Éric Houde a beau avoir joué dans la LNH, il est, comme nous tous, fasciné par l’excellence. « J’ai toujours été fasciné par les meilleurs. Tiger Woods, Sidney Crosby… Ce sont des travailleurs acharnés. Ils pourraient s’asseoir sur leurs lauriers et ils seraient corrects », lance-t-il.

Houde pourra observer l’excellence de près cet automne. L’ancien du Canadien a en effet été embauché comme entraîneur adjoint de Kori Cheverie par la future équipe de Montréal dans la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF).

« C’est la chance de côtoyer les meilleures au monde. Marie-Philip Poulin, c’est la meilleure au monde, rappelle-t-il. Les athlètes de haut niveau, souvent, ils sont spéciaux, ils veulent toujours être les meilleurs. Je vais pouvoir côtoyer Poulin, Ann-Renée Desbiens aussi. Et je vais apprendre de ces athlètes. J’espère qu’elles vont apprécier mon travail ! »

Au moment où ces lignes étaient écrites, Houde ne connaissait pas encore l’étendue de ses tâches. D’ailleurs, la future équipe montréalaise, toujours sans nom comme les produits d’épicerie, n’a pas encore officialisé la nouvelle. C’est Houde lui-même qui l’a dévoilée sur les réseaux sociaux.

Mais ce qu’il sait, c’est qu’il y aura « pas mal de personnel » et que « ça a cliqué » avec Cheverie. Bref, l’environnement de travail lui semblait suffisamment intéressant pour qu’il quitte ses deux emplois principaux : entraîneur du Collège français de Longueuil, dans la Ligue de hockey junior AAA, de même qu’à l’Académie Juillet.

« C’est une job de jour, c’est professionnel, donc c’est du temps plein », rappelle-t-il. Autrement dit, le désir de professionnalisation de la ligue, c’est bon pour les entraîneurs aussi, pas seulement les joueuses.

L’occasion était trop belle pour l’ignorer. C’est du hockey professionnel, les meilleures au monde, c’est le quotidien d’un pro comme je l’ai vécu en tant que joueur.

Éric Houde

« Le calendrier est de 24 matchs cette année, 32 l’an prochain, donc ce n’est pas un calendrier de 82 matchs. Je n’étais pas prêt à chambouler la famille, mais elles jouent à Verdun et je suis à Candiac, donc ça va. Le train ne passe pas tout le temps. Quand il passe, tu dois embarquer dedans ! »

Le « train », ici, c’est un appel de Danièle Sauvageau, directrice générale de l’équipe. Houde dit l’avoir « côtoyée » ici et là, sans plus. Sauvageau n’a pu être jointe pour cet article. Quoi qu’il en soit, il a été le premier surpris que son téléphone sonne, puisqu’il n’a jamais œuvré dans le hockey féminin.

« Mais j’ai joué pro 14 ans et j’ai coaché 12 ans. Donc je sens que je suis prêt à aider les pros. En coaching, j’ai fait toutes les catégories, du MAHG au junior. Des fois, tu commences à un certain niveau et tu te brûles. Mais moi, je suis reparti d’en bas, j’ai fait du civil, du scolaire, de la structure intégrée. J’ai de l’expérience avec la future génération. Et je me suis informé auprès d’autres coachs qui ont coaché dans le féminin. »

Environnement diversifié

La question du genre demeure délicate au sein du public. Il serait en effet logique, devant une LNH où les départements des opérations hockey demeurent très majoritairement masculins, que la LPHF pousse pour également former des dirigeantes.

« Ça prend un bon mélange. On l’a vu avec Kori à Pittsburgh », affirme Houde, faisant référence à la présence de Cheverie comme entraîneuse invitée au camp des Penguins.

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« Tranquillement pas vite, ça va se mélanger. Des femmes compétentes vont aller du côté masculin et des hommes compétents vont aller du côté féminin. Je ne vois pas ça comme une question de gars/fille ou de franco/anglo. C’est comme une sauce à spag, ça prend de tout pour faire une bonne sauce ! »

Il reste que Houde, pour la première fois de sa vie professionnelle, va se retrouver dans la même position que celle où était Cheverie au camp des Penguins, ou celle où est Poulin lorsqu’elle vient donner un coup de pouce au Canadien.

« C’est sûr que ce sera différent d’être l’outsider, concède-t-il. Mais avec mon caractère, je pense m’ajuster facilement. Je vois ça d’un bon œil, mais je vais sûrement être un meilleur coach, une meilleure personne.

« Ça reste du hockey. La dynamique, la pédagogie pourrait être différente, je ne le sais pas, je vais l’apprendre. Mais ça reste des joueuses qui veulent s’améliorer et gagner le gros trophée à la fin. Ça, ça ne change pas. »