Le nouveau commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), Mario Cecchini, a conscience qu’il a devant lui un « grand et important » défi, mais il arrive avec « le désir profond » de « redonner ses lettres de noblesse » à la LHJMQ et au hockey.

Dites bonjour au circuit Cecchini. Le nouveau commissaire, qui entrera en poste le 8 mai, a rencontré les médias pour la première fois depuis sa nomination, jeudi après-midi, dans un hôtel de Montréal. De nombreux acteurs du milieu sportif québécois étaient présents, notamment le directeur général de Hockey Québec, Jocelyn Thibault, et l’entraîneur-chef des Alouettes de Montréal, Danny Maciocia.

« Je vais tout mettre en œuvre pour que vous vous reconnaissiez à l’intérieur de nos valeurs et de nos actions, a lancé Cecchini dans son mot d’ouverture. Ce sera un travail d’équipe et d’engagement des différents acteurs de notre société. »

Cecchini succède à Gilles Courteau, qui a été à la tête de la LHJMQ pendant 37 ans. Ce dernier, qui devait normalement quitter son poste au printemps 2024, a remis sa démission le 5 mars dernier à la suite d’un témoignage contesté en commission parlementaire en lien avec les cas d’initiations violentes dans le hockey junior.

« Trop » d’idées

« Le problème que j’ai, en ce moment, c’est que des idées, j’en ai trop », a dit Cecchini en souriant lorsqu’il a été interrogé sur ce qu’il entend faire pour offrir une image nouvelle du hockey.

« Il va évidemment falloir s’asseoir pour définir un plan et des priorités avec le comité exécutif, les équipes, les gens du bureau du commissaire. Prendre le temps aussi de beaucoup parler avec les autres intervenants du hockey. »

Un peu plus tôt, celui qui demeure président par intérim des Alouettes de Montréal jusqu’au 6 avril avait énuméré quelques-unes de ses grandes priorités, affirmant vouloir faire de la LHJMQ « une référence à tous les niveaux : sportif, académique et surtout pour l’engagement communautaire ». Cecchini a aussi parlé de « former des citoyens hors norme » et d’ajouter « la gestion de soi, de la performance et de carrière au programme éducatif ».

On va parler avec fierté et, surtout, on va recommencer à parler de ce que la Ligue fait de très bien.

Mario Cecchini

Il a d’ailleurs tenu à saluer la « riche contribution » de Gilles Courteau au hockey junior québécois et canadien. « Mon objectif sera de continuer à améliorer, à actualiser les structures qui vont nous amener à être au diapason des valeurs de la société. »

Dossiers chauds

La LHJMQ a été au cœur de l’actualité sportive au cours des dernières semaines. D’abord en raison des histoires sordides d’initiations qui seraient survenues dans les trois ligues juniors canadiennes. À ce sujet, Mario Cecchini s’est montré très clair : ce sera « tolérance zéro ».

Une des belles phrases qui ont été mentionnées en commission parlementaire, c’est qu’il faut que la parole se libère. Il va falloir rendre ça très accessible aux joueurs.

Mario Cecchini

«  Si jamais il y avait un dérapage, qu’un groupe de joueurs ou un joueur, de quelque façon que ce soit, intimidait ou agressait un autre joueur, je vais m’assurer le plus possible que ce soit clair et facile que ces informations-là tombent sur mon bureau. À partir de ce moment-là, ça va être pris en charge dans l’immédiat. »

« La fréquence va être essentielle, a renchéri Cecchini. Il va falloir répéter ce message-là très souvent pour qu’il soit entendu et bien compris. Souhaitons qu’on ne soit pas obligés de se rendre à des sanctions sévères. »

Le président de l’Assemblée des membres, Richard Létourneau, a quant à lui fait savoir qu’un comité consultatif est en marche afin de développer pour la saison prochaine une « façon indépendante » d’accueillir les plaintes. « Toute gestion de plainte va se faire indépendamment et parallèlement à la Ligue. »

M. Létourneau a d’ailleurs rappelé le code d’éthique en place depuis 2019, signé chaque année par les joueurs, qui stipule qu’il est interdit d’organiser « une activité potentiellement humiliante, dégradante, abusive ou dangereuse du type initiation ».

Chaque directeur et chaque joueur a été rencontré

Au cours des dernières semaines, chaque directeur général et joueur du circuit a été rencontré, a-t-il fait savoir. « [C’était] pour leur dire qu’ils font partie de la solution, qu’on a besoin d’eux et qu’on va tout faire pour permettre à des gens qui se sentent lésés d’être capables de parler, de se confier. »

Rappelons que le nouveau commissaire a été convoqué en commission parlementaire, alors que trois jours d’audience auront lieu la semaine prochaine. Contrairement au commissaire par intérim Martin Lavallée, Cecchini ne parlera pas au nom de la Ligue.

« La raison est simple : d’abord, je ne travaille pas avec la Ligue [en ce moment], a-t-il expliqué à La Presse. Je ne suis pas du tout compétent aujourd’hui pour parler de ce qui s’est passé. On m’a demandé de parler du futur. »

La fin des bagarres

L’abolition, ou non, des bagarres dans la LHJMQ est également un débat de longue date. Voilà que c’est officiel : les bagarres sont désormais interdites. L’Assemblée des membres l’a entériné le 23 février dernier, a annoncé M. Létourneau.

« On est maintenant dans le comment et dans les sanctions qui vont s’ensuivre si certains joueurs continuaient à favoriser ce genre de jeu », a complété Cecchini.

Un comité hockey élargi travaille actuellement à mettre sur pied la réglementation, qui devra être acceptée par la ministre responsable du Sport, Isabelle Charest. Une rencontre est d’ailleurs prévue au cours du prochain mois.

Dans le respect

On le sait, Mario Cecchini n’a encore jamais travaillé dans le monde du hockey junior. Son regard « différent » pourrait être positif, croit-il.

« C’est un peu la force du 50 000 pieds, tu as une vue d’ensemble plus grande. Tu n’es pas nécessairement contaminé par les discours, tu as droit à une innocence, de poser n’importe quelle question. Normalement, quand le paradigme de celui qui regarde n’est pas le même que celui qui reçoit, les choses peuvent évoluer de façon rapide et différente parce qu’à un moment donné, l’arbre cache la forêt. »

Cecchini entend néanmoins faire les choses avec « énormément de respect » pour ceux qui travaillent dans le milieu depuis longtemps. Cette notion de respect, il l’a d’ailleurs mentionnée à de nombreuses reprises.

« Je n’ai qu’une seule façon de travailler et c’est dans le respect des gens, des opinions. Toute opinion peut être exprimée avec respect. Après ça, il y a une décision à prendre et ça me revient souvent. S’il y a une sanction, il faut que quelqu’un tranche. »

Mario Cecchini au sujet de…

  • La possibilité de diminuer le nombre de matchs par saison : « Je suis ouvert. J’écoute. Je regarde. Mais ça ne m’apparaît pas comme un gros enjeu pour le moment au niveau des gouverneurs et du comité exécutif. On verra dans les assises et les mois qui suivent. »
  • Avoir de bonnes relations avec le gouvernement : « Ça fait partie du mandat, je pense. On a toujours avantage à avoir de bonnes relations avec le gouvernement. Qu’on soit d’accord ou non, ce n’est pas grave. Dans la vie, même si on a un point de vue différent, on peut s’asseoir ensemble et discuter. Je devrais voir la ministre Charest dans le prochain mois, donc je pense que ça augure bien. Je pense que tout le monde peut repartir à neuf. »