans l’organigramme la saison prochaine. Comme ils ne pourront pas tous amorcer la saison à Montréal, il y aura des chantiers importants à Laval.

Un système complexe

Ceux qui ont déjà eu à composer avec la terminaison d’un régime de retraite le savent : certaines choses sont complexes dans la vie. Le format des séries dans la Ligue américaine en fait partie. La ligue a beau compter 32 équipes comme la LNH, l’asymétrie des divisions l’empêche d’instaurer les mêmes règles de qualification. Cette saison, 23 des clubs y participeront. Dans la division Nord (celle du Rocket) et dans la Centrale, cinq des sept équipes se qualifieront. Dans l’Atlantique, les six meilleures équipes (sur huit) y participeront, tandis que dans la populeuse division Pacifique, sept des 10 équipes obtiendront un billet. Dans la division Nord, les trois premières positions obtiennent un laissez-passer pour le deuxième tour. Seules les équipes occupant les positions 4 et 5 disputeront le premier tour, une série deux de trois. Le gagnant affrontera le champion de la division Nord. Le Rocket est à huit points du troisième rang de sa division. À moins d’un miracle, il devra donc disputer le premier tour des séries et n’obtiendra pas de laissez-passer.

Byron l’a encore !

Paul Byron a marqué une pléthore de buts en échappée pendant sa carrière de joueur à Montréal et il a démontré qu’il a encore le tour, deux ans après son dernier match. Byron a chaussé les patins avec le Rocket, lundi, en sa qualité de consultant au développement des joueurs du Canadien. L’exercice s’est conclu par une compétition de tirs de barrage et Byron, membre des blancs, a touché la cible à sa première tentative, sur une jolie feinte. Sa deuxième tentative a ensuite été bloquée. Ce sont finalement les rouges qui l’ont emporté, forçant Byron et les blancs à faire des longueurs de patinoire. Le jeune retraité patinait encore comme le vent. « Je l’ai vu scorer à la télé, mais de le voir en personne… Il est bon, il sait ce qu’il fait, il n’a pas perdu ses mains ! », s’est émerveillé le défenseur William Trudeau.

L’autre Xhekaj débarquera-t-il ?

Florian Xhekaj, espoir du Canadien et frère de, a été éliminé des séries de l’OHL. Les Bulldogs de Brantford ont en effet perdu en six matchs au premier tour, contre les 67 d’Ottawa. Jean-François Houle a dit ne pas savoir si Xhekaj allait rejoindre le Rocket cette semaine à Cleveland (l’équipe y joue jeudi et samedi). L’attaquant repêché au quatrième tour en 2023 ne détient pas de contrat avec le Canadien, mais il pourrait signer un contrat d’essai afin de finir la saison avec Laval. C’est d’ailleurs ce qu’avait fait Joshua Roy il y a deux ans, au terme de sa saison junior.