Quand J. T. Miller a signé sa prolongation de contrat de sept ans pour 56 millions, à 29 ans, en septembre, nul besoin d’explications : les Canucks de Vancouver entendaient poursuivre leur ascension vers les sommets après une saison décevante.

On ne donne pas autant d’argent, pour si longtemps, à un joueur de cet âge si on ne veut pas gagner à court et moyen terme.

Malgré l’émergence de leur jeune noyau composé d’Elias Pettersson, Bo Horvat, Quinn Hughes et Brock Boeser, Vancouver a participé une seule fois aux séries éliminatoires lors des sept saisons précédentes.

On aurait pu poursuivre la phase de rajeunissement en échangeant Miller pour des choix et des espoirs plutôt que de le couvrir d’or à un an de son autonomie complète.

Mais Vancouver, à tort ou à raison, se croyait apte à entamer son décollage vers le sommet. Or après six matchs, l’avion est toujours sur le tarmac, et le président Jim Rutherford y est allé de propos déroutants cette semaine.

« Nous ne voulons pas prendre des décisions de panique. Mais ça devient frustrant, et difficile à regarder. Les gens doivent réaliser aussi que les reconstructions sont… les gens peuvent s’imaginer que nous opterons pour la reconstruction avec nos résultats, mais idéalement, nous aimerions procéder à une réinitialisation… »

Les Canucks étaient remplis d’optimisme à l’aube de la saison, après avoir maintenu une fiche de 32-15-10 après l’arrivée de Bruce Boudreau l’hiver dernier. Mais ils connaissent un départ catastrophique. Ils occupent le dernier rang du classement général avec une fiche de 0-4-2. Et ils ont perdu une avance de deux buts lors de leurs quatre premières rencontres.

Ils ont été copieusement hués par leurs fans samedi lors d’une défaite de 5-1 aux mains des Sabres de Buffalo.

Malgré l’arrivée de Rutherford et du directeur général Patrik Allvin l’hiver dernier, la direction ne semble pas plus claire à Vancouver.

Leur prédécesseur, Jim Benning, semblait vouloir d’abord sauver son emploi et il pensait à court terme. L’acquisition d’Oliver Ekman-Larsson et Conor Garland pour des choix de première et deuxième ronde n’a pas donné les résultats escomptés l’an dernier. Le neuvième choix au total obtenu par les Coyotes de l’Arizona dans la transaction a permis à ceux-ci de repêcher Dylan Guenther. Le jeune homme a déjà percé la formation à 19 ans, après une saison de 91 points en 59 matchs à Edmonton dans la Ligue junior de l’Ouest.

Le choix de deuxième ronde a été échangé au Wild pour obtenir Jack McBain, 22 ans, un centre très convoité à la fin de sa carrière à Boston College le printemps dernier. Il occupe le poste de troisième centre en Arizona, sur un trio avec Guenther et Nick Ritchie.

Ekman-Larsson est un défenseur de qualité, mais il a 31 ans, et sous contrat pour cinq ans à 7,2 millions annuellement. C’est trop d’argent pour un défenseur de 29 points l’an dernier. Garland, rayé de la formation la semaine dernière, mais honorable avec une saison de 19 buts et 52 points, a signé un contrat de presque 25 millions pour cinq ans à son arrivée en 2021.

PHOTO DARRYL DYCK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Oliver Ekman-Larsson

Le défenseur Tyler Myers a aussi su profiter de la générosité de Benning en obtenant 30 millions pour cinq ans en 2019. Heureusement, Benning a su larguer les contrats de Jay Beagle, Antoine Roussel et Loui Eriksson dans l’échange d’Ekman-Larsson.

Pour l’heure, Rutherford et Allvin ne sont pas coincés par le plafond. Mais ils sont pris entre deux eaux. La signature à long terme de Miller, 99 points l’an dernier, les positionne mal pour une phase importante de rajeunissement.

Ils doivent aussi régler le sort de leur capitaine Bo Horvat, 28 ans ce printemps, joueur autonome sans compensation à la fin de l’année.

Chez les jeunes, Nils Hoglander, 21 ans, vient d’être renvoyé brièvement dans la Ligue américaine après avoir passé deux saisons complètes dans la LNH. Il a totalisé seulement 18 points en 60 matchs l’an dernier.

Leur choix de première ronde en 2019, Vasili Podkolzin, 10e au total, deux rangs devant Matt Boldy, cinq devant Cole Caufield, connaît une entrée timide dans la LNH. Il a amassé 26 points en 79 rencontres l’an dernier, et compte deux aides en six rencontres cette année. Mais il a seulement 21 ans.

Lundi matin, Boudreau leur avait confié Pettersson au centre dans l’espoir de les lancer.

Bruce Boudreau, à la dernière année de son contrat, pourrait bien payer prochainement pour le mauvais départ du club. Ça serait déjà un premier pas vers une relance…

Connor Bedard n’est plus seul

Connor Bedard semblait l’indiscutable premier choix au total lors du repêchage de 2023, après une saison de 100 points, dont 51 buts, en seulement 62 matchs à Regina, dans la Ligue junior de l’Ouest, à seulement 16 ans.

Mais un autre centre, Adam Fantilli, est en train de réaliser un autre exploit rare : dominer outrageusement à sa première saison dans la NCAA. Fantilli, un Ontarien, a déjà 15 points en seulement 6 matchs avec les Wolverines de l’Université du Michigan, cinq de plus que le second compteur, Matthew Samoskevich, un choix de première ronde des Panthers de la Floride en 2021.

À titre de comparaison, Matt Beniers, deuxième choix au total de la LNH par Seattle en 2021, a amassé 24 points en autant de rencontres à Michigan à sa première saison…

Une différence notable toutefois, Fantilli est un « late », donc né en octobre 2004, tandis que Bedard sera l’un des plus jeunes joueurs admissibles au repêchage, étant né en juillet 2005. Ils ont presque neuf mois de différence. Les recruteurs en tiendront sûrement compte.

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