(Denver) Martin St-Louis affirme avoir deux passions : sa famille et le hockey. « Dans cet ordre. »

C’est donc le père de famille qui a quitté l’entourage du Canadien en catastrophe, il y a 10 jours, pour se rendre au chevet de son fils Mason, 16 ans, hospitalisé en raison de complications faisant suite à un accident subi pendant un match de hockey.

Et c’est l’entraîneur-chef qui a laissé sa famille derrière lui, avec un pincement au cœur, pour retrouver son club à Denver, au Colorado. Il attendait ses joueurs à leur arrivée à l’hôtel, lundi. Les retrouvailles ont été émotives, selon Martin McGuire, descripteur des matchs au 98,5 FM, qui a assisté à la scène.

Aux poignées de main distribuées à chaque joueur et à chaque membre du personnel se sont ajoutées des accolades bien senties.

St-Louis ne cache pas qu’il a eu un certain pincement à quitter la maison familiale, au Connecticut, pour venir passer les dernières semaines de la saison avec le Tricolore. On comprend qu’il ne l’aurait pas fait si l’état de Mason avait encore suscité des inquiétudes. Or, voilà l’adolescent rentré chez lui avec sa mère.

Le pilote a ainsi rendu hommage à son « équipe à la maison », sans laquelle il n’aurait pas l’âme en paix.

« Je ne dis pas que c’est facile », a-t-il avoué mardi matin, à quelques heures du duel entre le Canadien et l’Avalanche du Colorado.

« On a une petite adaptation [à faire], c’est quelque chose qui est encore très frais. Mais on est dans une position où on était [à l’aise]. Les choses se sont replacées, et Mason retourne à sa normalité ; moi aussi, ma femme aussi. Ce sont des moments difficiles pour l’enfant et les parents, surtout ma femme – moi, j’en ai manqué un petit bout, mais elle était là quand tout s’est déroulé. »

« J’ai une bonne équipe ici, mais j’ai une très bonne équipe à la maison, a-t-il poursuivi. C’est ça que tu fais, comme équipe : tu restes ensemble et tu passes à travers ces moments difficiles là. J’ai une grande admiration envers ma femme pour la manière dont elle a géré tout ça. »

Il a tenu à souligner tout l’appui qu’il a reçu, que ce soit de la part de ses patrons, qui lui ont laissé tout l’espace nécessaire pour traverser cette épreuve sans se soucier du hockey, ou encore de la part de ses adjoints et de ses joueurs, et en provenance des quatre coins de la LNH.

« Le support que j’ai reçu, tu ne peux pas acheter ça, a-t-il dit. Ça me rappelle pourquoi je suis tombé en amour avec le hockey. Ce n’est pas juste le sport sur la glace, c’est tout ce que ça amène. C’est une petite communauté. C’est un beau sport. »

Fierté

Même s’il n’y était pas tenu, il a quand même suivi de près la destinée de son club, à distance.

St-Louis a ainsi communiqué de manière constante, jusque pendant les entraînements (!), avec ses adjoints.

À la télé, il a regardé les quatre matchs auxquels il n’a pu assister en personne. Et il l’a fait « comme un coach très fier » de ses troupes.

En son absence, l’équipe a présenté une fiche d’une victoire et trois défaites, dont une en prolongation. Ces résultats, il ne les a jamais évoqués avec les journalistes.

« Je suis tellement fier de faire partie de cette organisation-là, de la manière dont les choses se sont passées », a-t-il dit, vantant « le comportement » de ses troupes, « pas juste dans les matchs ».

Il a vu ses adjoints se diviser la tâche, avec Trevor Letowski qui a hérité du poste d’entraîneur-chef par intérim durant les matchs. « Il a super bien fait ça ! »

PHOTO JOE NICHOLSON, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Trevor Letowski a hérité du poste d’entraîneur-chef par intérim du Canadien.

« Comme entraîneur, c’est important d’être un leader […], mais aussi d’être entouré de leaders. J’ai ça dans mes coachs et on a ça dans nos joueurs », a poursuivi St-Louis.

« Ils ont tous pris la responsabilité de s’assurer que les choses ne changent pas. Leur attitude, leur éthique de travail, comment ils ont joué… Je regardais ça et j’étais vraiment fier. »

Parlant des joueurs, ils ont tous envoyé des messages à leur entraîneur, « pour qu’il sache qu’on pense à lui », a souligné Mike Matheson. Mais ils s’en sont tenus là, par respect pour ce qu’il vivait. « Tout le monde voulait lui donner du temps et lui laisser savoir qu’il n’avait pas besoin de se dépêcher. Qu’il y avait des choses très importantes dans la vie. »

Le défenseur québécois fait partie des quelques pères dans la formation et il a avoué que de voir St-Louis traverser cette épreuve l’a particulièrement ému.

« Tous les parents, on peut comprendre cette émotion, a-t-il conclu. Ça fait longtemps qu’on est sur la route et que je n’ai pas vu mon fils. J’ai hâte de le voir. »

Il n’est sans doute pas le seul.