C’est un euphémisme de dire que Mike Hoffman est insatisfait de la suspension d’un match dont a écopé l’attaquant des Bruins A. J. Greer.

En première période du match de jeudi à Boston, Hoffman a reçu un double-échec de Greer en plein menton. Greer a reçu une pénalité majeure et a été expulsé du match, pendant que Hoffman retraitait au vestiaire. Il y a reçu « 15 points de suture sur le menton, 10 autres dans la bouche », a-t-il noté dans le vestiaire du Canadien, après l’entraînement matinal de samedi en vue du duel contre les Blue Jackets.

Les dommages sont évidents, et Hoffman se fait visiblement un plaisir de ne pas les cacher. Après avoir publié une rare vidéo de lui-même sur Instagram vendredi, il s’est présenté devant les caméras samedi, le menton balafré, la lèvre inférieure enflée. Jean Pascal aurait dit qu’il avait l’air d’un boxeur qui vient de gagner par décision unanime.

« J’ai reçu un double-échec en plein visage. C’est inacceptable en 2023, a déploré Hoffman. Depuis cinq ou sept ans, la ligue insiste pour protéger les joueurs et limiter les coups à la tête. Ce n’était pas une mise en échec, mais c’est frustrant.

Hoffman raconte ne pas avoir été consulté par qui que ce soit dans le processus disciplinaire.

La ligue aurait eu intérêt à entendre ma version de l’histoire. Elle pourrait songer à le faire à l’avenir.

Mike Hoffman

Hoffman est particulièrement outré par les critères sur lesquels le Département de la sécurité des joueurs s’est appuyé pour rendre sa décision.

« La durée de la suspension ne devrait pas dépendre de si j’ai une coupure ou si j’ai perdu des dents. Si je n’avais pas été coupé, aurait-il été suspendu ? Et si je ne reviens pas dans le match, la suspension est-elle plus longue ? Je ne le sais pas. Mais ça ne change pas le geste qui a été posé. »

Réfléchissant à voix haute, Hoffman se demandait par exemple si Greer aurait reçu une suspension plus longue s’il n’était pas revenu dans le match.

Il y a toutefois lieu de se demander si le fait que Greer ait été expulsé du match en première période a pesé dans la balance. Dans de tels cas, la LNH considère parfois que l’expulsion constitue pratiquement un match de suspension en soi.

Hoffman a terminé la rencontre, mais portait une visière complète, et il la portera encore samedi soir.

PHOTO PAUL RUTHERFORD, USA TODAY SPORTS

« À ma première présence après l’incident, j’ai obtenu une bonne chance de marquer. Je me sentais impliqué. Mais c’était inconfortable. Je ne respirais pas aussi bien et j’avais de la misère à boire », a-t-il décrit.

Le hockey pour tous…

Le match de samedi sera aussi la Soirée de célébration des peuples autochtones, une deuxième initiative du genre du Canadien. Pour l’occasion, l’Ô Canada sera chanté en français, en anglais et en cri, et les joueurs porteront à l’échauffement des chandails monochromes rouges, conçus spécifiquement pour la soirée.

Jordan Harris fait partie des joueurs personnellement interpelés par la cause, notamment parce que sa copine, Codie Cross, est issue d’une communauté métisse de l’Alberta.

« C’est tellement important de faire des matchs comme ça pour soutenir les Premières Nations. C’est cliché de le dire, mais le hockey est réellement pour tout le monde, a plaidé Harris. On essaie de populariser le hockey auprès de communautés de toutes les origines. »

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Jordan Harris

Ce type d’initiative a évidemment fait des vagues dans la LNH, plus récemment avec le refus des frères Eric et Marc Staal de porter un chandail en soutien aux communautés LBGTQ+lors d’un échauffement d’avant-match des Panthers de la Floride.

« C’est important que tous se sentent les bienvenus à jouer au hockey, a ajouté Harris. On a vu plein d’histoires des joueurs qui ne se sont pas sentis accueillis, qui ont été victimes de racisme. Le hockey a été très bon pour moi. Mais je sais très bien de quel côté du débat je me range et je vais toujours croire que le hockey est pour tous. »

En bref

Harris, puisqu’on en parle, reviendra au jeu après avoir raté les deux dernières semaines pour soigner une blessure au bas du corps. Chris Wideman lui cède sa place, ce qui permettra au CH de revenir avec une défense à trois gauchers et trois droitiers.

« C’était décevant, surtout de rater le match à Boston, a admis Harris, originaire de la région de Boston. J’aurais voulu y participer. C’est dur de ne pas jouer, tu es compétitif, tu veux être là, mais bravo aux gars, ils n’ont pas eu des confrontations faciles. »

À l’avant, tout indique que Jesse Ylönen remplacera Rem Pitlick.

Samuel Montembeault a été le premier gardien à rentrer au vestiaire, ce qui laisse croire qu’il défendra le filet du Canadien contre les Blue Jackets.