John Tortorella est apparu de mauvais poil lors de la rencontre avec les médias jeudi matin au Centre Bell.

Il a bien voulu confirmer que Samuel Ersson serait son gardien partant, avant d’enchaîner quelques réponses sèches. Que pense-t-il du niveau de compétition du Canadien, son adversaire en soirée ? « Je ne le regarde même pas. Je regarde notre équipe. »

Qu’a-t-il pensé de la réponse de son capitaine, Sean Couturier, qui vient de prendre part aux trois derniers matchs des siens après avoir été laissé de côté deux matchs de suite ? « Je n’en parle pas. Je n’en ai pas parlé avec eux, a-t-il dit, pointant les journalistes de Philadelphie. Je n’en parlerai pas avec vous. »

On en déduit que le sujet demeure délicat. Daniel Brière, directeur général des Flyers, était toutefois plus disposé à en parler.

« En première moitié de saison, Sean a été excellent, a souligné le jeune DG. Il a joué beaucoup de hockey. Il a raté presque deux ans et en début de saison, il jouait 20, 22 minutes par match, dans toutes les situations, et ça l’a rattrapé. Ça a été plus difficile dernièrement, mais je n’ai aucun doute qu’il va se relever. Il avait peut-être juste besoin d’un reset. »

Il a très bien joué depuis qu’il est revenu, même s’il n’a pas eu autant de minutes. Il n’y a aucun problème de mon côté avec Sean et ça va se replacer très rapidement.

Daniel Brière, directeur général des Flyers

L’explication des minutes jouées en début de saison ne semble pas particulièrement émouvoir Couturier, à voir la moue qu’il a faite et le bruit plutôt difficile à décrire qu’il a émis quand on lui a présenté l’explication de Brière, après l’entraînement.

« C’est une façon de voir les choses. Je ne suis pas tout à fait d’accord et je le lui ai dit, a affirmé le Néo-Brunswickois. Mon dos va bien. C’est le reste du corps, à la longue. On dirait que chaque semaine, quelque chose poppait. Je ne sais pas si je suis rattrapé par les deux ans sans hockey, par une saison de 82 matchs. Peut-être, mais je pense que ce sont plus des petits bobos qui m’ont rattrapé. »

J’attends juste ma chance de prouver que je suis encore le joueur que j’étais. Je l’ai montré dans les 40 premiers matchs, j’ai une léthargie en ce moment.

Sean Couturier

À 24 reprises cette saison, Couturier a excédé les 20 minutes de jeu, atteignant même 24 min 1 s le 6 janvier. Il n’a toutefois pas dépassé les 20 minutes depuis le 23 janvier. Son rendement offensif en a souffert, mais défensivement, les indicateurs ne sont guère encourageants. Il n’a pas terminé un match avec un différentiel positif depuis le 6 février. Depuis ce jour, c’est un rendement de -17 en 20 matchs.

La situation est délicate pour plusieurs raisons. Couturier possède un statut chez les Flyers. Il a été nommé capitaine le 15 février, justement au moment où s’amorçait sa glissade. Peut-être plus inquiétant pour Brière, Couturier écoule la deuxième année d’un contrat de huit ans, signé à l’été 2021. Jusqu’en 2030, le numéro 14 comptera pour 7,75 millions de dollars dans la masse salariale des Flyers.

Et c’est sans oublier que, contre toute attente, les Flyers participeraient aux séries si elles commençaient aujourd’hui. L’équipe a cruellement besoin de points, a rappelé Tortorella, donc il n’est pas en position de ménager les susceptibilités.

« Je dois m’adapter à la vitesse de jeu à ce temps-ci de l’année. Ça fait trois ans que je n’ai pas joué à ce temps-ci de l’année, a rappelé le principal intéressé. C’est une adaptation, mais je pense en être capable. Je n’ai jamais été le plus rapide, mais j’ai toujours eu une bonne tête de hockey et j’ai pu m’adapter à plein de situations. Je ne suis pas inquiet, je vais m’en sortir et je serai plus fort. »

De bons mots pour Poehling

PHOTO DAVID KIROUAC, USA TODAY SPORTS

Ryan Poehling (25)

La dégringolade de Couturier a toutefois souri à Ryan Poehling, ancien choix de premier tour du Canadien.

Le Tricolore avait essentiellement abandonné le jeune homme, réclamé au 25rang en 2017. À l’été 2022, il a été échangé aux Penguins, en compagnie de Jeff Petry, contre Mike Matheson. L’inclusion de Poehling dans la transaction avait peu fait jaser à l’époque, tant il semblait clair qu’il ne faisait plus partie des plans. Et à Pittsburgh, l’Américain a dû se contenter d’une douzaine de minutes par match.

L’été venu, il a profité de son autonomie pour se joindre aux Flyers. Le voici à 18 minutes par match en mars, dont un sommet personnel de 20 min 10 s au dernier match, à New York, mardi.

« Il a commencé la saison comme quatrième centre, a rappelé Tortorella. J’adore sa vitesse. »

Le bouillant entraîneur-chef y est ensuite allé de propos d’une rare honnêteté.

« Il n’excelle dans rien. Il n’excelle pas pour défendre, mais il peut défendre. Il n’est pas un excellent marqueur, mais il peut marquer de temps en temps. J’aime sa constance. Son trio nous donne du momentum. J’aimerais qu’ils marquent plus parce qu’ils passent beaucoup de temps en zone offensive. Mais dans son rôle, il nous donne les meilleures chances de gagner. »

Poehling, lui, affirme avoir toujours cru en ses chances de s’établir dans un rôle plus important, ce que les Flyers ont confirmé en lui offrant en janvier une prolongation de contrat de deux ans.

Le Canadien a-t-il abdiqué trop rapidement dans son cas ?

« Je ne sais pas. C’est dur à dire, admet-il. C’était dur ici à Montréal, je montais et je descendais. »

Obtenir un nouveau départ m’a fait du bien et Montréal a obtenu un excellent joueur en Matheson. Je crois que ça a fonctionné des deux côtés.

Ryan Poehling

Le cerveau de St-Louis

PHOTO CHRIS O’MEARA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

John Tortorella, entraîneur-chef des Flyers

On vous disait que Tortorella semblait de mauvais poil en début de point de presse. Il a fallu une question sur son homologue et rival du jour, Martin St-Louis, pour lui faire baisser la garde.

« On s’est parlé 30 minutes avant que je vienne vous voir. Je suis tellement content de voir que [son fils] Mason va mieux, j’étais en contact avec lui tout au long de la situation », a d’abord dit Tortorella, au sujet de son ancien protégé.

Il a ensuite vanté le niveau de dévouement de St-Louis envers son équipe et envers son métier. « Il a un des cerveaux les plus intéressants quand vient le temps de parler de hockey. Il ne peut pas donner toutes ses idées à son équipe, parce qu’il se passe beaucoup de choses dans sa tête ! On a eu plusieurs conversations à ce sujet, parce que quand j’étais son entraîneur, il me rendait fou. Mais il sera excellent.

« C’est plaisant pour moi, parce qu’on est à un autre niveau. On a vécu plein de choses, pas toujours belles, quand je le coachais. C’est plaisant de se parler aujourd’hui en tant qu’homologues. Vous êtes entre bonnes mains ici. »