Vous trouvez que Nick Suzuki n’a pas l’air dans son assiette ? Vous n’êtes pas seul. Les chiffres confirment ce que voient vos yeux. En fait, ils brossent probablement un portrait encore plus sombre.

Il va sans dire que la perte de Cole Caufield à ses côtés aura – pardon, a déjà – un impact majeur sur sa propre saison. Or, voilà un bon moment que ça ne tourne pas rond pour le capitaine.

La date du 10 décembre 2022 a constitué, pour le Canadien, un point de bascule entre une campagne très potable et une glissade infernale.

L’équipe présentait jusque-là un dossier de 13-11-2, avec un taux de points de classement de ,538. Depuis : 7-15-2 et ,333. Le jour et la nuit.

Cause ou conséquence de ce phénomène, Suzuki a vécu exactement la même courbe. Jusqu’au 9 décembre, tout semblait lui sourire. Ses 29 points en 26 matchs le plaçaient au 30rang de la LNH. Que s’est-il passé dans la nuit du 9 au 10 ? Seul lui le sait. Mais depuis, sa production de 2 buts et 9 points en 25 rencontres trahit une panne cruelle.

Défensivement, ça ne fonctionne pas non plus. Son différentiel de - 17 est le pire de tous les attaquants du circuit depuis le 10 décembre. Soyons bon joueur et retirons du calcul les buts accordés dans un filet désert. Le voilà à - 10. Ce n’est pas bien plus chaud. À cinq contre cinq, il s’est retrouvé sur la glace pour deux fois plus de buts de l’adversaire (20) que de buts de son équipe (10).

Ce n’est pas la première fois que cet état de fait est souligné, mais le point de bascule évoqué précédemment correspond grosso modo à la perte de Sean Monahan. Celui-ci occupait alors le poste de deuxième centre, et sa blessure à un pied semble avoir complètement déséquilibré l’attaque du Canadien. Suzuki a pris des responsabilités additionnelles et les joueurs de centre dits « de profondeur » ont chacun grimpé d’un échelon. Sans grand succès, est-il nécessaire de préciser.

Nouveaux ailiers

La perte de Caufield, jusqu’ici, est encore plus douloureuse pour Suzuki, d’autant plus qu’elle a été précédée par la mutation de Kirby Dach au centre. Le numéro 14 se retrouve donc privé des deux ailiers avec lesquels il a passé la majorité de la saison.

Avant le dernier match de Caufield, Suzuki avait passé 84 % de son temps de glace à cinq contre cinq avec lui, et 63 % avec Dach.

Au cours des quatre dernières rencontres, Suzuki a principalement été flanqué de Rem Pitlick et de Josh Anderson. L’expérience, aussi bien le dire froidement, n’est pas positive. Du tout. À cinq contre cinq, le trio a été dominé dans un rapport de 4 pour 1 au chapitre des buts (20 %), de 3 pour 1 sur le plan des buts attendus (24,6 %) et de quelque 2 pour 1 (31,8 %) pour les chances de marquer de qualité, selon le site spécialisé Natural Stat Trick.

À la défense de Nick Suzuki et de son entraîneur-chef Martin St-Louis, les options sont peu nombreuses pour composer un premier trio potable. Parmi les rares ailiers encore vivants, personne n’a vraiment vécu un mariage heureux avec le capitaine jusqu’ici cette saison.

Pour les raisons évoquées précédemment, il faut se fier à un échantillon statistique limité pour les patineurs qui ne s’appellent pas Cole Caufield ou Kirby Dach. Toujours à cinq contre cinq, seulement cinq ailiers ont disputé au moins plus de 25 minutes avec Suzuki : Anderson (142), Pitlick (53), Mike Hoffman (39), Evgenii Dadonov (32) et Jesse Ylönen (29).

Un constat s’applique à presque tous les attaquants de l’équipe à l’exception de Dach, Caufield et Monahan : leurs indicateurs sont généralement tirés vers le bas lorsqu’ils se retrouvent au côté de Suzuki. Après tout, être promu sur un premier trio, c’est affronter une opposition de grande qualité.

Il y en a toutefois des moins mauvais que d’autres. Les trappes à clics de bas étage vous diraient que vous ne croirez JAMAIS de qui il s’agit.

Compromis

À la différence de leurs collègues, Hoffman et Ylönen offrent des performances relativement stables selon qu’ils jouent avec ou sans Suzuki. À certains égards (possession de rondelle, partage des buts attendus et chances de marquer de qualité), ils rendent même leur capitaine plus efficace – statistiquement, en tout cas.

Pour Anderson, Pitlick et Dadonov, c’est tout le contraire. Les chiffres révèlent qu’ils sont meilleurs sans Suzuki et que Suzuki est meilleur sans eux. On pourrait dire la même chose de Jonathan Drouin et de Joel Armia, censés revenir au jeu bientôt.

On peut aussi se demander si Suzuki traîne une blessure ou s’il subit des effets de la fatigue. Depuis le début de l’année 2023, il est au troisième rang des attaquants les plus utilisés de la LNH – 22 min 40 s par match en moyenne. Personne, pas même en défense, ne joue plus que lui chez le Tricolore.

Le capitaine a ainsi obtenu des congés d’entraînement récemment. Comme ç’avait été le cas à la fin de la saison dernière. On avait par la suite appris qu’il traînait une blessure au dos.

Ce mardi soir, après son match contre les Sénateurs d’Ottawa, le Canadien tombera en congé pour 10 jours. Cette pause arrivera à point nommé pour un groupe aussi amoché.

Nick Suzuki, lui, se rendra en Floride pour y participer au match des Étoiles. Une occasion, en quelque sorte, de se rappeler qu’en dépit des déboires de son équipe, il demeure son principal pilier.