À ceux qui seraient tentés de modifier leurs prédictions en raison de la défaite des Oilers en prolongation contre les Kings lundi ou la victoire du Kraken aux dépens de l’Avalanche, rappelez-vous ceci : Les Maple Leafs de Toronto ont écrasé le Lightning de Tampa Bay 5-0 lors de la première rencontre des séries en 2022 et les Kings ont vaincu les Oilers 4-3 grâce à un but de Philip Danault en fin de match. Ça n’a pas empêché Tampa et Edmonton de passer au second tour.

Il est évidemment toujours recommandé de remporter le premier match d’une série éliminatoire, mais l’an dernier, en plus de Tampa et Edmonton, New York a perdu sa rencontre d’ouverture contre les Penguins sur un but d’Evgeni Malkin en troisième période de prolongation.

Ces trois équipes ont non seulement franchi le premier tour, mais atteint le carré d’as, et Tampa a disputé la finale de la Coupe Stanley. Les Panthers de la Floride ont aussi été vaincus lors de leur premier match contre les Capitals de Washington avant d’éliminer leurs adversaires en six rencontres.

La moitié des clubs ayant perdu leur match initial de séries en 2022 ont donc franchi le premier tour. De quoi encourager Toronto, New Jersey, Vegas, Dallas, Edmonton, le Colorado, la Floride et les Islanders de New York.

Perdre un deuxième match consécutif hypothèque vos chances de succès, mais ne vous élimine pas non plus d’emblée. Dans l’histoire, 53 clubs sur 393 ont surmonté un déficit de 2-0 dans une série. Il est suggéré de parier sur le club en avance, mais avec un taux de probabilité de 13,5 % de renverser la vapeur, il faut éviter d’écrire le post mortem après deux rencontres.

On préparait sans doute celui du Canadien dans le cinquième match contre les Maple Leafs en 2021, jusqu’à ce qu’Alex Galchenyuk fasse cadeau de la rondelle à Cole Caufield en prolongation…

Surmonter un déficit de 3-1 constitue néanmoins un exploit plus rare. Les Rangers ont imité le Canadien contre les Penguins l’an dernier. Cinq autres clubs l’ont fait lors des dix derniers printemps.

Sans gardien d’élite, point de salut ?

Andrei Vasilevskiy, le meilleur gardien de la LNH ces dernières années, a été au cœur des conquêtes de la Coupe Stanley du Lightning.

PHOTO FRANK GUNN, LA PRESSE CANADIENNE

Andrei Vasilevskiy

Mais faut-il écarter d’emblée un club dans nos prédictions de début de séries parce que leur gardien ne constitue pas un finaliste au trophée Vézina ?

L’Avalanche a remporté la Coupe Stanley l’an dernier avec Darcy Kuemper, dont l’expérience en séries éliminatoires se limitait à 14 matchs, dont le titre de numéro un s’est confirmé à 28 ans seulement pour les pauvres Coyotes de l’Arizona et dont l’unique aspiration au trophée Vézina s’est limitée à une cinquième place lors de son année de rêve en 2019.

Et il n’a pas fait le travail seul. Pavel Francouz a tenu le fort pendant quatre matchs en demi-finale contre Edmonton et disputé les deux derniers matchs de la série de premier tour contre Nashville.

L’autre finaliste dans l’Ouest en 2022, les Oilers d’Edmonton, s’en remettaient à un Mike Smith usé à 39 ans, et dont c’était l’ultime tour de piste. Dans l’Est, Vasilevskiy à Tampa et Igor Shesterkin à New York ont contribué à redonner aux gardiens d’élite leurs lettres de noblesse.

En 2019, par contre, la logique n’a pas été respectée. Les Blues ont remporté la Coupe contre les Bruins avec un gardien inconnu, Jordan Binnington. Celui-ci avait même été prêté au club-école de Boston la saison précédente parce qu’on n’avait pas de place pour lui dans la Ligue américaine !

Binnington est plus riche de 44 millions aujourd’hui, mais il a remporté seulement quatre matchs de séries en quinze départs depuis et ses statistiques en saison régulière demeurent très ordinaires.

PHOTO CHRIS JONES, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Jordan Binnington

Cette année-là, Binnington et les Blues avaient affronté Martin Jones et les Sharks en finale de l’Association de l’Ouest. Jones a présenté un taux d’arrêts inférieur à ,900 lors des cinq dernières saisons.

Dans l’Association de l’Est, les Hurricanes étaient représentés par Petr Mrazek, dont les Maple Leafs se sont débarrassés l’été dernier en cédant leur choix de premier tour contre un choix de second tour, et Curtis McElhenney. Boston sauvait l’honneur dans le carré d’as avec Tuukka Rask.

Un an plus tard, Anton Khudobin, un gardien auxiliaire de carrière appelé en relève de Ben Bishop dès le premier match des séries éliminatoires, menait les Stars de Dallas à deux victoires de remporter la Coupe Stanley.

Le mythe du gagnant en saison régulière

On serait tenté de décerner la Coupe aux Bruins de Boston après leurs 65 victoires, un record, et leur titre de champion en saison régulière, avec 22 points de plus que leurs plus proches rivaux.

Or depuis 2005, seulement deux des dix-sept gagnants du trophée du Président ont remporté la Coupe. Les Blackhawks de Chicago ont réussi l’exploit pour la dernière fois en… 2013.

Depuis la victoire des Hawks, la meilleure équipe en saison régulière n’a jamais atteint la finale, a été éliminé sept fois au second tour, une fois au premier tour (Tampa contre Columbus en 2019) et a disputé la finale d’association une fois.

Un ancien des Sénateurs fumant pour le Wild

L’entraîneur du Wild, Dean Evason, a pris un risque calculé en confiant le filet au jeune Filip Gustavsson lors du premier match de la série contre les Stars de Dallas, compte tenu de la feuille de route en carrière de Marc-André Fleury.

PHOTO TONY GUTIERREZ, ASSOCIATED PRESS

Filip Gustavsson (32)

Mais Gustavsson, 24 ans, venait de conclure une magnifique saison régulière après tout : fiche de 22-9-7, moyenne de 2,10 et taux d’arrêts de ,931. Il a été brillant lors de cette rencontre, remportée 3-2 en prolongation, en stoppant 51 des 53 rondelles dirigées sur lui.

Gustavsson, on le rappelle, a été échangé l’été dernier par les Sénateurs d’Ottawa en retour du gardien Cam Talbot, 35 ans. Le départ de Talbot a déjà été annoncé, après une saison difficile ponctuée par les blessures.

Personne ne peut savoir si Gustavsson aurait connu le même succès cet hiver à Ottawa, mais avec le tourniquet de gardiens cette saison chez les Sénateurs (sept) et les performances de Gustavsson au Minnesota avant même d’atteindre le quart de siècle, la transaction ne fait pas bien paraître l’organisation.

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