Les statistiques compilées à l’interne par le Canadien sont un secret bien gardé. Normal, direz-vous, puisque les équipes ne veulent pas publiciser l’évaluation précise qu’elles font de leurs joueurs.

Martin St-Louis, toutefois, a révélé lundi qu’au cours des trois derniers matchs, sa formation s’était classée au cinquième rang dans la ligue pour les chances de marquer de qualité obtenues.

Avançant cette donnée de mémoire, l’entraîneur-chef du Canadien a ajouté que « si ce n’est pas la bonne statistique, je vais blâmer Chris Boucher », clin d’œil au directeur du département d’analyse de statistiques avancées du Tricolore.

Le site gratuit Natural Stat Trick (NST), souvent cité dans les médias, arrive au même calcul pour les chances à cinq contre cinq. Mais derrière ce succès offensif se cache un travers, autrement moins glorieux. Depuis le 15 novembre, soit au cours de la même fenêtre de trois matchs, le Canadien s’est aussi classé au 21rang pour les chances de marquer accordées à cinq contre cinq, selon NST, et au 30e pour les buts accordés.

La mention « à cinq contre cinq » n’est pas anodine, car elle fait abstraction de la prolongation et des unités spéciales. Justement, l’escouade de désavantage numérique montréalaise va bien, ces jours-ci. À forces égales, toutefois, c’est autrement plus compliqué : 12 des 14 derniers buts accordés par le Canadien l’ont été dans ces circonstances.

Jake Allen et Samuel Montembeault n’ont pas été au sommet de leur forme, il est vrai : NST, encore, calcule qu’ils ont accordé 4,6 buts « de trop » par rapport à la qualité des tirs reçus. Moins sévères, les calculs des Evolving Hockey et Money Puck arrivent à 3 et à 4, respectivement. La tendance est néanmoins nette.

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Jake Allen

Loin de blâmer leurs gardiens, au contraire, les joueurs interrogés dans le vestiaire lundi parlaient plutôt d’un problème structurel. Une séance vidéo y avait été consacrée le matin même, ainsi qu’une partie de la séance d’entraînement subséquente.

« Il y a des failles dans notre jeu en unité de cinq, a convenu Brendan Gallagher. On ne se soutient pas bien. On veut jouer agressivement, que nos attaquants soient dans la face des joueurs adverses et que nos défenseurs appuient l’attaque, mais on doit mieux se protéger. Ça donne des surnombres et des échappées, et on place nos gardiens dans des situations difficiles. »

« Décision de groupe »

Le constat est unanime : l’attaque fonctionne, et c’est tant mieux. Toutes situations confondues, les 19 buts marqués au cours des cinq derniers matchs placent le Canadien à égalité au 10échelon du circuit.

« Était-ce au prix d’être moins bon défensivement ? Peut-être », a dit St-Louis.

« Et est-ce qu’on est capables de rester là offensivement tout en resserrant notre jeu défensif ? Oui, je pense qu’on est capables. C’est une décision de groupe », a-t-il ajouté.

D’aucuns s’entendent : c’est la contre-attaque qui fait le plus mal au Tricolore. « Ce n’est pas comme s’ils partaient de leur ligne des buts et nous battaient partout sur la glace », a nuancé St-Louis.

Et de conclure : « On ne gère pas le danger autant que je l’aimerais. »

Jordan Harris se navre, pour sa part, d’un manque de constance. « Certains matchs, nous sommes bien organisés défensivement, a-t-il analysé. De manière générale, on doit resserrer nos replis et mieux gérer la rondelle afin de ne pas donner de surnombres. C’est une longue saison, des fois, tu joues de manière plus relâchée quand tu es fatigué. »

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Elias Pettersson, Jordan Harris et Samuel Montembeault

Nick Suzuki arrive à la même conclusion. « Je pense qu’on était bons défensivement à cinq contre cinq en début de saison, mais on a glissé dans ce département, a-t-il avancé. On doit faire confiance à notre système et ne pas tricher en attaque. On en a justement parlé aujourd’hui. »

Un certain paradoxe réside dans cette affirmation, car les 10 premiers matchs de la campagne ont servi à toutes sortes d’expérimentations sur les trios d’attaquants. Or, les combinaisons ont très peu changé au cours des huit matchs suivants. Davantage de stabilité dans l’effectif aurait-elle contribué à un certain relâchement ?

« Je ne pense pas que la stabilité soit en cause, a rétorqué Suzuki. C’est plutôt un état d’esprit. On doit passer moins de temps dans notre zone. En ce qui concerne mon trio [avec Cole Caufield et Kirby Dach], je prêche que plus on accomplit du bon travail en défense, plus on peut sortir avec la rondelle et générer de l’attaque. Je crois que Martin St-Louis voit les choses comme ça lui aussi. »

Toute l’équipe aura l’occasion de tester ces réflexions contre les Sabres de Buffalo, mardi soir. Même si ces derniers connaissent en ce moment des jours misérables, ils se sont drôlement amusés contre le Canadien la saison dernière en inscrivant 14 buts en 4 matchs.

Armia va mieux, Hoffman dans l’attente

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Mike Hoffman

À l’écart du jeu depuis le 12 novembre en raison d’une blessure au « haut du corps », Joel Armia a, pour la première fois, rejoint ses coéquipiers à l’entraînement lundi matin. Il était toutefois vêtu d’un chandail l’excluant de contacts. L’équipe n’a pas fourni de mise à jour sur sa rééducation. On ne s’attend pas à ce qu’il affronte les Sabres mardi. Mike Hoffman, pour sa part, s’est livré à une évaluation médicale dont les résultats n’ont pas encore été divulgués. L’attaquant s’est blessé au « bas du corps » samedi dernier contre les Flyers de Philadelphie et n’a pas joué en troisième période.