Les Bruins de Boston constituent un phénomène unique d’analyse. Devant leur succès, les organisations adverses voudront sans doute les imiter… à leurs risques et périls !

Cette équipe est devenue récemment la deuxième de l’histoire à atteindre aussi rapidement la marque des 30 victoires. Les Bruins ont mis seulement 38 parties pour le faire. Ils égalaient ainsi l’exploit du Canadien en 1944-1945, en pleine Seconde Guerre mondiale, avec son formidable trio formé de Maurice Richard, Elmer Lach et Toe Blake !

Mais même le Rocket Richard et sa bande n’avaient pas réussi à battre le record de 36 matchs établi par… les Bruins en 1929-1930, et dirigés par un certain Art Ross, dont le nom porte le trophée remis au compteur par excellence.

La recette des Bruins, premiers au classement général avec une fiche de 36-5-4, n’est pas conventionnelle. Cette équipe n’a pas repêché parmi les douze premiers depuis Dougie Hamilton, neuvième choix au total, en 2011.

Leurs deux premiers centres, Patrice Bergeron et David Krejci, 37 et 36 ans respectivement, touchent un salaire de base de 2,5 millions et 1 million (ce montant gonflera à 5 millions et 3 millions avec les bonis). C’est déjà une aubaine en raison de leur production. Krejci a 37 points en 40 matchs et Bergeron 36 points en 45 parties.

David Pastrnak, 26 ans, la grande star offensive de l’équipe avec 63 points, dont 35 buts, en 45 matchs, a été repêché au 25e rang seulement en 2014. Pastrnak, quatrième compteur de la LNH cet hiver, vient au deuxième rang de sa cuvée pour les points en carrière derrière Leon Draisaitl. Aaron Ekblad, Sam Reinhart, Draisaitl, Sam Bennett et Michael Dal Colle avaient constitué les cinq premiers choix cette année-là.

Brad Marchand, 34 ans, modeste choix de troisième ronde en 2006, se dirige sans doute vers le Temple de la renommée. À 27 ans, il n’avait pourtant jamais amassé plus de 55 points dans une saison. Il a 549 points à ses 457 dernières rencontres…

PHOTO FRANK FRANKLIN II, ASSOCIATED PRESS

Brad Marchand et David Pastrnak

Le défenseur des Bruins Charlie McAvoy, 25 ans, a été repêché au 14e rang en 2016. Il avait été chaudement recommandé par leur directeur du personnel, John Ferguson fils, parce que celui-ci entretenait des liens étroits avec la famille McAvoy. Le grand-père du jeune homme faisait les travaux de plomberie chez le père de Ferguson fils. Ferguson a réussi à convaincre les Bruins de changer leur fusil d’épaule la veille du repêchage. Ils s’apprêtaient à choisir Dante Fabbro.

L’autre pilier des Bruins en défense, Hampus Lindholm, a été acquis en retour d’un jeune défenseur prometteur, Urho Vaakanainen, un choix de première ronde et deux choix de second tour. On ne sacrifie jamais autant de choix quand votre noyau est vieillissant, mais les Bruins, eux, peuvent se le permettre, ils marchent sur l’eau…

Devant le filet, plusieurs ont sursauté lorsque Don Sweeney a accordé 20 millions pour quatre ans au gardien Linus Ullmark en juillet 2021. Ullmark, 29 ans, était pourtant associé aux déboires des Sabres de Buffalo entre 2018 et 2021. Il n’y a pas de meilleur gardien dans la LNH cette année. Ullmark a une fiche de 24-2-1, une moyenne de 1,88 et un taux d’arrêts de ,937.

Les Bruins ont atteint un tel niveau d’excellence même s’ils ont raté lamentablement leur tentative de réinitialisation en 2015 en repêchant successivement Jakub Zboril, Jake DeBrusk et Zachary Senyshyn entre le 13e et le 15e rang, devant entre autres Mathew Barzal, Kyle Connor, Thomas Chabot, Joel Eriksson Ek, Brock Boeser et Sebastian Aho.

Zboril et Senyshyn sont les seuls joueurs repêchés parmi les 25 premiers cette année-là à ne pas avoir disputé au moins 100 matchs dans la LNH. Les Bruins, dont le repêchage était mené à l’époque par Keith Gretzky, désormais à Edmonton, détenaient aussi trois choix au second tour. Ils auront au moins mis la main sur Brandon Carlo.

Le président Cam Neely et son DG Sweeney gèrent aussi le plafond avec doigté. Seul McAvoy (9,5 millions) touche un salaire annuel supérieur à 6,6 millions. Pastrnak, joueur autonome sans compensation à la fin de la saison, le rejoindra et même le surpassera sans doute s’il signe une prolongation de contrat…

Le nouvel entraîneur en chef, Jim Montgomery, lui, a obtenu une deuxième chance à Boston après avoir été congédié en pleine saison à Dallas en 2019 en raison de ses problèmes de dépendance à l’alcool.

Une organisation pourra bien tenter de les imiter, mais on se demande bien comment elle y parviendrait. La direction des Bruins doit prendre un soin jaloux de son grimoire…

*Tous les salaires ont été tirés du site capfriendly.com

Ivan Provorov gagne des fans

Quelques jours après avoir été mêlé à une controverse pour son refus de participer à une séance d’échauffement avec un chandail en soutien à la communauté LBGT, le défenseur Ivan Provorov a gagné des fans. Son chandail des Flyers est désormais en rupture de stock sur l’internet, sur le site de la LNH comme sur Fanatics, nous apprend Mark Harris. Seule la taille XS serait encore disponible.

L’entraîneur John Tortorella en a ajouté jeudi en se portant à nouveau à la défense de Provorov, le joueur le plus utilisé lors de cette soirée.

On ne lui demandait pourtant pas de se déguiser en drag-queen, seulement de porter un chandail confectionné pour une activité mise sur pied par ses propres coéquipiers afin de sensibilité le public à un groupe encore trop souvent dénigré. Il y a encore du chemin à faire, faut-il croire, et pas seulement dans les vestiaires…

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