À ce point-ci, on peut dire que l’équipe montréalaise a une bête noire. Ou plutôt une bête bleue.

On parle ici de l’équipe torontoise, au grand désespoir des amateurs de hockey québécois, qui a encore vaincu Montréal, cette fois-ci au compte de 2-1, dimanche, au PPG Paints Arena de Pittsburgh. Un match qui s’est joué devant 8850 personnes – un record local pour du hockey féminin.

La troupe de Kori Cheverie n’a pas encore trouvé le moyen de battre son grand rival en quatre affrontements cette saison, dont deux dans la dernière semaine.

Ce revers était aussi le troisième consécutif de la formation montréalaise. C’est la première fois qu’elle traverse une telle série de défaites cette saison. Résultat : elle a glissé au troisième rang du classement, à trois points de Toronto et du Minnesota.

Si Toronto est l’équipe de l’heure dans la LPHF avec 10 victoires consécutives, ce n’est pas pour rien. Dès le début de la rencontre, les joueuses de Troy Ryan étaient partout, appliquant de la pression, tournoyant en zone adverse sans grande difficulté. Les Montréalaises tentaient tant bien que mal de suivre le jeu dans leur zone.

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Hannah Miller (34) devant Ann-Renée Desbiens

« J’ai plus aimé notre jeu que lors des deux derniers matchs contre elles », a néanmoins dit Cheverie à La Presse après le match.

« Je pense que nous continuons de nous bâtir en tant que groupe, de peaufiner notre identité. Plus la saison avance, plus les enjeux sont élevés, plus les matchs sont serrés. Ce qui marchait au début du mois de janvier ne fonctionne pas nécessairement aujourd’hui. On continue de travailler à travers tout ça, mais nous sommes heureux avec quelques parties de notre jeu. »

Constance et travail individuel

Les récents résultats de Montréal ont, nécessairement, un lien à voir avec l’absence de Marie-Philip Poulin, meilleure joueuse et pointeuse du clan montréalais cette saison. La capitaine n’a pas joué le match « par mesure préventive », tout comme Ann-Sophie Bettez.

D’autres attaquantes ont bien tenté de pourvoir le grand vide laissé par les deux vétéranes ; Laura Stacey a été, sans contredit ni surprise, la meilleure joueuse sur la patinoire pour les Montréalaises.

C’est d’ailleurs son travail le long de la bande en milieu de première période qui a permis à Kristin O’Neill de marquer son premier but de la saison d’un tir on ne peut plus précis dans le haut du filet. Ce tir, survenu à la 13minute de jeu, était le premier de Montréal…

L’équipe montréalaise a retrouvé ses moyens après avoir créé l’égalité, mais Toronto a repris les devants en milieu de deuxième période, quand Kali Flanagan a compté sans angle. La rondelle a glissé entre l’épaule de Desbiens et le poteau gauche.

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Kali Flanagan (à droite) célèbre son but marqué en deuxième période.

Montréal a eu quelques bonnes occasions de niveler le pointage au troisième tiers. L’équipe a d’ailleurs bénéficié d’un avantage numérique dans les dernières minutes, mais elle n’a pas été en mesure de s’installer en zone ennemie. C’est dans de telles situations que Capitaine Clutch manque cruellement à l’équipe.

Quand on demande à Cheverie s’il y a une ou des attaquantes desquelles elle s’attend à plus dans les circonstances actuelles, l’entraîneuse-chef a préféré parler de constance.

Tout le monde est dans l’équipe pour une raison. C’est surtout une question de trouver de la constance à chaque match. Il y a différentes joueuses qui se lèvent chaque soir, ce qui est bien, mais c’est aussi bien d’avoir tout le monde qui se lève un même soir.

Kori Cheverie, entraîneuse-chef de l’équipe de Montréal

« Je mets le groupe au défi de faire un travail individuel de réflexion sur comment leur jeu, individuellement, a un impact sur notre équipe et comment il peut continuer à avoir un impact. Il y a plusieurs bonnes conversations à venir. »

Des changements prochains ?

Alors, que devra faire l’équipe montréalaise pour arriver à vaincre sa bête noire au Centre Bell le 20 avril prochain et, peut-être, en séries éliminatoires ?

« [Les Torontoises] jouent leur meilleur hockey, ce qui n’est pas encore notre cas, répond Cheverie. C’est un signe positif pour moi et pour notre personnel d’entraîneurs. Je pense que nous pouvons encore nous améliorer, alors qu’elles sont au mieux. »

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Kori Cheverie donne ses instructions à ses joueuses.

La date limite des transactions dans la LPHF est ce lundi, à 16 h. Danièle Sauvageau sera-t-elle tentée d’apporter un changement à sa défense, parfois un peu trop chambranlante ? Ou à son attaque, qui pourrait bien bénéficier d’une joueuse capable de trouver le fond du filet ?

En entrevue avec La Presse, la semaine dernière, la directrice générale avouait trouver difficile de « même penser à échanger quelqu’un », elle qui a, toute sa vie, « essayé d’offrir aux joueurs un environnement pour jouer ».

Comme les directeurs généraux ne peuvent échanger de choix au repêchage pour l’instant, il doit s’agir de joueuses seulement. Les transactions doivent donc, nécessairement, être « gagnant-gagnant », disait Sauvageau.

À ce sujet, Cheverie se dit « heureuse » avec l’équipe qu’elle a sous la main. « Elles ont mis l’effort pour nous amener où nous sommes présentement. Je pense que tous les directeurs généraux vont regarder comment ils peuvent soutenir leur équipe pour les séries, mais j’ai confiance en notre groupe. On verra ce qui arrivera. »

Le portrait peut toujours changer, mais Montréal se trouve pour l’instant en bonne position pour participer aux séries éliminatoires. Avec six matchs à jouer à la saison, disons que l’équipe devra retrouver le chemin de la victoire plus tôt que tard. Pour ça, un retour rapide de Poulin ne ferait pas de tort.

Et pour en revenir aux Torontoises, quel meilleur moment que le match au Centre Bell pour finalement avoir raison d’elles ?

À suivre…