« Je pense que je suis la preuve que si tu n’arrêtes pas de travailler sur ton rêve, tout est possible. »

Les Maple Leafs de Toronto ont leur lot de joueurs vedettes. Il y a Auston Matthews, premier choix au total en 2016. John Tavares, premier choix au total en 2009. Mitch Marner, quatrième choix au total en 2015. William Nylander, huitième choix au total en 2014.

Et à l’autre bout du spectre, il y a Simon Benoit, jamais repêché.

« Je n’ai jamais eu le chemin facile. Je suis toujours passé par la porte d’en arrière et je me suis rendu où je suis aujourd’hui. Parfois, je pense que le monde n’en parle pas assez », a estimé le Lavallois de 25 ans, samedi matin, après l’entraînement matinal optionnel des Leafs au Centre Bell.

Voilà donc l’occasion parfaite d’en parler.

Contrairement à bien des joueurs qui atteignent la Ligue nationale, Simon Benoit a souvent dû faire des détours pour atteindre son rêve. Adolescent, il a évolué dans le midget AA plutôt que le midget Espoir ou le midget AAA, racontait-il à LNH.com en 2021.

Le départ imprévu d’un joueur au sein de l’équipe midget Espoir lui a valu un rappel en cours de saison. C’est là qu’il s’est fait remarquer par l’équipe midget AAA locale, le Rousseau Royal de Laval-Montréal, ce qui lui a éventuellement permis d’être repêché au 8tour par les Cataractes de Shawinigan dans la LHJMQ.

Benoit a été ignoré à deux reprises au repêchage de la LNH avant de recevoir une invitation au camp des Gulls de San Diego, club-école des Ducks d’Anaheim, en 2018. Là-bas, il a été assez convaincant pour obtenir un premier contrat professionnel d’une saison dans la Ligue américaine.

L’année suivante, il réussissait à obtenir une deuxième entente, à deux volets cette fois, qui s’étendait sur trois ans. Salaire annuel moyen dans les mineures, en excluant les bonis à la signature : 61 700 $.

Là encore, il a convaincu l’organisation de lui offrir un premier rappel. Puis un deuxième. Au cours des trois dernières saisons, le défenseur a disputé 137 matchs avec les Ducks d’Anaheim.

Voilà que l’été dernier, il s’est retrouvé sans contrat.

PHOTO MATT SLOCUM, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Simon Benoit

Ce n’est jamais le fun de passer l’été sans contrat. Ç’a pris du temps avant que je signe, mais je pense que dans la vie, il n’y a rien qui n’arrive pour rien.

Simon Benoit

Il a finalement trouvé preneur chez les Leafs, qui lui ont offert une entente d’une seule saison à deux volets. Et il a commencé la campagne dans la Ligue américaine, où il a joué deux matchs avant d’être rappelé par le club torontois.

Cette saison, il a disputé 57 rencontres avec les Leafs. Et il y a une semaine, le 30 mars, il a signé son premier contrat à un volet dans la Ligue nationale. Trois ans à un salaire annuel de 1,35 million de dollars.

Persévérance, dites-vous ?

« Si je peux être une inspiration pour les jeunes qui pensent que leur rêve est fini parce qu’ils ont été coupés d’une catégorie quelconque… Je pense que je suis la preuve que si tu n’arrêtes pas de travailler sur ton rêve, tout est possible. […] Je suis très heureux que Toronto m’ait fait confiance et veuille que je fasse partie de son organisation pour les trois prochaines années. »

Beaucoup de fleurs

Au fil des années, à travers tous les moments d’adversité et d’incertitude, Simon Benoit n’a « jamais cessé de croire en [lui] ». « Je me suis toujours dit : on se retrousse les manches et on continue. »

Je suis un joueur qui se donne toujours à 120 %, qui n’est jamais facile à affronter. Ça fait partie de ma personnalité, et c’est cet acharnement-là, au cours de toutes ces années-là, qui a fait le joueur que je suis aujourd’hui.

Simon Benoit

Ça ne prend d’ailleurs pas la tête à Papineau pour comprendre qu’il est fort apprécié chez les Leafs. Il a suffi d’une question à l’entraîneur-chef Sheldon Keefe, samedi matin. Keefe s’est lancé dans un long monologue sur le jeu de son défenseur d’abord, puis sur sa personnalité « formidable ».

« Il travaille extrêmement fort. Il est très facile à coacher. Il veut devenir meilleur. C’est un ajout formidable à notre groupe. Ç’a été un début difficile pour lui parce qu’il a dû aller jouer dans les mineures, composer avec des blessures et tout ça, mais on ne peut pas demander mieux de la façon dont il a composé avec ça. »

Même son de cloche du côté du vétéran John Tavares, qui a énuméré les qualités de Benoit sans aucune hésitation.

« Il est phénoménal depuis qu’il est avec nous. […] Il croit en lui, il se pousse pour avoir un impact chaque fois qu’il en obtient l’opportunité. Nous sommes très heureux pour lui et il est vraiment une partie importante de notre groupe. »

« Je veux gagner »

Simon Benoit a beau être soulagé d’avoir apposé sa signature au bas d’une nouvelle entente de trois ans, il n’est pas question pour lui de mettre le pied sur la pédale de frein. Ce n’est tout simplement pas dans sa nature.

« Je veux montrer que je devrais être dans l’alignement pour le premier match [des séries]. Je veux qu’ils me veuillent dans ce match-là. »

« Une fois que tu obtiens leur confiance, tu ne peux pas juste te reposer sur tes lauriers. Il faut que tu continues à travailler, à prouver que tu as ta place. […] J’ai des attentes envers moi-même, je veux gagner et je veux tout faire pour gagner. »

C’est clair ?

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