Il n’y a absolument rien eu de passionnant ou de spectaculaire, vendredi soir, au Centre Bell.

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Rien de rien, au point où on a même entendu des huées après une énième passe ratée du Canadien en avantage numérique. De cette défaite de 2-1 face aux Maple Leafs de Toronto, on ne dira donc pas grand-chose, puisqu’il n’y a pas grand-chose à en dire de toute façon.

Rien de passionnant ou de spectaculaire sur la patinoire, disions-nous, y compris dans le demi-cercle du gardien de but local. Ce qui sonne comme une excellente nouvelle pour Cayden Primeau.

Le jeune homme n’est pas un gardien spectaculaire. Il excelle lorsqu’il garde son calme et son sang-froid. Dans ses bonnes soirées, ses déplacements semblent aisés. C’est ce Cayden Primeau-là qui était d’office, vendredi soir. Il a certes joué de chance sur deux tirs des Leafs qui ont heurté le poteau, mais il a en contrepartie été malchanceux sur les deux buts des visiteurs, le premier marqué à la suite d’un tir voilé, le deuxième sur une déviation.

L’Américain, en définitive, a bloqué 24 des 26 tirs des Leafs. En ajoutant le demi-match qu’il a disputé face aux Sénateurs d’Ottawa mercredi, il a maintenant effectué 41 arrêts sur 44 lancers en quelque 90 minutes de jeu au cours du calendrier préparatoire. Son taux d’arrêts de ,932 est ainsi plus qu’appréciable, d’autant plus qu’il n’avait rien donné dimanche passé au fameux match intraéquipe « rouges contre blancs ».

Rien de tout cela n’est évidemment la preuve de quoi que ce soit, surtout considérant la faiblesse des équipes que les Leafs et les Sénateurs ont envoyées à Montréal cette semaine. Dans le cas de Primeau, toutefois, chaque petite chose compte.

Samedi dernier, le gardien est apparu complètement abattu devant les journalistes, au terme d’un court match intraéquipe qui lui a été catastrophique. C’était à se demander si son camp d’entraînement ne venait pas de se terminer là.

Vendredi, Martin St-Louis a vu son gardien se battre. Tout le monde, à commencer par Primeau lui-même et par l’entraîneur-chef du CH, est conscient de la situation du jeune homme. Il devra passer par le ballottage s’il est retranché. Même si la direction du club envisage sérieusement l’option de garder trois gardiens avec le grand club au début de la saison, comme l’a confirmé le vice-président aux opérations hockey Jeff Gorton à La Presse, encore faut-il que Primeau fasse la preuve qu’il mérite de jouer dans la LNH. Et surtout qu’il en est capable.

« Il est à un point de sa carrière où il faut qu’il pousse, a convenu St-Louis. Chaque joueur, à ce moment-là, est dans la business de convaincre le monde. S’ils ne parlent pas de toi, si tu ne les as pas convaincus, il faut que tu continues [de pousser]. »

« Il a fait de bons arrêts pour nous garder dans le match, a poursuivi l’entraîneur. On veut voir ce qu’on a vu ce soir. »

Chance de gagner

Ce qui est acquis, c’est que Primeau a ses appuis dans le vestiaire.

Jake Allen lui a rendu hommage la semaine dernière. Mitchell Stephens, qui l’a côtoyé à Laval toute la dernière saison, en a rajouté une couche après la défaite de vendredi.

« Chaque fois qu’il est dans le but, on a une chance de gagner, a dit le vétéran de 26 ans. Et il nous a donné une chance de revenir, ce soir. Je ne connais pas sa situation contractuelle, mais je sais que c’est un professionnel, qu’il travaille fort, qu’il se présente chaque jour au travail et qu’il nous montre qu’il a sa place ici. »

Circonspect, comme à son habitude, Primeau a avoué en entrevue que l’incertitude sur son avenir immédiat représentait une situation tout sauf idéale. « C’est dans la nature humaine de savoir ce qui s’en vient, de vouloir être fixé, a-t-il dit. Mais comme je le répète, quand son nom est appelé, il faut faire de son mieux. Je ne prends pas les décisions, mais je dois les rendre difficiles. »

« C’est pour ça qu’on joue au hockey, pour la compétition, a-t-il renchéri. C’est pour ça que j’aime le sport. »

Plusieurs fois, en mêlée de presse, il a indiqué qu’il se « sent bien » depuis le début du camp d’entraînement. Hormis une journée au cours de laquelle il n’était « pas à [son] meilleur », a-t-il précisé, en toute honnêteté.

Se sentir bien ne lui donnera pas un poste. Mais c’est déjà beaucoup pour un gardien dont la confiance ne semble pas à son sommet.

Le Canadien sait à quoi s’attendre de Samuel Montembeault et de Jake Allen, qui connaissent au demeurant un bon camp. Attendons-nous à revoir Cayden Primeau devant le filet pour un des trois derniers matchs préparatoires.

En hausse

John Parker-Jones

Ce n’est pas une bonne nouvelle pour une équipe de la LNH si son attaquant le plus visible possède un contrat de la Ligue américaine. C’est ce qui est arrivé. Le colosse a disputé un fort match.

En baisse

Joel Armia

Degré d’intensité : zéro. Voulait-il même être là ? Ce n’est pas clair. Il évoluait pourtant sur le premier trio.

Le chiffre du match

2

Seulement deux patineurs de la formation déployée par les Maple Leafs, vendredi soir, empocheront plus de 2 millions de dollars cette saison. Cela inclut le prolifique David Kämpf.

Dans le détail

Six vétérans au neutre

Les partisans réunis au Centre Bell ont eu l’occasion de voir en action les équipes B, voire C, des Leafs et du Tricolore. Il n’empêche que dans le camp montréalais, six vétérans formaient les deux premiers trios. Flanqué de Joel Armia et de Josh Anderson, Sean Monahan pilotait la principale unité, tandis que Jake Evans était au centre de la seconde, entre Tanner Pearson et Brendan Gallagher. Le résultat a été… ordinaire. Au mieux. Trois d’entre eux – Evans, Armia et Pearson – en étaient à un premier match, il est vrai, et la rouille était évidente. Hormis une passe à Anderson qui a mené au but de celui-ci, Monahan n’ajoutera pas cette rencontre à son portfolio. Et Gallagher a hélas été le Gallagher de la dernière année. Un attaquant certes impliqué, mais inefficace. Martin St-Louis ne s’est pas formalisé de la performance de ses hommes, si ce n’est pour constater qu’il n’y avait « pas grand-chose » qui se passait sur la glace.

Les acteurs de soutien en vedette

Derrière ce top 6 terne, les deux derniers trios, sans être transcendants, ont beaucoup mieux paru. Jesse Ylönen ne s’est pas encore révélé comme un surdoué, mais son travail à la droite de Joshua Roy et d’Owen Beck a contribué à plusieurs bonnes présences en territoire adverse. Le quatrième trio, celui de Jan Mysak, Mitchell Stephens et John Parker-Jones, a toutefois été celui qui a offert la meilleure performance. Le géant Parker-Jones, avec trois bonnes chances de marquer, est celui qui est le plus ressorti du lot, à son premier match hors concours en carrière dans la LNH. Il a passé la dernière saison avec le Rocket de Laval et avec les Lions de Trois-Rivières, dans l’ECHL. « Il a mérité [sa place], a dit Martin St-Louis en souriant. On a vu une grosse progression entre l’an dernier et cette année. Ce n’est pas juste un gros bonhomme. Il est intelligent et bouge assez bien. Et il a des meilleures mains qu’on pense, un meilleur lancer qu’on pense. Je suis très content de son match. »

Longue soirée en défense

Ce n’était pas, par ailleurs, une grande soirée de démonstration pour les défenseurs du Tricolore. Du groupe, Arber Xhekaj a semblé nettement plus à l’aise que lundi dernier. Autrement, la rencontre a été pénible, voire très pénible, pour le duo composé de Justin Barron et de Nicolas Beaudin. Logan Mailloux a semblé moins maladroit qu’à sa première sortie, mais son jeu défensif reste bancal. Lors d’un repli, en fin de troisième période, il était complètement déboussolé en zone neutre en tentant de localiser son couvreur. À sa première audition, Gustav Lindstrom n’a fait rêver personne non plus. Sans viser personne, Martin St-Louis a dit de tout le groupe que « l’exécution n’était vraiment pas là ». « Du côté du jeu d’équipe, on n’a vraiment pas joué un bon match, a-t-il convenu. Le jeu collectif n’a pas aidé les individus. »