(Columbus, Ohio) On ne pourra pas accuser Josh Anderson de ne pas essayer.

Le Tricolore s’entraînait dans la capitale de l’Ohio, mardi, une ville bien tranquille sans doute en partie à cause du froid winnipegois qui y sévit.

L’entraînement s’amorçait officiellement à midi, mais dès 11 h 40, Anderson, Joel Armia et Michael Pezzetta s’affairaient à un exercice à trois de tirs au but, encadré par le directeur du développement hockey du Canadien, Adam Nicholas. Ils étaient une bonne douzaine sur la patinoire, mais ces trois-là s’adonnaient à leur exercice bien à eux.

Les trois ailiers étaient postés en triangle rectangle, et tiraient tantôt du haut du cercle de mise en jeu, tantôt à l’embouchure du filet. Leur taux de succès était enviable, pour la simple et bonne raison qu’ils tiraient dans un filet désert.

« On est arrivés en avance, donc on voulait en profiter pour travailler, a expliqué Pezzetta, après l’entraînement. On s’exerçait à tirer, en recevant des passes soulevées, pour avoir un certain feeling. Ce sont des choses qu’on n’a pas vraiment le temps de travailler pendant les entraînements. »

On aurait bien voulu demander l’explication à Anderson, mais l’ailier n’a pas rencontré les médias. Il avait parlé aux journalistes à San Jose la semaine dernière et s’y était autoflagellé ; nul besoin d’en rajouter, même à la veille de nouvelles retrouvailles avec ses anciens potes. Le Tricolore protège son joueur qui vit des difficultés.

Pour rappel, Anderson, qui marque sa vingtaine de buts par tranche de 82 matchs avec régularité depuis son arrivée chez le Canadien, est coincé à 0 après 21 matchs cette saison. Dans les cinq derniers matchs, ses statistiques avancées dépeignent une situation encore plus préoccupante. Voici le ratio de ce que contrôle le Tricolore (par rapport à l’adversaire) lorsqu’Anderson est sur la patinoire à cinq contre cinq au cours de cette période, selon Natural Stat Trick :

  • Tirs : 23,6 %
  • Tentatives de tir : 32,1 %
  • Chances de haute qualité : 10 %

En fait, c’est seulement au chapitre des buts pour et contre (3-2) que Montréal affiche un bilan positif lorsque l’imposant numéro 17 est sur la surface.

Il va aux bons endroits pour marquer, il obtient des chances. Marquer dans cet aréna serait gros pour lui, surtout cette saison. Ça s’en vient, on croit en lui.

Nick Suzuki

Dans son rôle de capitaine du Canadien, Nick Suzuki se sent-il investi de la mission de lui remonter le moral ? « On veut tous s’entraider. Tout le monde a déjà connu des léthargies. Mais c’est difficile pour un gars qui a beaucoup marqué dans les années antérieures. Il faut rester positifs, nous assurer qu’il le reste, l’encourager, pour que son cerveau continue de croire qu’il fait les bonnes choses. »

D’autres joueurs en panne

Anderson n’est pas le seul attaquant en panne. Les vétérans Sean Monahan et Tanner Pearson le sont aussi. Martin St-Louis doit quant à lui naviguer dans ces eaux, et des solutions nucléaires comme celles de son vis-à-vis de demain, Pascal Vincent, ne semblent pas dans son arsenal. Du moins, pas en près de deux ans comme entraîneur du Canadien.

En ce moment, on a des gars qui ne jouent pas avec toute leur confiance, donc il faut gérer ça.

Martin St-Louis

Dans sa quête de solutions, Martin St-Louis a délicatement touché à ses deux derniers trios dans quelques exercices. Les rotations font en sorte qu’il est difficile d’en tirer des conclusions définitives, mais une des constantes était la présence de Pearson aux côtés de Jake Evans, dans ce qui ressemble à une rétrogradation pour le vétéran Pearson. Ladite rétrogradation semblait toutefois conditionnelle à l’insertion d’Armia dans l’effectif, un retour pas encore confirmé.

Les deux premiers trios sont cependant restés inchangés, car St-Louis doit voir à l’ensemble du groupe, et pas seulement au bien de deux ou trois vétérans. Or, dans ce qui montre des signes encourageants pour le coach jusqu’ici, il y a cette combinaison plutôt inédite de Suzuki, Alex Newhook et Brendan Gallagher. L’échantillon est encore mince (seulement les trois matchs en Californie), mais leurs indicateurs de possession de rondelle et de chances de marquer sont au vert. C’est seulement dans la colonne des buts – zéro but marqué, un but accordé – qu’ils sont déficitaires.

La complicité entre Suzuki et Gallagher est particulièrement surprenante, car ces deux joueurs avaient très peu joué ensemble jusqu’ici, même s’ils sont coéquipiers pour la cinquième saison. Toujours selon Natural Stat Trick, ils n’avaient joué que 250 minutes au sein d’un même trio au cours des quatre dernières saisons, un échantillon composé de nombreuses grenailles ici et là, qui se prête mal à l’analyse. Mais jusqu’ici, tout baigne pour eux.

« Nick a la capacité de créer quelque chose quand rien n’est ouvert, s’émerveille Gallagher. Tu veux te positionner pour attaquer rapidement quand il réussit un jeu. »

Les succès de ce nouveau duo ne sont sans doute pas étrangers à la tenue de Gallagher lui-même, qui a connu un premier quart de saison inspiré, malgré des statistiques modestes (9 points en 21 matchs). Gallagher évoque sa santé pour expliquer sa tenue, mais St-Louis avait quant à lui une autre explication.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Brendan Gallagher

« Il essaie vraiment de faire attention à l’équilibre de nos cinq gars. Avant, je ne pense pas qu’il y pensait. Il fonçait au filet, mais ça peut être dur de jouer comme ça, parce que c’est beaucoup de travail pour couvrir autant d’espace pour se rendre où tu veux te rendre. »

Suzuki se retrouve évidemment avec un ailier au style bien différent de celui de son partenaire d’autrefois Cole Caufield. « En regardant Gallagher au fil des ans, je pense que je peux bien lire son jeu. Il pratique un style simple et dur. J’aime jouer avec des gars comme ça », a expliqué Suzuki.

Il ne leur reste qu’à marquer, auquel cas les vétérans susmentionnés bénéficieront de temps pour se sortir de leur torpeur.