Au hockey comme dans la vie en général, on survit rarement aux mauvais départs.

Dans le cas qui nous concerne, les mauvais départs font référence à cette propension à commencer quelque chose après tout le monde, en retard et à la traîne. Souvent, un mauvais départ, ça mène à un désastre, par exemple quand Axl Rose a commencé un spectacle avec un gros retard en août 1992 au Stade olympique, ce qui avait mené à rien de moins qu’une émeute.

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Fort heureusement, il n’y a pas eu d’émeute ce samedi soir au Centre Bell, mais il y a eu un mauvais départ, et aussi une victoire des Kings de Los Angeles, par la marque de 4-2.

Le mauvais départ fut celui du Canadien, en retard de deux buts après quelque 10 minutes de jeu. Pendant de longues minutes, le compteur à lancers du Canadien est resté collé au même chiffre : 5.

Le début de match a été difficile. On n’avait pas d’énergie. C’est un peu normal quand on revient d’un long voyage dans l’Ouest ; la première rencontre ensuite est difficile. On a continué de pousser ensuite malgré tout. Mais avec leur système de jeu 1-3-1, les Kings ont vraiment bien défendu la ligne rouge et leur ligne bleue.

Martin St-Louis

Il a d’ailleurs beaucoup été question du système de jeu des Kings en fin de soirée dans le vestiaire montréalais. Tous les joueurs présents ont évoqué les nombreux maux de tête provoqués par ce genre de rideau de fer du hockey, qui force tout le monde à sortir de son propre système de jeu.

On voyait ça amplement dans les années 1990, mais de toute évidence, les joueurs du Canadien ne s’y attendaient pas.

Les Kings ont attendu en retrait et nous ont forcés à lancer la rondelle en fond de territoire, avec un de leurs défenseurs qui attendait loin derrière pour aller la récupérer… ce n’est pas un style de hockey qui est amusant.

Cole Caufield

C’est peut-être dans un tel match que le manque d’expérience de Martin St-Louis derrière un banc peut paraître un peu. Comme joueur, St-Louis a déjà vu des équipes jouer ainsi, mais comme entraîneur, le temps de réaction est différent, et les ajustements stratégiques doivent aussi venir de lui.

« Je dois faire un meilleur travail que ça pour aider les gars, a-t-il reconnu. Je vais accepter le blâme pour ça, c’est sûr. L’idée, c’est d’envoyer la rondelle aux bonnes places parce que le dernier défenseur est creux dans sa zone. On va étudier ça… »

Mais au fond, peut-être que les histoires de mauvais départ et de systèmes difficiles à contrer ne font pas partie des plus grands problèmes à cerner chez le Canadien.

En ce samedi soir, les buts sont venus des mêmes (Caufield, puis Hoffman, qui jouait très bien avant sa blessure), pendant que ce sont encore les mêmes que l’on attend. Le premier trio a été défait puis refait, mais au bout du compte, des joueurs comme Armia et Dadonov, qui devraient produire plus, sont des boulets.

« Il n’y a pas d’excuses, a dit Kirby Dach. Nous devons être meilleurs que ça, en particulier en début de match, et nous ne l’avons pas été. C’est un match qu’on aurait pu gagner… »

La présence de Martin St-Louis s’est avérée comme un remède depuis qu’il a débarqué ici, mais maintenant, pour la première fois peut-être, on voit des joueurs se tourner vers lui en quête de réponses.

En hausse

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Mike Hoffman

Mike Hoffman

À son premier match de retour au jeu, l’attaquant a repris exactement où il en était, avec un autre but, son sixième de la saison.

En baisse

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Joel Armia

Joel Armia

Il n’a toujours pas marqué depuis le début de la saison, et sa présence dans la formation devient de plus en plus difficile à justifier.

Le chiffre du match

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Arber Xhekaj, devant Blake Lizotte (46)

5

Nombre de tirs du Canadien lors de la première période

Ils ont dit

Ce n’est pas facile de se replacer après avoir commencé un match en retard dans cette ligue-là…

Martin St-Louis

Les Kings ont un club qui est très bien structuré. Leur système de jeu est difficile à percer, surtout en zone neutre. C’est une équipe qui est similaire aux Flames de Calgary : ils sont plus gros, ils sont plus lourds.

Jake Allen

C’est difficile de jouer contre un club comme celui des Kings…

Mike Hoffman

J’ai déjà fait partie d’un club qui jouait un système de jeu similaire à celui des Kings, et je peux vous dire que ça donne des maux de tête aux adversaires…

Chris Wideman

Dans le détail

Moins de stress, plus de fun

Phillip Danault n’en était qu’à sa deuxième visite au Centre Bell depuis qu’il a quitté le Canadien et signé avec les Kings, à l’été 2021. À son premier passage, le 9 novembre 2021, il n’avait inscrit aucun point dans une victoire de 3-2 en prolongation. Samedi, il a obtenu une passe sur le deuxième but des Kings, en plus de diriger trois tirs au filet et de remporter 54 % de ses mises au jeu (14 sur 26). Il est d’ailleurs passé tout près de marquer sur une jolie passe de Trevor Moore dès le début du match. Le Québécois était satisfait de sa performance et de celle de son équipe, après la rencontre. Il jouait d’ailleurs devant sa famille venue de Victoriaville. « C’était quand même solide. Mieux que le match de l’année passée. C’était un peu moins stressant et plus excitant, a-t-il dit. […] J’étais plus fort, je gagnais mes batailles et mes mises au jeu. Ce sont des petits détails. Mes passes étaient meilleures aussi. J’avais juste plus de fun à jouer que la dernière fois. »

Directement du pôle Nord

Le gardien des Kings, Pheonix Copley, a bloqué 20 des 22 tirs du Canadien dans la victoire. Outre la façon dont il écrit son nom, il y a plusieurs faits intéressants au sujet de Copley. D’abord, il est originaire du pôle Nord, en Alaska ; deux cannes de Noël ont d’ailleurs été peintes sur le devant de son casque, en référence à son coin de pays. À 30 ans, Copley a été rappelé de la Ligue américaine le 1er décembre dernier. Son dernier match dans la LNH remontait alors au 8 février, alors qu’il appartenait aux Capitals de Washington. Depuis son rappel, Copley a signé deux victoires en deux matchs. « Il brille, honnêtement, a dit Phillip Danault au sujet du cerbère. Il est solide pour nous. […] Je pense qu’il était solide aussi dans la Ligue américaine. Il méritait amplement sa place. Tu vois qu’il est affamé. Il veut devenir meilleur et faire la différence. C’est ce qu’il fait. »

Des huées

Pour une rare fois cette saison, la foule du Centre Bell a fait sentir son impatience à son équipe. Des huées se sont fait entendre à quelques reprises, notamment en fin de première période, quand les Kings ont eu possession de la rondelle en zone du CH pendant les dernières 2 minutes 30 secondes de l’engagement. « On était contents que la période finisse ! a lancé Martin St-Louis à ce sujet. […] Je ne pense pas qu’on a amené ça en deuxième période. Avec les punitions, c’était dur de se donner une chance. » En effet, après 25 minutes de jeu, le Canadien n’avait dirigé que cinq rondelles au but. Puis, en troisième période, malgré un retard de 2-0, il a pris 11 minutes 41 secondes avant de réussir deux tirs. Des séquences que l’on peut qualifier de peu palpitantes.

Katherine Harvey-Pinard