Une vague de hockey féminin déferle sur la métropole depuis que la saison de la LPHF s’est amorcée en janvier dernier. On a appris il y a quelques jours que l’équipe montréalaise s’apprêtait à prendre le Centre Bell d’assaut et sa directrice générale, Danièle Sauvageau, révèle maintenant que l’engouement s’étend jusqu’à la Vieille Capitale.

« On parle beaucoup de Québec, d’y jouer un match », a-t-elle confirmé, mercredi, en entrevue avec La Presse.

Même si la vice-présidente aux opérations hockey de la LPHF, Jayna Hefford, a affirmé le 28 février qu’il n’y avait « rien sur la table » en matière d’expansion pour l’instant, Sauvageau soutient que « la Ligue est au courant que les gens [de Québec] sont intéressés à avoir un match ».

Si la DG se garde de fournir de plus amples détails, elle est catégorique : « Ce mouvement-là est parti et ça n’arrêtera pas. »

« Comme une vague, image-t-elle. Est-ce qu’elle va être un peu plus haute, puis un peu plus basse ? C’est ça, le prochain move : stabiliser ce qu’on a. »

Les choses vont bon train dans la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF). Mieux que prévu, en fait. « Je pense que nous avons surpassé les attentes de tout le monde. Surtout les miennes », disait l’administrateur de la Ligue, Stan Kasten, le 28 février.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

L’équipe féminine de Montréal attire les foules à l’Auditorium de Verdun depuis le début de la saison, et ses quatre rencontres à la Place Bell de Laval ont aussi été un succès.

À Montréal, l’équipe attire les foules à l’Auditorium de Verdun depuis le début de la saison. Ses quatre rencontres à la Place Bell, domicile du Rocket de Laval, ont aussi été un succès. Au premier, qui avait lieu un mardi de janvier, 6334 partisans s’étaient présentés. Au deuxième ? 8646. Pas moins de 10 172 personnes ont assisté aux troisième et quatrième affrontements.

On ne s’attendait pas à avoir autant de monde. Les spécialistes me disent qu’une des raisons pour lesquelles [ça fonctionne à] la Place Bell, c’est qu’il n’y en a pas, de billets.

Danièle Sauvageau, directrice générale de l’équipe de Montréal

Autrement dit, la rareté des billets attire les gens. Selon les « experts » consultés par Danièle Sauvageau, il faut créer « une demande sur les billets ».

« Depuis qu’on a fait l’annonce [de notre match au Centre Bell le 20 avril], c’est incroyable. Les gens disent : bien là, comment on va faire pour avoir des billets ? Si tu prends les 10 000 partisans de la Place Bell et que tu les additionnes [aux partisans] qui ne vont pas à la Place Bell, on est probablement déjà rendus près du record. »

Stabiliser

Revenons à la notion de « stabiliser » ce qui a été établi cette année. Comment ? « Les spécialistes me disent que c’est mieux de jouer dans des amphithéâtres qui sont pleins, explique Danièle Sauvageau. Même s’il te [reste seulement] 1000 [billets à vendre], la perception va dire que vous ne jouez pas devant des amphithéâtres pleins. »

Il s’agit donc d’être plus prudent que pas assez, propose-t-on à la directrice générale.

« C’est comme quelqu’un qui dit : j’aimerais ça courir. Les professionnels vont te dire : va courir 10 minutes, puis 12, puis 15 et 20. Là, on dirait que tu es capable de courir une heure. Si tu avais voulu faire une heure au début, tu l’aurais fait deux ou trois fois et tu ne l’aurais plus fait ensuite. »

Ce n’est pas de la prudence, mais quand tu montes une montagne, parfois, il faut que tu redescendes. Il faut stabiliser. Pour ça, je prends le temps de parler avec des experts pour demander : quelle est la meilleure chose qu’on devrait faire ?

Danièle Sauvageau

Accessibilité, lieu et autres décisions

Alors, quelle est la meilleure chose à faire ? Est-ce de jouer dans deux ou trois amphithéâtres par année ?

« Il y a des gens qui viennent à Verdun et qui ne viendront pas à Laval. Les gens de la Rive-Sud vont-ils aller à Laval ? Encore une fois, les agents d’immeubles te disent que tu ferais mieux d’acheter une maison plus petite, mais au bon endroit. »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

L’équipe féminine de Montréal attire les foules à l’Auditorium de Verdun depuis le début de la saison, et ses quatre rencontres à la Place Bell de Laval ont aussi été un succès.

Sauvageau veut aussi s’assurer de garder les matchs accessibles aux familles qui assistent déjà aux rencontres de Verdun. Ça passe non seulement par la proximité, mais aussi par l’accessibilité, en gardant les billets à un prix « raisonnable ».

« Je comprends que le hockey féminin fait maintenant partie de l’industrie du sport, mais il faut le garder accessible pour encore plusieurs années, insiste-t-elle. Et l’accessibilité passe par s’assurer que tu joues devant des amphithéâtres qui sont pleins. »

« Dans mon rêve à moi, ce serait de jouer deux ou trois matchs par année au Centre Bell. »

Une période des échanges particulière

La LPHF a annoncé mercredi que la date limite des échanges serait finalement le 18 mars à 16 h plutôt que le 17 mars comme prévu, afin de « tenir compte des matchs reprogrammés du week-end et des déplacements qui suivront ». Un gel des alignements a également été ajouté ; celui-ci est établi le 19 mars, à 12 h. Ce gel permettra à une joueuse « qui pourrait être libérée avant ou à la date limite des échanges de signer avec une autre équipe ». Chaque alignement devra compter 23 joueuses, en plus de 3 réservistes, en excluant les joueuses placées sur la liste des blessées à long terme.

Après l’entraînement de mercredi, Danièle Sauvageau s’est dite déchirée à l’approche de la date fatidique. « Je dis aux joueuses de ne pas le prendre personnel, parce que si ça ne dépendait que de moi, j’aurais 50 joueuses à Montréal. C’est probablement le plus difficile parce que, toute ma vie, j’ai essayé d’offrir aux joueuses un environnement pour jouer. Dans mon cas, de même penser à échanger quelqu’un, ce n’est pas un beau sentiment. »

Étant donné que les directeurs généraux ne peuvent échanger de choix au repêchage pour l’instant, il doit s’agir de transactions de joueuses. Autrement dit, ce doit être « gagnant-gagnant », dixit Sauvageau. « Ce n’est pas nécessairement de bâtir pour le futur, mais c’est de voir aussi à court terme. Il y a beaucoup de réflexion qui se fait. Si on va chercher une joueuse X parce que l’on considère qu’on doit s’améliorer dans telle composante, ça veut dire que les autres équipes aussi doivent s’améliorer. Ce n’est pas tant qui on veut aller chercher, c’est qui on ne veut pas laisser partir. »