Cette victoire des Panthers de la Floride n’avait rien d’une surprise.

Gagner une série en sept matchs donne des ailes. Depuis 2018, soit au cours des cinq dernières années, la fiche des équipes qui ressortent tout juste d’un ultime duel au sommet est de 13-7 lors du match inaugural du tour suivant. Aussi bien dire que l’émotion encore à fleur de peau semble avoir un avantage sur le repos.

Consultez le sommaire du match

On n’écrira donc pas un roman sur le seul fait que les Panthers ont disposé des Maple Leafs de Toronto par la marque de 4-2. Il reste encore beaucoup de temps aux Leafs, ce n’est qu’une première rencontre, ça avait aussi mal commencé contre Tampa, etc., etc., etc.

Il y a toutefois une chose qui, bien au-delà des clichés de circonstance, devrait inquiéter les hommes de Sheldon Keefe. Les Panthers sont dénués de toute apparence de complexe et ressemblent de plus en plus à un club prêt à faire du chemin en séries éliminatoires.

PHOTO DAN HAMILTON, USA TODAY SPORTS

Aaron Ekblad et William Nylander

Ça leur avait tout pris pour y accéder, rappelons-le. Les Floridiens ont assuré leur place dans le détail à deux jours de la fin du calendrier, au terme d’une spectaculaire remontée au classement. Le 1er janvier dernier, ils se trouvaient à huit points du dernier rang donnant accès aux séries, et ce, pour le plus grand bonheur des partisans du Canadien qui, à grands coups de simulations en ligne, gloussaient de bonheur puisque leur équipe favorite possède le choix de premier tour des Panthers en 2023.

Nous n’en sommes, c’est une évidence, plus là. L’équipe qui a vaincu les Leafs mardi soir ne se cherche plus. Si un écart de 43 points de classement avec les Bruins de Boston ne l’a pas intimidée, on se doute que l’accession historique des Torontois au deuxième tour ne l’émouvra pas davantage.

Apprentissage

De ces sept matchs contre les Bruins, les Panthers ont résolument appris.

Car, on tend à l’oublier, il y avait beaucoup à apprendre. L’équipe a certes franchi le premier tour l’an dernier, une première depuis sa participation à la finale en 1996, mais avait subi un gênant balayage face au Lightning de Tampa Bay. Avant cela, les rares fois qu’on voyait l’organisation en séries, ce n’était que le temps d’un soupir.

Cette fois, au premier tour, on a trouvé des solutions contre un adversaire supérieur sur tous les plans. À force d’acharnement, on a ajusté le système défensif à la grosse machine des Oursons, au point de diviser à parts égales les buts attendus à cinq contre cinq⁠1. On a aussi gagné la guerre des nerfs, remportant les deux matchs ayant nécessité de la prolongation.

Ce qui en ressort, et ce à quoi ont goûté les Leafs mardi, c’est une recette éprouvée pour du succès en séries. Une recette que l’on pourrait décrire assez simplement :

Les meilleurs qui sont les meilleursMD

Matthew Tkachuk a poursuivi son travail de domination. Trois autres mentions d’aide, en plus de neuf mises en échec. Pendant ce temps, Aleksander Barkov a parfaitement joué son rôle d’éteignoir face aux deux gros trios adverses tout en contribuant à l’attaque – le voilà à huit points en autant de rencontres.

PHOTO FRANK GUNN, LA PRESSE CANADIENNE

Matthew Tkachuk, Brandon Montour et Aleksander Barkov

Les joueurs de séries

Carter Verhaeghe et Brandon Montour méritent déjà, chacun, un petit trophée Claude-Lemieux. Les deux ont encore marqué, mardi. Il se passe des choses chaque fois qu’ils sautent sur la glace.

Les chevaux en défense

Montour, Gustav Forsling et Aaron Ekblad avalent les minutes, tout comme, dans une moindre mesure, le bon vieux Marc Staal, dont les meilleures saisons sont pourtant loin derrière lui. En huit matchs jusqu’ici, Ekblad n’a été sur la glace que pour trois buts de l’adversaire à cinq contre cinq.

Le gardien qui fait les arrêts

Parlons de lui comme de celui que l’on n’attendait plus. Sergei Bobrovsky a été phénoménal mardi. Autoritaire contre Auston Matthews pendant un avantage numérique des Leafs en deuxième période. Impérial contre William Nylander avec une minute à jouer en troisième. Il vient de signer quatre victoires de suite.

* * *

On notera peut-être un seul bémol sur le plan de la profondeur. À voir à quel point l’entraîneur-chef Paul Maurice utilise peu son quatrième trio – moins de cinq minutes contre les Leafs –, l’usure pourrait se faire sentir.

Du reste, Maurice a fait mal paraître son opposant Sheldon Keefe dans ce premier match en tirant totalement avantage des affrontements sur la glace, et ce, en dépit de l’avantage présumé de l’équipe à domicile de se prévaloir du dernier changement.

Keefe a cherché des réponses, en vain. Il avait mis du temps à jongler avec son effectif face au Lightning ; fera-t-il preuve de la même patience ?

Aux journalistes présents à Toronto, en fin de soirée, l’entraîneur a noté que ses hommes avaient « commis des erreurs qu’ils n’avaient pas commises dans la série précédente ». Le rythme, a-t-il admis, est plus élevé que contre le Lightning. Avec un niveau de robustesse tout aussi éreintant.

La série est encore jeune, on le veut bien. Mais les Panthers ont envoyé un message puissant. Leur triomphe face aux Bruins n’était pas attribuable au hasard. Un autre face aux Leafs ne le serait pas non plus.

1. Selon le site Natural Stat Trick

En hausse

Sergei Bobrovsky

Solide, calme, confiant… Des mots qu’on n’utilisait plus pour le décrire depuis des années. Admirable dans les dernières minutes du match.

En baisse

Mitch Marner

Il a souvent peiné, surtout contre le trio de Matthew Tkachuk. Peut (et doit) faire mieux.

Le chiffre du match

1996

C’était la première fois depuis 1996 que les Panthers de la Floride gagnaient un match de deuxième tour.