Un an après avoir ouvert un poste à Montréal à son premier choix de 2022, Juraj Slafkovsky, le Canadien a renvoyé son premier choix de 2023, le défenseur David Reinbacher, au sein de son club suisse pour l’hiver. Certains seront tentés d’y faire un lien de cause à effet tant Slafkovsky a peiné au cours de la dernière saison avant de subir une grave blessure, mais tel n’est pas le cas.

Si c’était à refaire, le CH prendrait probablement la même décision dans le cas de Slafkovsky. On ne l’a pas gardé à Montréal en raison de performances étincelantes au camp d’entraînement ni dans l’espoir d’améliorer l’équipe qui, de toute façon, n’avait pas de grandes aspirations.

Mais il y avait tant de failles dans le jeu de cet ailier désormais âgé de 19 ans qu’on préférait le garder dans l’entourage du club pour lui apprendre à devenir un meilleur hockeyeur. Pour reprendre l’expression de l’entraîneur Martin St-Louis : on voulait qu’il joue mieux avec les quatre autres joueurs sur la glace.

Et puisque Slafkovsky possédait déjà une belle maturité physique du haut de ses 6 pieds 3 pouces et 238 livres, on pouvait se permettre de le garder dans l’entourage de l’équipe.

On craignait de perdre un an de développement en le renvoyant chez le TPS Turku en Finlande, où la direction du Canadien n’aurait pas eu de contrôle sur son temps d’utilisation et avec la crainte que ses lacunes sur le plan de la compréhension du jeu ne soient pas corrigées. Il serait peut-être revenu plus confiant, mais il aurait fallu reprendre à la case départ sur le plan des enseignements.

Un an plus tard, on note l’amélioration lors des matchs préparatoires. Slafkovsky, premier choix au total l’été dernier devant Simon Nemec, Logan Cooley et Shane Wright, garde la tête plus haute en possession de la rondelle. Il trouve mieux les espaces libres et se positionne de façon à recevoir plus de rondelles. Il a non seulement marqué, mais obtenu plusieurs belles occasions de compter. Il devrait entamer la saison au sein d’un trio offensif avec Kirby Dach et Rafaël Harvey-Pinard.

Reinbacher, 18 ans, cinquième choix au total en 2023 derrière Connor Bedard, Leo Carlsson, Adam Fantilli et Will Smith, constitue un joueur différent. Même s’il occupe un poste plus névralgique, en défense, son jeu est plus achevé. Il n’y a pas de grand chantier à entreprendre dans son cas. Son positionnement est adéquat dans la plupart des situations, il utilise son bâton avec efficacité pour défendre son territoire, il prend les bonnes décisions avec la rondelle et affiche une confiance étonnante pour un jeune de son âge. Son dernier match préparatoire, samedi, a probablement été son meilleur.

Comme il a fait des pas de géants l’an dernier avec la formation de Kloten, en Ligue nationale suisse, et qu’on lui réserve là-bas un poste au sein de la première paire de défenseurs et de la vague principale en supériorité numérique, on l’y renvoie presque les yeux fermés sans crainte que son développement ne stagne.

Passer l’hiver en Suisse, où le calendrier est moins imposant et les déplacements plus courts, pourrait aussi permettre à Reinbacher de gagner en maturité physique. À 6 pieds 3 pouces et 209 livres, il y a encore de la place pour quelques kilos de muscles supplémentaires.

S’il y a un aspect sur lequel on a appris de l’expérience Slafkovsky, cependant, c’est la pression des médias, des fans et des réseaux sociaux sur un jeune joueur dans un marché comme celui de Montréal. Reinbacher poursuivra son développement loin des feux de la rampe.

Reinbacher pourra rejoindre le Canadien éventuellement, à la fin de sa saison en Suisse, où la saison régulière prend fin début mars, les quarts de finale le 14 du même mois et les demi-finales le 30.

La saison du Canadien se termine le 16 avril. Seule une participation de Kloten à la finale de son championnat empêcherait Reinbacher de disputer des matchs à Montréal. Mais il pourrait aussi y avoir le Rocket de Laval, si le club-école participe aux séries éliminatoires.

Il n’est pas farfelu d’imaginer deux espoirs en défense, Reinbacher et Lane Hutson, se côtoyer dans le vestiaire du CH en avril…

Et Logan Mailloux dans tout ça ?

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Logan Mailloux

Le premier choix de 2021, 31e au total, le défenseur Logan Mailloux, 20 ans, a résisté jusqu’ici aux importantes vagues de coupures du camp d’entraînement.

Mailloux, il faut l’admettre, progresse bien depuis son premier match au tournoi des recrues. Il commet encore des erreurs, moins en raison de son audace que de mauvaises décisions, mais son jeu est plus solide dans l’ensemble.

Son cas s’apparente davantage à celui de Juraj Slafkovsky qu’à celui de David Reinbacher. Il possède des attributs physiques exceptionnels à 6 pieds 3 pouces et 220 livres, de belles aptitudes offensives, un solide coup de patin pour un joueur de son gabarit et de la robustesse au besoin.

Mais il reste beaucoup de failles à corriger dans son jeu et son inactivité des dernières années, en raison de la pandémie (la Ligue junior de l’Ontario a cessé ses activités pendant un an) et de sa suspension, n’a pas aidé.

La vitesse à laquelle il absorbera les enseignements reçus et les mettra en application constituera la clef dans son cas. Il montre une belle progression jusqu’ici.

Il reste encore dix défenseurs au camp : Mike Matheson, David Savard, Kaiden Guhle, Johnathan Kovacevic, Jordan Harris, Arber Xhekaj, Justin Barron, Gustav Lindström, Mattias Norlinder et lui. Il y a trois défenseurs de trop, peut-être même quatre si on conserve trois gardiens. Harris, Xhekaj, Barron, Norlinder et Mailloux n’ont pas à être soumis au ballottage en cas de renvoi dans la Ligue américaine.

À ne pas manquer

1- Le livre sur Martin McGuire et Dany Dubé, descripteur et analyste lors des matchs du Canadien sur les ondes du 98,5, écrit par François Couture, porte entre autres sur la grande amitié entre ces deux hommes. Nicholas Richard leur a parlé.

2- Comme l’an dernier, l’équipe de hockey, au risque de meurtrir son orgueil, revient sur ses prédictions de la saison précédente. Il y a des perles. Comme la foi inébranlable d’un collègue envers Jake Allen !

3- Le CF Montréal piétine en cette fin de saison. Jean-François Téotonio propose cinq étapes pour permettre au club de foot montréalais de retrouver l’élan de la mi-saison.