À ne pas en douter, Caroline Ouellette s’apprêtait à vivre, mardi matin, une journée bien spéciale. Une journée qui allait probablement lui procurer de belles émotions. Et ça n’avait rien à voir avec l’annonce qui allait suivre, en fin d’avant-midi, de la création de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF) et de l’adhésion d’un club à Montréal. Mais peut-être, pourrait-on dire, qu’il s’agissait de la cerise sur le sundae.

Habituellement généreuse de son temps avec les médias, surtout lorsque vient le temps de parler de la cause et de l’avancement du hockey féminin, Ouellette était un peu pressée lorsque la Presse Canadienne a communiqué avec elle mardi matin pour obtenir ses réactions à la nouvelle qui avait commencé à circuler lundi soir dans les réseaux sociaux.

« Je suis désolée. Je dois quitter car j’accompagne ma fille qui fait son entrée en maternelle aujourd’hui. Je passe la journée à l’école », a-t-elle d’abord confié.

L’ancienne grande joueuse de l’équipe du Canada, qui sera intronisée au Temple de la renommée du hockey cet automne, a tout de même pris quelques instants pour faire part de son bonheur à la suite de ce dénouement qui, comme elle l’a rappelé, était attendu depuis longtemps.

« Finalement, les meilleures joueuses du monde vont avoir une ligue pour jouer. Une seule ligue, unie. C’est la plus belle nouvelle du monde et ça va vraiment fonctionner parce qu’on a des investisseurs avec beaucoup d’argent, beaucoup d’expérience avec des ligues professionnelle », a-t-elle d’abord déclaré.

« Il y a des investisseurs qui ont une équipe de la WNBA (ligue professionnelle de basket-ball féminin), donc, qui sont dans le sport féminin. Je pense que le calibre de six équipes avec des joueuses de partout au monde, ça va faire du hockey qui va être vraiment fantastique à regarder », a ajouté Ouellette, qui n’écarte pas la possibilité de s’impliquer avec l’équipe montréalaise un jour, mais pas lors de sa saison inaugurale, a-t-elle précisé.

Des clubs à Ottawa et Toronto

La LPHF a été officiellement lancée mardi matin lors d’une visioconférence fort courue, qui a duré plus d’une heure.

En plus de l’équipe à Montréal, la ligue comptera deux autres formations en terre canadienne, soit à Ottawa et à Toronto. Les trois autres seront établies aux États-Unis, soit une dans la région de New York, une à Boston, et une dernière dans le secteur de Minneapolis-St. Paul, dans l’État du Minnesota.

Pour leur saison inaugurale, les six clubs disputeront 24 matchs à compter de janvier 2024. À compter de 2024-25, le calendrier régulier s’amorcera en novembre et comptera un total de 32 parties, a fait savoir Stan Kasten, un membre du conseil d’administration de la LPHF qui est aussi président et chef de la direction des Dodgers de Los Angeles.

La présence d’une formation de la ligue à Montréal enchante au plus haut point France St-Louis, une pionnière du hockey féminin au Québec et au Canada.

« C’est génial. On a toutes les infrastructures, on a des gens talentueux au niveau de l’administration, du coaching, on a des joueuses aussi, on peut penser à Marie-Philip Poulin, à toutes les joueuses qui sont sur l’équipe nationale. Je pense que ça va être un beau rayonnement », a d’abord mentionné St-Louis qui, a-t-elle admis, écoutera si jamais on l’appelait et lui demandait de s’impliquer avec l’organisation montréalaise.

« Et les jeunes vont pouvoir aspirer à quelque chose maintenant. Ça va être incroyable ce que ça va donner comme rêves à ces petites filles-là. On voyait les Olympiques, mais c’est aux quatre ans. Ce n’est pas évident. Là, on va avoir une ligue professionnelle où les jeunes vont pouvoir aller côtoyer les meilleures joueuses au monde. Ça va être assez incroyable. Je suis super contente de ça. »

Détails encore inconnus

Si l’on connaît l’identité des six villes fondatrices de la LPHF, beaucoup d’autres détails restent à être annoncés. C’est entre autres le cas des sobriquets des six équipes, l’édifice – ou les édifices – où elles joueront leurs matchs locaux ainsi que l’identité des personnes qui occuperont le rôle de directeur général, ou directrice générale.

À ce sujet, Jayna Hefford, vice-présidente principale des opérations hockey de la LPHF, a fait savoir lors de la visioconférence que la ligue espère nommer ces dirigeants et/ou dirigeantes d’ici vendredi.

Par ailleurs, il est possible que des matchs soient joués sur des sites neutres.

Aussi, selon Kasten, un élargissement des cadres n’est pas impossible, un jour, mais d’abord et avant tout, la ligue voudra bien établir ses assises avec ses six équipes.

Dans un communiqué de presse, les responsables de la LPHF ont précisé que les équipes commenceront à bâtir leur formation au cours d’une période initiale de recrutement d’agentes libres qui s’ouvrira le 1er septembre – donc, ce vendredi – et qui s’échelonnera jusqu’au 10 septembre. Chacune des six formations pourra engager trois joueuses en leur offrant des contrats type de joueuses.

La majorité des « joueuses pionnières » de la ligue seront sélectionnées lors d’un repêchage de 15 rondes qui doit avoir lieu le 18 septembre. Un tirage au sort déterminera l’équipe qui détiendra le premier choix et les tours suivants se feront dans l’ordre inverse du précédent.

Par ailleurs, toute joueuse désireuse de participer à la saison 2023-24 de la LPHF devra déclarer sa candidature au repêchage avant le 3 septembre.

Chaque formation aura la possibilité de signer au maximum 20 contrats type de joueuse avant le début des camps d’entraînement de la saison 2023-24, qui doivent commencer le 13 novembre. La durée maximale des contrats, du moins pour le moment, sera de trois ans.

Selon Hefford, jusqu’à 28 joueuses pourront participer aux camps d’entraînement mais les équipes seront constituées d’un maximum de 23 joueuses.

« Nous continuons de dire que cette ligue est pour les meilleures joueuses au monde », a-t-elle déclaré lors de la visioconférence.

Selon le communiqué officiel, la ligue est commanditée par les chefs d’entreprise et philanthropes Mark et Kimbra Walter. Elle est dirigée par un conseil d’administration sur lequel siège, entre autres, l’ancienne joueuse de tennis Billie Jean King.

Walter est propriétaire et président du conseil d’administration des Dodgers.

Par ailleurs, Brian Burke, qui a occupé de nombreuses fonctions de dirigeant avec des formations de la Ligue nationale de hockey, sera le directeur exécutif de l’Association des joueuses.

« De voir les gens qui sont impliqués là-dedans. On parle de Billie Jean King, on parle de gens avec une notoriété, c’est juste du bon. C’est positif sur toute la ligne », a fait remarquer St-Louis.

Dans le communiqué officiel, Hefford a parlé d’un « avenir radieux » pour la LPHF.

« Jamais le sport féminin n’aura suscité autant d’enthousiasme et d’attente, et grâce au lancement de cette ligue, les meilleures joueuses du monde auront la possibilité d’atteindre des sommets », a affirmé Hefford, gagnante de quatre médailles d’or olympique avec la formation du Canada, entre 2002 et 2014.