(Montréal) Kent Hughes et Jeff Gorton ont dit dès le tournoi de golf du Canadien qu’ils voyaient David Reinbacher passer la saison en Europe. Samedi soir, après la défaite de 3-1 du Canadien contre les Maple Leafs, ils sont passés de la parole aux actes.

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Reinbacher a en effet été l’un des cinq joueurs retranchés par l’équipe. L’Autrichien rejoindra l’équipe de Kloten, en ligue nationale suisse, la première division du pays.

La décision n’est guère surprenante, car les défenseurs qui s’établissent dans la LNH à temps plein à 18 ans, soit la saison suivant leur repêchage, sont très rares. Depuis le début du nouveau millénaire, ils sont seulement 4 à avoir disputé 40 matchs ou plus en une saison. Deux d’entre eux – Rasmus Dahlin et Aaron Ekblad – étaient des talents alors jugés exceptionnels, repêchés au premier rang.

Reinbacher disputait samedi son deuxième match préparatoire du camp. Hormis une erreur de lecture de jeu qui a permis aux Leafs d’inscrire leur deuxième but du match, le jeune homme s’en est bien tiré aux côtés de Kaiden Guhle.

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Nicholas Robertson (89) et Kaiden Guhle (21)

Il a rencontré les médias après le match, mais la décision de son renvoi n’avait toujours pas été communiquée. Tout porte à croire qu’il ne connaissait pas encore son sort, mais certaines des questions l’ont mené à faire un bilan de ses acquis après trois semaines de camp.

Il a notamment insisté sur l’importance de « la prise de décision. Tu dois savoir où envoyer la rondelle avant même de la recevoir. C’est un élément important pour connaître du succès ».

Du reste, il a convenu que « les attentes sont élevées. C’est la LNH. Tu dois te préparer mentalement et physiquement. Tout est plus rapide qu’à la maison. Nos entraînements et nos matchs intraéquipe m’ont beaucoup aidé. Il faut prendre de bonnes décisions sur la glace, penser rapidement ».

Reinbacher conclut ce camp avec deux matchs derrière la cravate. Dans le premier match, il a obtenu une aide en 15 minutes de jeu. Samedi, il a été blanchi en 16 minutes. Il a en outre disputé deux rencontres au tournoi des recrues à Buffalo.

Une expérience de vie

Sur le plan humain, il a saisi assez rapidement que sa future ville d’adoption ne vit que de hockey. « Montréal est une ville folle du hockey. C’est bien, j’aime ça, mais je dois me concentrer sur ce que je fais sur la patinoire », a-t-il précisé.

Au moment où Reinbacher amorçait sa rencontre avec les médias, son coéquipier à la ligne bleue Johnathan Kovacevic était justement en train d’expliquer en quoi un premier camp de la LNH est une expérience de vie pour un jeune qui sort de l’adolescence.

« Évidemment, je viens du Canada, donc c’était plus facile pour moi. Mais je vois ces gars arriver et j’ai de la sympathie pour eux, a noté le charismatique défenseur. Ils sont loin de leur famille. Les gars ne pensent pas souvent à ça. »

Tu passes trois heures par jour à l’aréna et le reste du temps, tu es hors de l’aréna et tu dois t’adapter à une nouvelle vie. La maturité, l’état d’esprit, comment gérer les hauts et les bas, c’est crucial et je suis content d’avoir appris ça au hockey professionnel. David a une bonne tête sur les épaules.

Jonathan Kovacevic, à propos du défenseur David Reinbacher

Sur la patinoire, il semble avoir charmé son entourage. Encore Kovacevic : « Sa maturité, sa façon de lire le jeu, c’est impressionnant. Avec son bâton, il fait des jeux dignes d’un joueur bien plus vieux. On dirait que c’est son cinquième camp, pas son premier. Vous le verrez à force de le voir jouer, mais on le voit à l’entraînement : il a une très bonne tête de hockey. »

Guhle a noté une progression. « Au premier match, je crois que les deux, on était un peu stressés, a-t-il convenu. C’était mon premier match depuis longtemps, et lui, c’était son premier match avec le Canadien. Mais on a simplifié notre jeu ce soir et il a très bien joué. »

Et Martin St-Louis ? « Il a le calme d’un gars bien plus vieux que ça, a affirmé l’entraîneur-chef du Tricolore. Avoir ce calme-là, c’est une maturité spéciale pour un défenseur de 18 ans. »

Il sera intéressant d’observer la suite des choses. L’an dernier, le Tricolore avait décidé que son premier choix, Juraj Slafkovsky, passerait la saison à Montréal, plutôt que de retourner à Turku, en Finlande. L’organisation avait observé que Slafkovsky n’était pas nécessairement une priorité pour l’organisation à Turku, notamment pour ce qui est de l’utilisation. Il a finalement amassé 10 points en 39 matchs, avant de se blesser à la mi-saison.

Avec Reinbacher, on fait visiblement un calcul différent. Il faudra quelques années avant de comparer les résultats.

Dans le détail

Et tombe le couperet

David Reinbacher peut se rassurer : il n’a pas été le seul à être invité à quitter le Centre Bell samedi. L’Autrichien est l’un des 35 joueurs à avoir été retranchés du camp du CH. Après les 30 joueurs annoncés en après-midi, le Tricolore a annoncé cinq autres départs, dont celui de Reinbacher. Les autres : le gardien Jakub Dobes, les attaquants Sean Farrell et Riley Kidney, de même que le défenseur William Trudeau. Farrell a manifestement besoin de davantage de temps, malgré sa faste carrière universitaire. Encore samedi, le petit ailier a été invisible, comme il l’a été depuis le début du camp, au tournoi des recrues à Buffalo de même qu’en fin de saison le printemps dernier. Kidney et Trudeau n’ont pas joué un vilain match, samedi, tandis que Dobes n’a rien donné en 20 minutes de jeu, en troisième période, recevant même quelques applaudissements bien nourris.

Lisez « Le Canadien retranche 35 joueurs »

Knies : ça promet !

Easton Cowan a été la sensation de la première moitié du camp d’entraînement des Maple Leafs. Mais comme c’est souvent le cas avec les joueurs de 18 ans, c’est plus difficile au fur et à mesure que les équipes adverses font appel à plus de vétérans. En revanche, Matthew Knies aura 21 ans dans deux semaines, il mesure 6 pi 3 po et pèse 217 lb. Bref, il est physiquement prêt pour la LNH et il en fait une belle démonstration jusqu’ici au camp. Il a battu Samuel Montembeault de vitesse pour inscrire les Torontois au pointage en première période, et a été menaçant le reste de la soirée. Il s’est d’ailleurs moqué de Trudeau pour obtenir un tir de qualité. Pas étonnant que Sheldon Keefe lui ait donné 21 minutes de jeu. Il compte maintenant cinq points en quatre matchs préparatoires. Parions que l’on verra ce choix de 2e tour des Leafs en 2021 quelque part dans les deux premiers trios avant longtemps.

Plus ça change…

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Cole Caufield

Si l’avantage numérique du Canadien était un humoriste, il se produirait au Bordel, parce qu’il est en rodage. Quoique quelque chose nous dit que le dollar-divertissement y offre un bien meilleur rendement qu’au Centre Bell. Après quatre matchs, le CH affiche un atroce 10 % en avantage numérique, un doux souvenir des deux dernières saisons. Samedi, en neuf minutes de jeu avec l’avantage d’un homme, les Montréalais n’ont obtenu que trois tirs. Et quand Juraj Slafkovsky en a tenté un en fin d’avantage numérique, en deuxième période, il a raté la cible et a permis à Nicholas Robertson, qui sortait du cachot, de filer en échappée. Est-ce que Mike Matheson est à ce point un ingrédient clé de l’unité ? C’est à croire que oui, surtout que son remplaçant, Mattias Norlinder, n’est pas un joueur de la LNH. Sauf que le reste de la première unité était, encore samedi, composé des suspects habituels que sont Nick Suzuki, Cole Caufield et Kirby Dach.