À force de répéter que le Canadien avait, sur papier du moins, une attaque respectable et une défense misérable, c’est comme si tout le monde s’était convaincu que chaque match se solderait par une marque de 6-5.

La réalité est toutefois assez différente. Malgré les blessures qui affligent ses vétérans et l’inexpérience de ses recrues, la défense, quoiqu’imparfaite, tient le coup. En revanche, à l’autre extrémité de la patinoire, c’est mince. Très mince, même. Cela se traduit non seulement par un maigre nombre de buts marqués, mais également par une déficience à générer de l’attaque.

L’indicateur des buts attendus permet de donner une idée de l’état de santé d’une équipe en attaque ou en défense en évacuant l’impact des gardiens de but. Il s’agit d’une projection mathématique du nombre de buts qui devraient être marqués à la lumière de la qualité et de la provenance des tirs.

Comme cette statistique varie légèrement selon les sites spécialisés consultés, nous avons établi la moyenne entre les mesures d’Evolving Hockey et de Natural Stat Trick. Mentionnons par ailleurs que le petit échantillon de matchs disputés jusqu’ici teinte quelque peu les classements. La tendance générale est néanmoins nette.

Le Canadien se retrouve ainsi au 25rang sur 32 équipes avec 2,24 buts attendus par tranche de 60 minutes de jeu à cinq contre cinq. Sur le plan des chances de marquer de qualité, c’est encore pire : seulement 7,41 par 60 minutes, au 31rang du circuit, selon Natural Stat Trick. À titre de référence, les valeurs médianes dans ces deux catégories, pour la saison 2021-2022, étaient de 2,44 et de 10,81 à travers la LNH.

Lorsqu’interrogés sur des éléments négatifs de leur jeu, certains joueurs tendent naturellement à suggérer des nuances de point de vue. Or, au sujet de l’incapacité du Canadien à générer des chances de qualité, Nick Suzuki et Jonathan Drouin ont tous deux spontanément acquiescé.

« On doit faire de meilleures lectures et contrôler davantage la rondelle », a estimé Suzuki samedi matin, à quelques heures du duel contre les Stars de Dallas.

« Quand on force les jeux en zone neutre, on perd la rondelle », a-t-il poursuivi. De fait, après six rencontres, le Canadien se retrouve au troisième rang dans la ligue pour les revirements.

Drouin, après la rencontre, a pour sa part souligné qu’il manquait « de gars au filet » pour faire dévier les tirs décochés par les défenseurs ou sauter sur des retours. « Il faut créer plus de trafic », a-t-il conclu.

Expérimentés

Le Canadien, pourtant, compte non seulement sur un grand nombre d’attaquants expérimentés, mais aussi sur des éléments qui sont – ou ont été – des contributeurs efficaces dans la LNH.

Sean Monahan, Mike Hoffman, Evgenii Dadonov et Brendan Gallagher sont tous d’ex-marqueurs de 30 buts. Josh Anderson en a déjà inscrit 27, et Drouin a atteint deux fois le plateau des 50 points. Nick Suzuki et Cole Caufield, tous deux au début de la vingtaine, sont déjà la locomotive offensive du club.

Néanmoins, jusqu’ici, la sauce ne prend pas vraiment. Si bien que la recherche de combinaisons efficaces et durables se poursuit. Jake Evans concède que la « chimie » n’a pas encore été trouvée. Selon lui, le retour des blessés Joel Armia et Juraj Slafkovsky dans la formation donnera plus d’options à son entraîneur.

Quand tu n’es pas à ton meilleur, tu dois brasser les choses.

Jake Evans

Un coup d’œil aux principales combinaisons de l’entraîneur-chef Martin St-Louis confirme le succès variable des expériences menées pendant les six premiers matchs du club.

Quatre duos d’attaquants ont jusqu’ici disputé au moins 35 minutes à cinq contre cinq. En valeur absolue, celui de Suzuki et Caufield a généré le plus de buts attendus, mais c’est aussi celui qui a coûté le plus cher défensivement : pour chaque chance de marquer de qualité qu’il a obtenue, l’adversaire en a eu trois. Ça va toutefois bien mieux depuis qu’on lui a adjoint Monahan plutôt qu’Anderson.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Le trio formé par Sean Monahan (91), Cole Caufield (22) et Nick Suzuki (14) célèbre un but marqué contre les Coyotes de l’Arizona, jeudi.

Monahan a résolument un effet positif, car c’est le duo qu’il a formé avec Kirby Dach qui a été le plus prolifique de son équipe. Peut-être pas en résultats concrets (un seul but), mais en matière de possession de rondelle et de chances de marquer, cette alliance a été dominante.

Parmi les trios les plus stables (au moins 28 minutes à cinq contre cinq), celui de Christian Dvorak avec Gallagher et Dadonov a été fiable défensivement, mais a généré peu d’attaque. C’est tout le contraire pour celui de Dach avec Anderson et Drouin. Le quatrième but des Stars, samedi soir, a trahi les lacunes de cette unité dans sa zone.

Avant la rencontre, St-Louis a salué une amélioration sur certains plans, mais a dit s’attendre encore à ce que ses hommes soient plus « sélectifs » dans leur prise de décision afin d’« étirer le temps en zone offensive ».

« La game nous parle tout le temps », a-t-il rappelé. De fait, le Canadien a bien davantage contrôlé le disque lors de ses trois derniers matchs (52,8 % des tentatives de tir) que lors des trois premiers (45,5 %). La même tendance s’est observée sur le plan des buts attendus et des chances de marquer de qualité. Ce sont là autant de pas dans la bonne direction.

Une fois ce dossier réglé, on reparlera de l’avantage numérique, bon 31e de la LNH. On en a encore amplement le temps.

Prochain match : le Canadien affrontera le Wild du Minnesota mardi soir à Montréal.