John Tavares a passé un nombre incalculable d’heures à développer son talent.

Comme les centaines d’autres joueurs de la LNH qu’il affronte chaque saison, la récompense pour ses sacrifices est une carrière sous les réflecteurs et des millions de dollars en banque.

Les hockeyeuses – dont plusieurs sont des vedettes sur la scène internationale – n’ont jamais eu cette chance dans les rangs professionnels.

Cette situation, certes frustrante, a changé soudainement vers la fin du mois de juin dernier lors de l’annonce de la naissance de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF).

Cette ligue, qui devrait entamer officiellement ses activités en janvier prochain, représente un moment charnière dans l’histoire du hockey féminin.

Le hockey féminin a généré certains des plus beaux moments de l’histoire de la discipline aux Jeux olympiques et aux Championnats du monde, notamment par l’entremise de la rivalité Canada–États-Unis, mais il n’a jamais été en mesure jusqu’ici d’établir un modèle d’affaires qui lui permette de s’enraciner en Amérique du Nord.

La LPHF a établi des concessions dans six marchés passionnés par le hockey, et il semble que cette fois-ci sera enfin la bonne.

Et les joueurs professionnels sont enchantés par ce dénouement.

« On veut qu’elles développent ce marché, a dit Tavares, le capitaine des Maple Leafs de Toronto, lors d’une tournée médiatique conjointe de la LNH et de l’Association des joueurs qui s’est déroulée récemment en banlieue de Las Vegas. Le hockey (féminin) sur la scène internationale, ç’a connu beaucoup de succès, c’est très amusant à regarder, et ce sont de très bonnes athlètes.

« Elles pratiquent un sport que nous adorons. Elles excellent dans ce qu’elles font, et elles méritent d’avoir leur propre ligue professionnelle et de créer leur propre histoire – leur héritage – comme l’ont fait les hommes », a-t-il renchéri.

Montréal, Toronto, Ottawa, Boston, Minneapolis-St. Paul et New York constituent l’« Original Six » de cette nouvelle ligue féminine.

« Ce sera merveilleux, a évoqué le capitaine des Sénateurs d’Ottawa Brady Tkachuk à propos de la présence d’un club professionnel féminin dans le même marché que son équipe. C’est un bon marché, et beaucoup de personnes s’y intéressent – pas seulement d’un point de vue sportif, mais aussi d’un point de vue humain.

« Je suis très excité qu’elles soient là », a-t-il conclu.

Le nouveau circuit féminin n’a toujours pas dévoilé les noms des équipes ni les amphithéâtres où elles évolueront, mais les entraîneurs et les directeurs généraux s’affairent déjà sans relâche. La première séance de repêchage de l’histoire de la LPHF s’est déroulée le mois dernier et les formations commencent à prendre forme, à l’approche des camps d’entraînement prévus en novembre.

« C’est fantastique !, s’est écrié le capitaine des Oilers d’Edmonton Connor McDavid. C’est très bien pour le hockey féminin, mais aussi pour le hockey en général puisqu’il peut rassembler tout le monde.

« Les femmes peuvent maintenant aspirer à devenir joueuses professionnelles et vivre de leur passion, ce qui est formidable », a-t-il ajouté.

Évidemment, il a fallu un nombre incroyable de sacrifices des joueuses pour en venir à la situation actuelle – plusieurs ont dû occuper plusieurs emplois en même temps, ou encore quitter la patinoire pour se rendre directement au bureau, simplement pour avoir une qualité de vie acceptable.

« Elles auraient pu laisser filer leur rêve, abandonner sans même avoir pu mettre sur pied une ligue professionnelle (comme la LPHF), a dit l’attaquant du Canadien de Montréal Cole Caufield. Elles se sont accrochées, y ont cru, ce qui est vraiment “cool”. Plusieurs femmes remarquables auront maintenant l’occasion d’être adulées et reconnues.

« C’est ça qui est génial », a-t-il résumé.

Il reste que tout le monde ne sortira pas gagnant de cette aventure – du moins à court terme.

Il n’y aura que six clubs en LPHF, ce qui signifie que les postes seront limités, surtout avec l’arrivée des joueurs étoiles de l’Association des joueuses de hockey professionnel.

« Je crois qu’elles ont dit : “Hey, il est temps de tenter notre chance et de réunir la crème de la crème, de la répartir dans quelques équipes, et d’offrir le meilleur produit possible sur la patinoire, a expliqué l’attaquant des Capitals de Washington Tom Wilson. C’est probablement un bon plan, et une bonne chose. Certaines perdront leur poste, mais parfois c’est comme ça”. »

Les hommes entrevoient cependant un avenir resplendissant.

« C’est une très belle occasion, a mentionné Tavares. J’espère que leur ligue connaîtra du succès. »