(Denver) C’est par le repêchage que les équipes se bâtissent, et c’est de là que venaient les piliers des deux équipes du Lightning de Tampa Bay et de l’Avalanche du Colorado en finale de la Coupe Stanley : les Cale Makar, Nathan MacKinnon et Mikko Rantanen d’un côté, les Victor Hedman, Steven Stamkos, Andrei Vasilevskiy et Anthony Cirelli de l’autre.

Mais les nombreuses pièces complémentaires que l’on voit à l’œuvre, ces joueurs de l’ombre qui reçoivent soudainement bien plus d’attention en séries, sont généralement le fruit du travail des recruteurs professionnels. Un travail qui demeure dans l’ombre.

Chez l’Avalanche, l’homme de confiance pour les clubs de l’Ouest, c’est Daniel Laperrière, ancien défenseur des Blues de St. Louis et des Sénateurs d’Ottawa, qui a aussi joué plusieurs années en Allemagne.

Établi à Las Vegas depuis trois ans, le fils de Jacques Laperrière est recruteur professionnel pour l’Avalanche depuis 2011. Il s’occupe donc surtout des clubs de l’Ouest américain, mais est aussi appelé à épier les équipes de l’Est plus tard en saison, quand les recruteurs font du croisement.

« C’est un soulagement ! », a-t-il lancé, rencontré sur la patinoire de l’Amalie Arena pendant les festivités d’après-match, dimanche. « Il y a beaucoup de gens qui mettent beaucoup d’heures en arrière-scène, et tout le monde a poussé à la roue. C’est incroyable comme feeling. »

Des ajouts cruciaux

Le directeur général Joe Sakic a été hyperactif en fin de saison, faisant l’acquisition d’Artturi Lehkonen, Josh Manson, Andrew Cogliano et Nico Sturm dans la dernière semaine avant la date limite des transactions.

PHOTO GEOFF BURKE, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Nico Sturm soulevant la Coupe Stanley

De telles acquisitions sont le produit du travail des deux départements de recrutement. Car pour Lehkonen comme pour Manson, l’Avalanche a sacrifié des espoirs issus du recrutement amateur. Si le Canadien de Montréal ne voit pas de potentiel en Justin Barron, si les Ducks d’Anaheim pensent que Drew Helleson ne percera jamais dans la LNH, ces transactions ne se seraient peut-être jamais matérialisées.

De Montréal, c’est bien sûr Lehkonen qui fait le plus jaser. « Il était sur le radar, haut sur notre liste. On savait qu’il serait sûrement disponible. Au fil de nos discussions, on a poussé pour lui, surtout nos dépisteurs de l’Est. Il a vraiment été bon », détaille Laperrière.

Pour s’offrir Lehkonen, Sakic a toutefois dû piger dans la cour de ses recruteurs amateurs en sacrifiant Barron, choix de 1er tour de l’Avalanche en 2020, tout en donnant aussi au CH un choix de 2tour en 2024.

On a payé un gros prix. Ça va peut-être prendre quelques années avant que Montréal récolte les fruits de la transaction. Mais c’est comme ça. On a appris du Lightning les deux dernières années. Ils ont payé le gros prix.

Daniel Laperrière

« Même Josh Manson, il nous a peut-être fait passer le deuxième tour contre les Blues, un club plus robuste. On avait besoin de ça. »

En séries, Lehkonen a été employé à toutes les sauces, mais souvent dans un rôle offensif. Manson, lui, a joué à merveille son rôle de cinquième défenseur, distribuant de percutantes mises en échec, tout en amassant 8 points en 20 matchs.

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Andrew Cogliano

Sturm et Cogliano ont quant à eux été employés au sein du quatrième trio. Mais dans les entrevues d’après-match, Makar a révélé que Cogliano avait mis du sien dans une rencontre d’équipe la veille du sixième match. Sur le sommaire, on lira donc que l’ancien homme de fer a joué 9 min 34 s dans le match d’élimination, et qu’il a obtenu un tir au but. Mais concrètement, du haut de ses 1140 matchs d’expérience dans la LNH, il a trouvé sa façon d’aider sa nouvelle équipe.

« Je suis content qu’on ait eu des discussions pas mal solides, parce qu’il fallait convaincre Joe que Lehkonen était un gars dont on avait besoin, tout comme Manson. Même Cogliano… il a plus de millage dans le corps, mais il a beaucoup d’expérience en séries. Tous ces ajouts-là ont porté leurs fruits. »